Tout juste après la finale de Coupe de France perdue 3-1 face à Lyon, la coach du LOSC Rachel Saidi a réagi sur la prestation de son équipe et ce dernier espoir de terminer la saison sur une bonne note, puisque le club nordiste était relégué en D2 depuis samedi dernier. L'ancienne joueuse du club a tenu à souligner le comportement irréprochable de ses joueuses, qui ont tout donné sur cette finale inédite pour le club.
Malgré la défaite, j'imagine que vous êtes très satisfaite de votre équipe, qui a livré un très bon match, notamment sur le plan défensif face aux Lyonnaises ?
Oui, tout à fait. On ne peut pas se contenter d'une défaite pour être satisfait. On savait que l'objectif, c'était de rendre une copie très intéressante. Face à l'ogre lyonnais, on a souhaité être le plus discipliné défensivement pour retarder l'échéance du premier but, c'était l'un des objectifs prioritaires. Je ne peux pas être entièrement satisfaite parce qu'on sort de là sans trophée, mais je suis très fière et j'aimerais féliciter l'ensemble des joueuses parce qu'en terme de comportement, d'attitude et d'état d'esprit, la copie qu'on attendait d'elles.
Est-ce que vous y avez cru à la victoire surtout en deuxième période ?
Oui tout à fait. Quand on a commencé à voir qu'elles se relâchaient, à être moins crispées, à arrêter de faire les mauvais choix dans les ballons, je me suis dit : "OK ! Peut-être qu'on est en train de retrouver ce groupe qui est doté de qualités". On encaisse ce premier but qui - pour moi - est un peu sévère parce que l'action d'avant, Julie Dufour se fait accrocher, elle tombe pas et l'arbitre décide de ne pas siffler. Derrière, on provoque un coup franc qui est méritée. C'est toujours des scénarios un peu particulier, mais on y a vraiment cru jusqu'au bout. Quand on a réussi à revenir à 2-1, on s'est dit qu'il est encore possible de les gêner jusqu'au bout. Lyon reste une grosse équipe et c'est toujours des résultats assez compliqués à devoir gérer lorsque vous jouez contre ce type d'équipe-là.
Est-ce qu'il n'y a pas ce regret de ne pas avoir cherché à jouer plus ?
Déçue, non. Je l'ai dit, les consignes qu'on a mis en place était surtout d'être disciplinés sur l'animation défensive et être capables de conserver proprement et collectivement ce ballon pour arrêter de passer notre temps à courir après lui. Face à ces équipes-là, c'est toujours cette difficulté qu'on rencontre. Vous dépensez tellement d'énergie à devoir le récupérer et au final, quand vous le récupérez, vous faites des choix moins lucides, vous êtes moins propres dans les relations et vous avez tendance [au fur et à mesure du match] à commencer à baisser la tête, à mettre du temps à vous replacer. C'est pas cette attitude là qu'on a observé malgré la possession de balle chez les Lyonnaises.
Est-ce que ce match vous donne des regrets par rapport à votre saison ?
Des regrets ? Certainement, j'ai entendu des gens nous dire qu'on ne méritait pas cette descente en D2 pour la saison prochaine. Bien sûr que des regrets, on en a mais c'est la globalité de la saison qui nous a poussés à descendre. Mêmes si on y a cru jusqu'au bout avec ce groupe depuis le mois de février. On a réalisé de belles choses mais ce n'est pas suffisant et une saison, c'est très long. On a joué la moitié de la saison et malheureusement, on se retrouve condamnés officiellement, il n'y a plus de possibilité de finir sur une note positive comme on arrête pas de le dire. Des regrets, on en a mais j'espère que ça permettra au club de donner un élan et de se dynamiser, de se développer encore mieux que ce qu'on a fait depuis 4 ans pour pouvoir se maintenir au plus haut niveau et arrêter d'être condamnés ou alors, sur la sellette jusqu'à la fin de saison.
