En dépit de la défaite 2-1 face à Dijon, Rachel Saidi reste satisfaite de son équipe. La coach de 33 ans a mis l'accent sur le réalisme et le mental, qui peuvent être les clés pour permettre au LOSC de remonter dans l'élite.

 

Coeurs de Foot - Rachel c'était un match compliqué face à une équipe de D1, je pense que tu t'attendais à avoir beaucoup d'intensité en face ?

Rachel Saidi - Écoutes oui, on s'attendait à un match compliqué. On joue une équipe de division supérieure, donc on sait que c'est toujours délicat de rencontrer des équipes de D1, notamment en période de préparation. 

Je suis satisfaite, malgré tout, du contenu de la première mi-temps notamment. On a eu de la maîtrise dans le jeu, on a mis 10 minutes à rentrer dans le match certes, mais on a réussi à mettre en place ce qu'on leur présente depuis 2 ans et demi pour certaines et depuis le 19 juillet pour les nouvelles. J'ai bien aimé l'état d'esprit du groupe, j'ai bien aimé le contenu proposé dans les intentions de jeu. On voit la différence entre Dijon et nous, en terme d'efficacité il n'y a pas besoin d'avoir 4 occasions pour Dijon [pour marquer]. Au bout de la première, c'est du 100% de réussite. Voilà où l'on se situe actuellement par rapport à Dijon, c'est que le haut-niveau nous oblige à être efficace dès les premiers instants.

 

CDF - C'est vrai que le match nul n'est pas passé loin quand même, notamment en fin de match ?

R. S. - Oui c'est vrai ! On a eu la possibilité de revenir au score sur certaines situations. Maintenant le fait de prendre le premier but juste avant la mi-temps, a mis un coup au moral à certaines joueuses. 

Mais malgré le score, on est encore en période de préparation, on est encore en train de faire des essais. Ce qui m'importe, c'est l'état d'esprit du groupe et les intentions de jeu qu'on essaie de mettre en place depuis quelques temps. Malgré la défaite, on reste compétitrices bien entendu (sourire) et on souhaite gagner l'ensemble des matches amicaux. Pour autant le contenu reste satisfaisant.

 

"On arrive à créer des affinités techniques sur le terrain"

 

Footofeminin - Sur l'effectif actuel, et le peu de changements, qui permet de travailler différemment

R. S. - Oui exactement, on a décidé de repartir avec un groupe similaire quasiment. On a eu un départ majeur, avec Maud Coutereels, et on a essayé de combler ça avec certaines arrivées, notamment chez les jeunes, des joueuses qu'on a formé à Lille. On a doublé le poste de la gardienne, ce qui nous a manqué les années précédentes. 

Maintenant la chance de repartir avec un groupe renouvelé à 85% a fait que tout le monde se connait, que ce soit le staff ou les joueuses, et elles se connaissent par cœur. Donc on arrive à créer des affinités techniques sur le terrain et c'est vraiment une grosse force. Ca nous permet d'avoir un temps d'avance sur le projet de jeu et de ne pas repartir de zéro tous les ans.

 

"Je ne suis pas de ceux qui sont en colère d'être dans ce groupe"

 

L'Equipière - Sur le choix des matches amicaux, qui permettent de se jauger pour la montée en D1

R. S. - Exactement. On a fait le choix de rencontrer deux équipes de D1 qui sont Dijon et le Paris FC sur le cours de la préparation. Uniquement pour permettre aux joueuses d'avoir un regard sur la pratique du haut niveau, car quand on voit la qualité du groupe A [de D2], on se dit que forcément ça va être une année très riche et très dure, mais pour tout le monde et quelque part c'est excitant de se retrouver dans ce groupe là. 

Je ne suis pas de ceux qui sont en colère d'être dans ce groupe et l'équipe qui va réussir à finir vainqueur de ce groupe aura du mérite d'accéder à la D1. Le fait de rencontrer des clubs de D1 nous oblige à mettre une intensité supplémentaire par rapport à ce qu'on vit en D2, à mettre un degré d'agressivité beaucoup plus élevé et avoir une capacité à analyser et à anticiper les différentes situations de jeu plus rapidement. Les rencontres vont nous permettre de nous aguerrir et de nous préparer au mieux pour le championnat.

