Sébastien Joseph (DFCO) : « J’aurais préféré que la D1 passe à 14, plutôt que de mettre des playoffs »

Alors que la reprise du championnat élite approche à grand pas, Sébastien Joseph nous a confié son sentiment sur la saison à venir lors de la Aiglonnes Cup, avec l'arrivée des playoffs entre autres !

Journaliste - Je pense que vous devez être satisfait de la prestation de votre équipe [contre le LOSC, victoire 2-0], on a vu des choses intéressantes avec une nouvelle joueuse qui s'est intégrée avec vous ?

Oui, ont est satisfait de la performance forcément, qui est faite aujourd'hui, on à été efficace devant, on n'a pas eu pléthore de situations en première mi-temps, donc le 2-0 est bien payé. Et puis solide derrière, on ne concède pas beaucoup d'occasions hormis quelques coups de pied arrêtés, donc cela est positif, c'est ce qu'on leur avait demandé.  

Effectivement l'intégration des nouvelles se passe bien. Il y a encore certains mouvements qu'on doit mieux jouer, on a manqué un peu de justesse technique dans certaines phases de jeu, mais cela reste un bon match de préparation.

"Le maintien a fait beaucoup 

de bien"

Coeurs de Foot - On à senti des joueuses concernées qui ont retrouvé aussi du plaisir à rejouer ensemble, c'était quelque chose qui avait peut-être un peu disparu à Dijon, et là on à le sentiment depuis que vous êtes arrivé depuis la saison dernière avec le maintien, qu'il y a une nouvelle dynamique et un fond de jeu, une identité qui est en train de se créer ?

Avec Sylvain Carric, on essaye de mettre un projet en place, et d'aller chercher des joueuses qui allaient rentrer dans ce projet-la. C'est sûr que le maintien a fait beaucoup de bien. Du moment où il y a des victoires et qu'on marque des buts il y a du plaisir, il y a de la confiance qui s'installe et il y a un groupe, qui vit très bien avec une certaine profondeur aussi de banc, qui nous permet d'avoir de la qualité malgré certaines absences qu'on peut avoir. Ça veut dire que dans le travail au quotidien on peut maintenir aussi une certaine forme d'énergie, d'intensité, d'engagement sur l'entraînement, même si des fois il va nous manquer une ou deux joueuses.

Alors que l'année dernière on était trop juste en effectif, donc on était en permanence en train de dire : "Faut les préserver, faut faire attention, donc on ne fait pas ci, on ne fait pas ça, on met sous cloche [les joueuses]" et au final en fait dans l'entraînement de la semaine tu arrives jamais à mettre l'intensité que tu devrais mettre pour être performant le weekend. L'effectif nous permet cela en tout cas cette année.

Journaliste - On en parlait tout à l'heure entre journalistes. Il y a des joueuses comme Meriame [Terchoun] qui viennent juste de revenir de la Coupe du Monde et on sent déjà qu'il y a...

Elle a du gaz clairement, elle a repris depuis une semaine. C'est vrai qu'elle a vécu une super expérience et elle ramène ça aussi au niveau du groupe donc c'est intéressant. On a eu la chance pour nous, malheureusement la malchance pour elle, qu'elle n'est pas plus jouée non plus à la Coupe du monde, car elle a eu un temps de jeu voilà relatif. Donc c'est vrai qu'elle revient avec une certaine fraîcheur par rapport à certaines qui ont joué tous leurs matches, mais du coup clairement c'est sûr que c'est un plus, quand tout le monde est au niveau. On voit que Chichi [Chengshu Wu] qui vient d'arriver de Chine, que mardi, est déjà présente aussi, donc... Mais le le groupe veut et permet cela, donc c'est une bonne chose pour l'ensemble du club.

Journaliste - Vous avez aussi intégré quelques jeunes joueuses à l'effectif, Lina Gay, et Célia Chabod, ce sont des joueuses sur qui vous pouvez compter sur la saison peut-être?

Clairement. Pour nous ce sont des jeunes sur lesquelles on compte. Ce weekend on les avait laissé à disposition des moins de 19 pour qu'elles puissent aller jouer l'Essone Cup et on commence aussi un peu à progresser au niveau du temps de jeu de certaines, donc on a tout le monde et c'est vrai qu'on fait plus souvent du 45/45 [pour chaque joueuse], mais aujourd'hui Lina et Célia, ce sont des filles sur lesquelles on compte beaucoup, qu'on intègre à la D1 dès qu'elles ne sont pas au pôle, dès qu'on aura la possibilité. Je pense que ce sont des joueuses d'avenir clairement pour le club et en tout cas nous on leur montre la confiance qu'elle mérite.

"On ne veut avoir peur

de personne"

CDF - Justement coach, on a l’impression que vous mettez une pression positive à vos joueuses pour qu’elles répondent au défi physique de la D1 face à n'importe quelle équipe qu'elles rencontreront, même les grosses écuries comme Lyon ou le PSG, et si vous pouvez créer l'exploit ou faire match nul, vous allez tout faire pour y parvenir ?

