Seule entraîneure d'un club de D1 Feminine, Sarah M'Barek nous a donné son ressenti sur le match Metz/Guingamp de ce mercredi. Mais on a aussi évoqué de ce sujet, cette mixité qui fait défaut dans le championnat élite du Football féminin en France. Entrevue.

 

On voit que c'est tout de même une déception ce match nul pour vous ?
Oui oui c'est sûr que si on suit la logique du championnat, on se dit toujours que chez les dernières on doit faire un résultat. Maintenant en regardant un petit peu la physionomie du match, on s'en sort bien, on repart quand même avec un point. C'est notre deuxième match en trois jours, avec un déplacement de plus de 10 heures en car. Voilà les jambes n'étaient pas forcément là aujourd'hui. La réussite non plus, c'est comme ça. Maintenant certes ça reste une déception mais pas une fin en soi. On va continuer à travailler, ça va permettre de remettre certaines choses au clair et y'en a besoin de temps en temps.

Oui vous avez fait un changement en seconde mi-temps avec l'entrée de Lea Le Garrec, ça a un peu débloqué la situation pour Guingamp ?
Oui après Louise a eu du mal à rentrer dans son match, c'était compliqué donc j'ai choisi de la sortir et de faire rentrer Lea. C'était l'option fraîcheur pour la seconde mi-temps parce que je savais qu'on allait en manquer. On ouvre le score et on est un petit peu moins dominé dans le jeu mais c'est vrai qu'elles ont eu plus d'occasions que nous quand même.

On sait qu'aujourd'hui en D1, vous êtes la seule coach femme et on a lu aussi un article de So Foot qui explique que vous voulez qu'il y ait plus de femmes dans ce domaine, qu'il y ait plus d'homogénéité en D1. C'est une belle chose en soi ? 
(sourire) Oui si je peux donner des vocations, ou en tous cas aspirer à motiver certaines filles ou femmes, bien sûr que c'est une belle chose en soi.

Comment on fait alors pour y arriver, à donner cette vocation ? On sait que la FFF a aussi cette volonté de former ces futures coachs. Est-ce qu'il y a un manque de volonté chez les filles ?
Non je pense que ça arrive, faut leur laisser le temps. Y'a peut être eu un creux là, avec une génération où on est peu nombreuses. Même parmi mes joueuses, y'en a pas mal qui entraînent des petites ou l'école de foot et vraiment je pense que d'ici quelques années, y'aura beaucoup de femmes entraîneures, en première division j'espère.

Est-ce que vous ressentez pas cela, le fait que ça soit les femmes qui soient réticentes à cette vocation de voir des coachs féminines à la tête de club ?
Non je pense que de ce côté là, les mentalités ont évolué aussi. En tant que joueuse pareil, j'avais un petit peu d'appréhension à avoir un entraineure femme mais je pense que de ce point de vue là, ça a quand même bien évolué. Après c'est un problème de compétences, de motivation et de formation parce qu'il y a quand même des diplômes à passer. Je pense que c'est faisable quand même [d'être coach pour une femme] avec un bon staff, avec des hommes (sourire). Il suffit d'avoir une certaine complémentarité dans le club, mais c'est possible.

Oui d'ailleurs comme vous le dîtes, vous avez été internationale en équipe de France. C'est un atout pour être entraineure d'une équipe féminine de l'élite selon vous, ça donne une autre vision du football ou ce n'est pas primordial ? 
Non je pense que c'est important bien sûr d'avoir un vécu [en tant que joueuse]. Je m'en sers de temps en temps quand même, pour pouvoir justifier certaines choses, pouvoir communiquer avec les joueuses. (sourire) Maintenant c'est pas la seule chose qui compte. Le vécu d'entraineure il est aussi très important, l'expérience qu'en a emmagasiné à ce poste, c'est sûr que c'est déjà un atout.

En début de saison on vous avez contacté pour parler un peu de votre saison passée, de comment vous voyez cette nouvelle saison. Aujourd'hui vous êtes un peu entrain de mettre un coup de balai à cet exercice et de prendre justement de cette période pour vous renforcer comme vous nous l'aviez dit. Ça vous réussi plutôt bien pour l'instant ? 
Oui tout à fait. C'est vrai que les gens de l’extérieur étaient inquiets par rapport aux nombreux départs. Mais nous on avait préparé et anticipé tout ça donc on était pas forcément soucieux. Maintenant c'est vrai qu'on est content de la manière dont se déroule la saison. On avait pas forcément pensé faire aussi bien. Ça nous donne beaucoup d'envie pour faire encore mieux. Voilà on a préparé les jeunes, on insiste sur la formation et puis on a ramené des joueuses qui pouvaient apporter un plus au groupe. Au niveau de l'état d'esprit jusque là, je pense que ça fait notre force et c'est pour ça qu'on a ces résultats.

 

"c'est tant mieux, ça veut dire que le championnat se renforce"

 

Maintenant quand vous voyez qu'un promu est 4ème, est-ce que ça vous touche votre orgueil, est-ce qu'on se sent pas un peu en retard sur les ambitions ? 
Non ils sont peut-être sur la lancée de la montée. Le plus dur souvent c'est de confirmer, vous savez. Nous on a aussi le cas où on était super bien [2014/2015] et la saison d'après [2015/2016] on jouait le maintien. D'une saison à l'autre, ça va très vite. Maintenant je suis pas surprise non plus de voir Marseille à ce niveau là parce que quand on les a joué même si on gagne 4-0 à la maison, j'avais trouvé l'équipe plutôt solide. Mais c'est tant mieux, ça veut dire que le championnat se renforce et que du coup ça va faire progresser le championnat féminin français. C'est la chose la plus importante (sourire) je pense.

Dernière question, comment vous voyez la suite de votre saison là tout juste un mois après la reprise ?  
Oui on est sur les matchs retours, c'est vrai qu'on va être attendu. Il va falloir prouver et confirmer comme je vous le disais tout à l'heure. Maintenant nous on travaille jour après jour. En gros, la première étape c'est le maintien, puis la deuxième ça sera d'aller chercher la meilleure place possible et surtout de continuer à progresser pour être meilleur d'année en année.

Dounia MESLI