CDF - Qu'est-ce qui explique ce résultat ? Un manque de constance physique ou un manque de concentration ?
[Le premier but] Un peu frustrant mais c'est l'accumulation de beaucoup d'efforts en première mi-temps. Énormément d'efforts parce qu'on avait tendance à avoir le ballon qui nous brûle les pieds, on avait tendance à le rendre vite dès la récupération et c'est ce qu'on leur a dit à la mi-temps. Après, on a rencontré d'autres difficultés avec des joueuses qui étaient entre les lignes comme Le Sommer, Henry, Marozsán parfois. Mais vous savez, 95 minutes face à ce genre d'équipes, ça vous paraît trois fois plus et je pense qu'on a commencé à piquer un peu du nez au fur et à mesure de la seconde période même si quand vous êtes coach, vous avez tout intérêt de faire prendre conscience aux joueuses que dès la reprise, il faut vite se concentrer par rapport aux consignes demandées au départ et évoluer en fonction de la mi-temps. Lina Boussaha, très jeune espoir de notre équipe, nous faisait constat - à la fin du match - que les dix premières minutes était primordiales pour le scénario de fin. Je reviens sur ce fait de jeu où Julie Dufour se fait accrocher où on siffle pas. Ça a été le cas à Montpellier samedi passé mais je ne suis pas en train d'incriminer les arbitres, loin de là. Ça enchaîne sur une situation qui finit en coup-franc et on prend ce but-là. On est en fin de saison, les joueuses sont épuisées mentalement, la saison a été très très lourde mentalement, moi la première. C'est une période assez lourde parce que vous vivez différents types de scénario, différentes types d'émotions. De la joie au stress final parce que ça fait 0-0 encore à Soyaux et on est à la 93e minute, vous savez que ce match est important de le gagner. Je vais revenir un peu par rapport à la finale mais pour expliquer le fait que les joueuses ont démarré ce match en ayant déjà puisé dans leur réserve mentale et physique.
Est-ce que vous vous projetez déjà dans la saison à venir ?
La saison prochaine arrive à grands pas même si on termine plus tôt la saison que les années précédentes. Ça va nous permettre de se projeter sur le budget, la direction se réunit prochainement sur ce point-là. Nous [le staff] de notre côté, on va essayer de construire un groupe. Pas un nouveau groupe mais un groupe avec des filles qui vont rester pour ce projet et surtout, ne pas remonter en D1 avec une équipe fébrile, qui risque de redescendre rapidement. L'objectif est de bâtir, de construire pour qu'on puisse se maintenir dans le top 5 à l'avenir. On verra ce qu'il en est d'ici les prochains jours mais nous de notre côté, on s'y est déjà penché [même avant la finale] pour qu'on puisse repartir de plus belle.
CDF - On peut dire que ce soir c'était David contre Goliath. Est-ce qu'il y a un sentiment de fierté d'avoir joué cette finale avec des joueuses comme Julie Dufour, Lina Boussaha ? On a l'impression que Julie Dufour a cette expérience, cette fougue qu'elle n'a rien à envier à aucune joueuse à seulement 18 ans quand même.
Bien sûr. C'est des jeunes espoirs qu'on souhaite garder au club parce que c'est des filles qui, dans l'état d'esprit, travaillent au quotidien et en plus de ça, sont dotées de qualités individuelles indéniables pour leur jeune âge. C'est pas les seules, vous verrez que la saison prochaine qu'on a d'autres 2001-2002 qui ont du talent. La politique du LOSC depuis 4 ans c'est de mettre tous les moyens dans sa formation parce qu'on a pas le budget pour aller chercher de grosses étrangères comme Ada Hegerberg. A contrario, mettre tous les moyens nécessaires permettre à la formation (et à la pré-formation) de pouvoir évoluer dans de meilleures conditions et alimenter l'équipe première. Julie Dufour, Maïté Boucly, c'est des produits lillois entre guillemets. L'objectif pour la suite est de pouvoir montrer ces jeunes talents qu'il y a au LOSC.