Entrée en matière plus que réussie pour Sandrine Soubeyrand et ses joueuses, qui se sont imposées 4 à 1 sur leur pelouse, face à une combative, mais trop peu inexpérimentée équipe de Guingamp, en pleine en reconstruction, après les départs de cadres de l'équipe. La coach du Paris FC se satisfait pleinement de cette victoire, mais sait que le chemin est encore long pour le podium en fin de saison !

 

Coeurs de Foot - Son ressenti sur la rencontre

Sandrine Soubeyrand - C’est vrai que la victoire est belle, on a marqué 4 buts et ça ne se fait pas si souvent.

Sur l’ensemble du match, la victoire est méritée mais est-ce qu'il y a autant d’écart [de niveau entre les deux équipes], je n’en suis pas sur. A 1-0, c’est regrettable d’avoir pris ce but, mais ça nous a permis de nous remobiliser. C’est fort appréciable de commencer [le championnat] de cette manière, même si on sait que la route va être compliquée, difficile et longue, mais ce qui est pris, n'est plus à prendre.

 

CDF - Sur le but encaissé par le Paris FC, après l'unique relâchement des Parisiennes

S. S.  - C’est vrai qu’il faut qu’on soit plus vigilantes, en plus c'est sur une phase arrêtée. C’est un peu dommage, car c’est sur des choses qu’on a travaillé. On avait bien fini la saison [dernière], on la commence bien et c’est plutôt positif. On sait que ce n’était peut-être pas l’adversaire le plus difficile, mais en tout cas on s’est mis à la hauteur, voir au-dessus de l’adversaire pour pouvoir gagner.

Comme c’est le début de saison, c’est toujours un peu aléatoire parce qu’on n'est pas forcément tous prêts, on n'est pas avec des équipes qui tournent vraiment bien. Ils [Guingamp] ont eu beaucoup de départs, des joueuses qui étaient à des postes-clés. Nous aussi on a eu des départs, on a dû recomposer l’animation offensive. C’est des choses qui prennent du temps, des automatismes, ce n'est pas si simple et sur le premier match de pouvoir être au point tout simplement.

 

"Leur donner un espace où elles peuvent s’exprimer."

 

CDF - Sur les jeunes de l’effectif parisien, qui ont répondu présentes, notamment Louna Ribadeira (passeuse et buteuse), qui a fait un premier match professionnel fracassant

S. S.  - Disons que l’objectif du club est de se renforcer, mais aussi de permettre aux jeunes de progresser et d’apparaître en D1. Je suivais déjà Louna depuis l’an passé, quand elle était en U19, elle était venue faire un match amical.

Depuis 2 ans, on a décidé à chaque préparation de prendre les jeunes. C’est vrai qu’on a laissé partir des joueuses et il y en a eu d’autres qui ont arrêté. Ça lui permet aujourd'hui d’avoir entre guillemets "une place", et avec le retour aussi de Mathilde [Bourdieu] et la blessure d’Ouleye [Sarr], on a 3 joueuses à ce poste-là qui sont intéressantes, qui ont des profils différents, qui pour certaines, sont blessées, reviennent de blessure, elle elle découvre la D1. C'est une joueuse intéressante, qui a un bon potentiel, une capacité à conserver la balle quand on est en position basse et nous permettre de remonter et elle est capable de faire les dernières passes et de finir [devant le but]. Sur une saison, ça va être compliqué, mais en tout cas l’objectif est de la faire apparaître et de les faire apparaître - car elles sont plusieurs - le plus régulièrement possible et de leur donner un espace où elles peuvent s’exprimer.

Il y a des joueuses comme Adja [Binaté] ou Anaëlle [Tchakounté] à fort potentiel, qui sont entrées et auquel j’accorde beaucoup de confiance. Quand elles rentrent sur le terrain, elles sont à la hauteur de ce qu’on leur demande et des attentes et exigences de la D1. Ça ne me pose aucun souci de jouer avec des jeunes.

 

CDF - Sur le manque de réalisme des attaquantes

S. S.  - (sourire) J'aimerai marquer sur chaque action, notamment quand il y a des choses [intéressantes].

C’est tellement difficile de marquer, que quand on est devant le but, on fait une passe à la gardienne, on ne fait pas le bon geste, c'est énervant. Mais je ne vais pas faire la fine bouche, aujourd'hui on a marqué 4 buts et l’an passé, on n'a pas fait beaucoup de matches où on en a marqué autant (rires).

 

"Une fille n’est pas un garçon, il va y avoir des

différences sur le plan athlétique"

 

CDF - Le réalisme devant le but, qui fait encore défaut dans le foot féminin. Est-ce qu'on entraîne les filles comme les garçons, qui ont l'air d'avoir plus d'aisance sur cet aspect ?

S. S.  - Disons que effectivement, ce qu'on propose est à l’identique des garçons, mais la psychologie est peut-être différente. Une fille n’est pas un garçon, il va y avoir des différences sur le plan athlétique, donc forcément on s’adapte et il y a des spécificités.

En terme de football en soi, c’est plus le management qui se fait différemment. Après je pense que si j’avais des garçons, j’aurai à peu près la même pédagogie et le même management. Il faut savoir être juste pour les faire progresser, avoir la volonté de les accompagner avec de l'empathie et de la bienveillance. Si on crie ou qu’on s’énerve, c’est parce qu’on attend beaucoup plus [de nos joueuses] et qu'on est exigeant. Après il faut que ça se traduise de manière respectueuse.

Dounia MESLI & Erradi Karim