C'était un moment riche en émotions hier à Bondoufle, puisque c'était le dernier match de Sandrine Dusang avec le FCF Juvisy. Une rencontre qui a clôturé la saison du club essonnien sur une bonne note, avec la victoire 2-1 contre Marseille. Une dernière confrontation également face à Sandrine Bretigny, qui avait annoncé le jour même prendre sa retraite elle aussi. Comme un clin d'oeil à son amie, puisque les deux joueuses avaient évolué ensemble à Lyon, Juvisy et en équipe de France A. Elles ont donc décidé de mettre un terme à leur carrière ensemble, ce jeudi 25 mai 2017.

 

Coeurs de Foot - Une journée spéciale pour toi ?

Sandrine Dusang - Ah clairement, c'est une journée très spéciale. Il fallait prendre un maximum de plaisir, de sourire, de m'occuper des gens qui m'entourent, de mes coéquipières et du foot. En plus, il y a la victoire au bout, on prend notre revanche contre Marseille donc c'est une belle journée. C'était aussi la dernière de Sandrine Brétigny qui est une amie de très longue date avec laquelle j'ai vécu beaucoup de choses.

Coeurs de Foot - Quel bilan tires-tu de ta carrière ?

S.B. - Je pense que je peux être satisfaite de ma carrière. J'ai eu le bonheur et le plaisir de jouer en Équipe de France, de passer par Clairefontaine, de jouer à l'OL pendant neuf saisons, de décrocher des tas de titres (Championnat, Coupe de France, Ligue des Champions). Franchement, en regardant la carrière qui s'est écoulée, je suis satisfaite. Le foot apporte quelque chose de dingue. Même en arrêtant de jouer, la passion sera toujours là et je continuerai de suivre ça de très près. Je suis vraiment ravie d'avoir pu vivre ce genre de choses, quel que soit le club où je suis passée.


Coeurs de Foot - Comment tu la vois cette dernière saison à Juvisy ?

S.B. - On ne peut pas se le cacher, ça n'a pas été une bonne saison pour Juvisy. On a pas réussi à faire ce qu'on voulait. Je pense que c'est le plus mauvais classement de l'équipe à ce jour. C'était une saison très compliquée, mais on a les armes en terme d'individualité. Il a manqué quelque chose au niveau du collectif, on a eu du mal à se trouver. Au regard des performances, on pouvait pas espérer mieux cette année. Ca fait mal de laisser filer les premières places. En tout cas, j'espère que Juvisy va repartir sur une nouvelle dynamique, réussir à se relancer et revenir titiller les grosses écuries.
J'avais pris la décision d'arrêter sans être au courant de la fusion. Clairement, c'est une page historique du club. Ca va être quelque chose de nouveau, ça va apporter de la fraîcheur. Le Paris FC va sans doute amener du sang frais aussi, quelque chose de nouveau et peut-être une autre structuration. Ca apportera un plus à Juvisy. Espérons que ce nouveau challenge permettra au club de revenir sur le devant de la scène.

Oui je pense. Juvisy a toujours fait en sorte d'évoluer, de progresser de saison en saison. Le club a fait sont maximum au niveau des infrastructures. Je pense que c'était nécessaire de trouver un club masculin qui puisse apporter des choses nouvelles au niveau de l'encadrement, des enceintes mais aussi financièrement. Je pense que c'était inévitable pour Juvisy, d'autant plus que certains clubs continuent d'évoluer. Le but est de tirer tout le monde vers le haut et ce projet était pour répondre à ça.

Coeurs de Foot - Comment était la confrontation face à Sandrine Brétigny dans ce match ?

S.B. - C'était quelque chose qui n'était pas programmé. J'ai su que Bret allait prendre sa retraite il y a 2 jours seulement. On a partagé tellement de choses, que ce soit dans la vie sportive mais aussi dans la vie personnelle. Au final, c'est plus qu'une amie et honnêtement, c'est presque ma deuxième soeur et de pouvoir faire ça avec elle, c'est quelque chose de très spécial.

Si j'avais pu choisir, je pense que j'aurais même demandé à terminer ma carrière avec elle mais j'ai pas osé (sourire). Au final, le hasard fait bien les choses.


Coeurs de Foot - Dans ce match, on a eu l'impression que Marseille aurait pu reprendre l'avantage. Comment avez-vous fait pour vous remobiliser ?

S.B. - Avec une équipe comme Marseille, on peut se faire avoir. Elles ont tendance à beaucoup défendre, de laisser venir et effectivement il y a eu quelques occasions un peu chaudes, notamment après l'égalisation parce qu'on sentait qu'elles allaient en mettre un 2ème. Mais chacune avait envie de bien faire aujourd'hui et il était hors de question qu'on baisse les bras, pour bien finir la saison. Sans vouloir être égoïste, je pense que les filles ont pensé à moi. Mais bon, on avait les ressources pour marquer un second but et que la victoire revienne à nous.

Coeurs de Foot - Les deux buts de la rencontre ont été marqués par des jeunes. Est-ce l'arrivée d'un nouveau cycle ? Est-ce que vous leur donnez quelques conseils ?

S.B. - C'est inévitable, la roue tourne. Si il y a des joueuses comme moi ou Sandrine Brétigny qui partent, c'est forcément qu'il y a des jeunes qui arrivent derrière. Sinon, j'aurais encore traîné en me disant que je serais tout le temps en galère, mais là ce n'est pas le cas. On voit qu'il y a des joueuses intéressantes. Je suis très contente de m'être entraînée avec des filles comme ça et mine de rien, ça m'a appris de leur apprendre. C'est super enrichissant quand on voit des filles comme Aïssatou Tounkara, Théa Gréboval...

Coeurs de Foot - Tu as failli marquer un but aujourd'hui. C'était ton objectif, j'ai vu que Julie Soyer t'avais un peu enivré à ce sujet (une bicyclette) ?

S.B. - Ca aurait été un beau cadeau mais j'étais pas si près que ça. Ce n'était pas vraiment mon rôle. Mais pour en revenir aux jeunes, Juvisy est bien loti sur ce côté la. Les défenseures sont avec qui j'échange le plus, puisque c'est mon poste. Si ces filles continuent de bien bosser, elles auront beaucoup de potentiel dans les saisons à venir.

Coeurs de Foot - Est-ce que le club va rester à Bondoufle la saison prochaine, avec la fusion qui arrive avec le Paris FC ?
Finalement, le stade de Bondoufle est sympa. Mais ce n'est pas un stade adapté au football, tout comme celui de Charléty. J'ai toujours un peu de mal avec les stades qui ont une piste d'athlétisme, je trouve que ça enlève pas mal de proximité [avec les supporters]. Si on pouvait avoir un stade rien que pour nous, ce serait mieux. J'y aurai pas le droit mais ce serait top pour les filles et c'est par là que passera le développement du football féminin. C'est des détails mais je pense que cela fonctionnera.

 

Photo : Nelson Fatagraf

. La rédaction