Avant d'arriver en équipe de France, Sandie Toletti, a brillé dans les équipes de jeunes remportant plusieurs titres et distinctions personnelles en sélection. A 21, elle joue désormais un rôle important au milieu de terrain en club et s'installe petit à petit avec les Bleues, avec qui elle a réalisé de bonnes prestations face à l'Albanie et l'Angleterre.
Coeurs de Foot : Vous faites partie des jeunes de l'équipe de France. Pour vous, arriver en équipe de France, est-ce que vous vivez ça comme une suite logique, ou vous avez l'impression d'avoir passé un palier ?
Sandie Toletti – Je pense que toutes les joueuses, quand on est chez les jeunes, on veut arriver jusqu'aux A. On a été un peu un groupe avec Griedge [Mbock], avec Kadi [diatou Diani], qui sont montées et puis il y a beaucoup de filles qui sont arrivées aussi : Aissatou [Tounkara], Eve [Perisset], Claire [Lavogez]... Il y a beaucoup plus de jeunes, c'est bien pour nous, pour les jeunes d'intégrer cette équipe de France, parce que c'est bien d'être avec les plus capées, elles ont beaucoup d'expérience et justement elles nous font beaucoup progresser.
CDF – Dans cet apprentissage, est-ce qu'il a des joueuses ici à Clairefontaine ou avec Montpellier, qui vous ont aidé à mieux appréhender l'équipe de France, le maillot bleu ?
S.T – Oui, Camille Abily et Élise Bussaglia, elles me parlent beaucoup, après c'est mon poste aussi. Elles me parlent beaucoup que ça soit sur le terrain ou en dehors donc c'est vraiment bien pour nous, pour s'intégrer.
« J'aime bien toucher beaucoup de ballons »
CDF – Justement vous avez dit qu'Elise et Camille étaient des joueuses que vous voyiez un peu comme des modèles. Est-ce que ça pourrait avoir une incidence sur votre poste sur le terrain ? Camille est plus haut, vous jouez plutôt comme récupératrice. Donc, est-ce que arriver en A, continuer à progresser, ça peut aussi faire évoluer votre positionnement sur le terrain ?
S.T – A Montpellier ou là en équipe de France, on me fait jouer en sentinelle ou en 8 et ça me dérange pas. Après, justement elles sont là pour me parler, pour me dire où me placer donc c'est pareil.
CDF – Et vous, justement dans ce travail, on sait très bien que les positions ne sont pas figées. On peut être plus reculé et participer au jeu. Entre la récupération, l'orientation du jeu, la création... Qu'est-ce qui vous plaît le plus ?
S.T – Ça dépend du système de jeu, après j'aime bien toucher beaucoup de ballons. Ça dépend, quand on est en deux 6, en sentinelle... Après ça me dérange pas le positionnement sur le terrain.
CDF – Vous aviez dit un jour qu'à titre personnel, une passe décisive c'était aussi fort que de marquer un but. Est-ce que le fait de devenir une joueuse qui arrive à distribuer les bonnes passes, trouver les bons décalages, c'est un peu ça votre idée en étant chez les Bleues ?
S.T – Oui après quand j'étais chez les jeunes, tout le monde me disait « mais frappe, frappe plus au but ! » et j'ai toujours dit que pour moi une passe décisive c'est presque aussi beau qu'un but. Après un but ça reste un but, c'est ce qu'on voit après [dans] les résultats. Mais pour moi la passe décisive ça restera quand même aussi bien qu'un but.
« C'était dur mais c'était une belle aventure »
CDF – Dans votre apprentissage au sein de l'équipe de France, vous vous êtes retrouvée dans le groupe pour la Coupe du Monde 2015 et les Jeux Olympiques, mais en tant que réserviste. On ne se rend pas compte de la place, du rôle des réservistes. Comment ça s'est passé ?
S.T – Déjà, je ne devais pas partir [Sandie a été appelée en réserviste après la blessure de Laura Georges, juste avant les JO]. J'avais vécu quand même un beau stage à Ploufragan avec toutes les filles et c'était vraiment bien d'y avoir participé, après je les ais rejoints ici à Clairefontaine. C'est vrai qu'on avait un rôle différent par rapport aux autres [joueuses] mais justement on était là pour les filles.