 

Coeurs de Foot - Comment on peut expliquer les occasions ratées et le manque de précision devant le but sur ce match ?

R. S. - Je pense qu'il y a eu une débauche d'énergie sur les premiers instants des animations offensives qu'on essaie de mettre en place. On leur demande d'être vraiment exigeante sur notre capacité à animer comme on le souhaiterait le jeu offensif et je pense qu'il y a une telle concentration et une telle volonté de mettre en application ce qui est demandé, que peut-être sur ce match on a un peu délaissé la finalité, c'est à dire les occasions et cette capacité à arriver en nombre dans la surface pour créer et perturber l'adversaire défensivement. 

C'est de ma faute parce que j'ai orienté le discours sur la préparation et comment les organiser de façon à avoir l'emprise et de la maîtrise dans le jeu. Maintenant il nous reste encore quelques semaines de travail, donc on a encore le temps de peaufiner la suite. 

Au vu de l'adversaire même s'il a fait des rotations comme nous, on s'est tout de même créés des d'occasions que nous n'avons pas finalisé malheureusement. 

 

"Avoir le niveau technique et cette capacité à gérer ses émotions"

 

L'Equipière - Sur la sérénité du LOSC, qui peut permettre de se détacher dans le groupe A

R. S. - Exactement ! Je préconise et j'oblige les joueuses à prendre du plaisir. En tant que joueuse, prendre du plaisir c'est toucher un maximum de fois le ballon et pour ça, il faut être capable d'avoir le niveau technique et cette capacité à gérer ses émotions. Peu importe les situations de crise, les situations de supériorité numérique ou autre. Peu importe la zone ou le poste dans lesquels on évolue, je demande la même exigence technique à une latérale droite ou à une attaquante du côté opposé etc 

On travaille aussi à l'entraînement sur des scénarios, pour pousser les joueuses à avoir cette faculté à gérer leurs émotions et malgré le fait que l'adversaire puisse venir nous cadrer, ou nous mettre sous pression. On va certainement vivre des matches à enjeu et des matches où ça va être difficile de se canaliser et c'est ce qui s'est produit lors de notre match contre St Malo l'année passée. On mène d'un but, on crée une faute à la 93ème minute parce que j'ai une joueuse qui est fatiguée et qui n'est plus lucide. Dernier coup franc de la rencontre, j'ai dit aux joueuses d'être concentrées jusqu'au bout et on est tellement dans la peur, dans le stress, qu'on oublie le marquage au deuxième poteau et St Malo égalise. On finit la rencontre à 3-3 et on perd 2 points bêtement sur cette incapacité à gérer ses émotions en fin de match. Cette année, la clé va être dans ce domaine là ! 

 

CDF - Sur la buteuse du match côté LOSC, Maïté Boucly (19 ans), qui est entrée en fin de match

R. S. - 2 matches, 2 buts (sourire). Elle fait partie des joueuses les plus efficaces sur ce début de saison et c'est une joueuse qu'on connaît depuis longtemps puisque c'est une joueuse qui est formée à Lille. Très à l'écoute, très investie dans la vie du club et dans le travail demandé. C'est une joueuse qui a une grosse qualité technique, de par son âge et un pied gauche de très haute qualité. 

C'est une joueuse qui a connu la D1 malgré son jeune âge, et qui a été décisive sur certains matches notamment avec sa frappe des 35 mètres face au Paris FC. C'est une de nos armes offensives, qui est capable aussi de s'adapter aux différentes animations qu'on met en place et qui est surtout à l'écoute de ce qu'on demande. C'est une gamine avec qui je prends plaisir à travailler !

 

Photo : Capture tirée du compte Twitter du LOSC

Dounia MESLI & Karim Erradi