On s'est aperçu que l'année dernière athlétiquement on a eu beaucoup de mal à répondre effectivement au défi physique, comme vous le disiez à l'instant, ou à l'intensité qui était demandée, donc aujourd'hui dans notre préparation athlétique il y a beaucoup de choses qui sont quand même axées là-dessus. On sait que forcément il y a des écuries qui sont plus fortes que nous, maintenant on ne veut avoir peur de personne et puis on espère par le jeu qu'on va produire et la qualité de nos joueuses, inspirer un peu plus de crainte et pas non plus de se dire : "Tiens Dijon c'est un adversaire facile et sur le calendrier mettre un objectif de trois points [contre nous]".

Aujourd'hui on veut devenir une équipe, qui est crainte, comme Le Havre l'a très bien fait l'année dernière et comme Reims l'était également. Je pense que c'est là-dedans qu'on doit essayer de se situer.

"J’aurais préféré que la D1 passe à 14 plutôt

que de mettre des playoffs"

CDF - Que pensez-vous de la nouvelle formule ? De la D1 avec les playoffs, de la D2 à douze, et du retour de la D3, trouvez-vous que c’est bien pour le foot féminin, que cela progresse ?

La D3 je pense que c'était nécessaire de mettre un step entre la R1 et la D2, je pense que déjà c'est une bonne chose. Le resserrement de la D2 à 12 équipes, je pense que c'était aussi nécessaire et cela va faire évoluer le niveau de la D2, donc forcément les équipes qui vont monter. 

Personnellement moi j'aurais préféré que la D1 passe à 14 plutôt que de mettre des playoffs qui vont concerner que quatre équipes, qui sont en plus souvent les équipes qui sont déjà concernées par la Ligue des Champions, par des parcours assez longs en Coupe de France. Et nous ça engendre - si on ne finit pas dans ces quatre premiers - une trêve qui est assez longue et parfois compliquée à gérer. Donc si on a la chance de finir entre 5 et 8 on se fera nos playoffs à nous pour gérer aussi cette trêve qui derrière est compliquée. 

Après dans la mentalité sportive c'est quelque chose qui n'est pas forcément culturels dans le football en France [les playsoffs], alors que c en n'est pas forcément choquant quand on parle de hockey sur glace, de basket, ou de rugby, donc c'est peut-être quelque chose qui doit faire aussi évoluer [le foot féminin]. Moi la formule playoffs en soit ne me dérange pas, mais qu'elle se limite à quatre équipes je trouve ça un petit peu [dommage]. Effectivement du un au huit [aurait été mieux et], ça aurait pu donner un attrait au championnat, en se disant que même si on est 8e on peut se battre pour aller peut-être chercher la 7e ou la 6e place, car ça nous fait jouer un adversaire différent. Là j'ai peur que rapidement les quatre équipes qui seront concernées, seront connues. Maintenant c'est comme tout, il faut voir, il faut expérimenter, tirer le positif et le négatif.

Journaliste - Pour les équipes qui ne joueront pas les playoffs, ça fera une fin de saison très tôt finalement ?

Oui c'est ce que je disais, ça va faire une trêve... C'est pour cela que ça sera nécessaire aux équipes, qui seront concernées entre la 5e et peut-être la 8/9e d'organiser aussi quelque chose. Après on le sait pertinemment que dans la tête, que lorsque ce n'est pas officiel, il n'y a pas la même intensité ou le même engagement. Il faut voir !

"Pour l'instant l'équipe de France

n'y arrive pas"

CDF - Par rapport à l’équipe de France, j’imagine que vous avez suivi le parcours des Bleues, avez-vous une analyse de cet "échec" encore une fois ? Est-ce que selon vous ça peut présager [tout de même] de bons Jeux Olympiques ?

Encore une fois il faut quand même pas oublier que l'équipe de France avait des absences, je pense quand même importantes malgré tout. Après c'est vrai qu'au vu du parcours on peut toujours se dire ça aurait été bien d'aller chercher cette demi. On voit qu'effectivement pour l'instant l'équipe de France n'y arrive pas.

Hervé [Renard] avait aussi besoin je pense de situer un peu le niveau de la compétition internationale féminine, et toutes ces choses qu'il va appréhender maintenant lui permettront d'être je l'espère encore plus performant l'année prochaine, et avec les JO. On a la chance d'avoir des JO, qui ne sont pas trop trop loin de la Coupe du Monde, donc pour certaines de vivre deux manifestations importantes en France, c'est quand même rare dans une vie.

CDF - La dernière compétition peut-être pour certaines Bleues d'ailleurs ? Wendie Renard, Eugénie Le Sommer, Amandine Henry, Gaetane Thiney...

Exactement. J'espère qu'on pourra passer ce step, et je pense que les joueuses notamment que vous venez de citer, plus d'autres [la gagneront]... Elles auraient mérité dans leur parcours d'aller décrocher une médaille et je pense qu'une médaille olympique, qu'elle soit deuxième ou troisième, alors quand on gagne on préfère gagner une Coupe du Monde (sourire) c'est sûr, maintenant qu'on est 2e ou 3e je pense qu'une médaille olympique elle a encore plus de valeur qu'une troisième place en Coupe du Monde.