Il fallait les encourager tout le temps, que ça soit à la mi-temps ou en redescendant dans les vestiaires, on leur parlait. C'était ce rôle d'être en plus, de les encourager, d'être là, proche d'elles, de voir que même si c'était dur pour nous de pas jouer, qu'on était là pour elles et qu'on ferait tout pour elles.
CDF – Vous dîtes que c'est "dur de pas jouer", mais ça reste positif d'être dans le groupe ?
S.T – Oui, après l'année que j'ai vécu... ça a été vraiment difficile et d'avoir participé aux J.O, ça reste quelque chose de beau, même si c'était en tant que réserviste. C'était dur mais c'était une belle aventure malgré le résultat quand même...
CDF – Justement par rapport à vos blessures, vous avez eu une saison l'année dernière avec pas mal de blessure, notamment la dernière face à Lyon qui a joué sur votre place en équipe de France. Est-ce que ça fait partie de l'apprentissage du haut niveau de passer à travers ses blessures ?
S.T – Oui je pense que ça m'a fait beaucoup de bien mentalement. Quand j'étais chez les jeunes, je pense que j'avais pas beaucoup de mental et d'avoir passé comme ça, une année compliquée avec les blessures, je me suis posée beaucoup de questions et justement je pense que ça m'a endurci et ça m'a fait encore plus travailler physiquement. Ça m'a fait du bien.
CDF – Quand vous dîtes que vous n'aviez pas beaucoup de "mental", qu'est-ce que ça veut dire ? Par exemple, quand vous perdiez un match, vous aviez tendance à lâcher plus vite ?
S.T – Oui voilà, c'était, dès que je perdais un ballon, j'allais me poser beaucoup de questions ou des trucs comme ça. Maintenant j'ai plus de recul et j'ai mieux travaillé.
« Je suis de tout cœur avec elles »
CDF – Actuellement il y a la Coupe du Monde U20, vous avez quatre coéquipières qui sont en Papouasie. Est-ce que vous arrivez à suivre la compétition ? avec des matches tôt le matin...
S.T – Oui, c'est tôt, j'ai pas pu trop les regarder parce qu'après je partais à l’entraînement aussi. Donc j'ai pas pu les regarder mais j'espère qu'on pourra regarder celui de vendredi. Voilà, je suis de tout cœur avec elles et j'espère qu'elles vont gagner ce match contre l'Allemagne vendredi et aller le plus loin possible.
CDF – Parce que l'Allemagne, c'est pas un bon souvenir pour vous [défaite 2-1 en demi-finale de la Coupe du Monde U20 en 2014]...
S.T – Ouais... (sourire), je parlais avec des filles de l'Allemagne quand on s'était rencontrées dans des compétitions d'avant et elles m'ont dit : « encore Allemagne/France, Allemagne/France, c'est tout le temps l'Allemagne ! ». Donc j'espère qu'elles vont les gagner.
CDF – Vous savez où vous serez au moment du match vendredi?
S.T – Je sais pas, je pense qu'on va être dans le bus pour aller au Mans.
Et vous pensez que vous pourrez le regarder ?
S.T – Oui, on pourra regarder sur nos portables, je pense
« On veut bien finir l'année »
CDF – Par rapport au tournoi qui arrive, l'Euro 2017, vous avez suivi le tirage au sort de près. La Suisse, l'Autriche, l'Islande ce ne sont pas des pays très connues d'un point de vue français. Qu'est-ce que vous pensez de ce tirage et de l'Euro qui arrive ?
S.T – Je pense que ça va être difficile déjà pour rentrer dans cette compétition. Je pense que [face à] n'importe quelle équipe ça va être difficile. C'est à nous de tout faire pour gagner tous les matchs, sortir de la poule et essayer d'aller le plus loin possible.
CDF – Juste avant, il y a ce match amical contre l'Espagne, une équipe que vous connaissez un peu mieux avec notamment votre coéquipière à Montpellier, Virginia Torrecilla...
S.T – Oui, justement l'Espagne est une équipe qui progresse et qui monte en Europe. Mais je pense que voilà on veut bien finir l'année et essayer de gagner ce match, justement. On va tout faire pour essayer de les battre.
Dounia Mesli & Hichem Djemai