Tout juste après LOSC/Metz (2-1), nous avons retrouvé Rachel Saidi, une coach lilloise forcément ravie de l'issue du match, qui avait un tant soit peu échappé à son équipe.

 

 

CDF - Ta réaction sur ce match ? L'égalisation a dû vous faire peur ?

Rachel Saidi - Oui, tout à fait. On est passées de cette joie, cette excitation de récupérer trois points, à la déception [lors de l'égalisation]. Pas de la tristesse mais de la frustration parce qu'on leur a dit à la mi-temps d'arrêter de faire des fautes dans ces zones de vérité, parce qu'elles étaient dangereuses sur les coups de pieds arrêtés. On concède une faute et ça finit au but [pour Metz]. On est passées par toutes les émotions, comme à Guingamp (victoire 3-3) et je pense qu'on a montré beaucoup de ressources mentales. C'est de bon augure pour la suite.

 

CDF - C'est vrai que vous avez un peu reculé, surtout en seconde période. Elles vous ont beaucoup pressé. Leurs buts ne sont pas passés loin et il y en a un qui a fini par rentrer. C'est la faute [un peu] de Lille ?

R. S. - On leur a surtout demandé de ne pas reculer, on a souhaité garder le même plan de jeu qu'on a mis en place au départ. Le jeu, l'animation adverse et ces changements ont fait qu'un moment donné, il a fallu reculer. Inconsciemment, vous reculez, vous avez envie de vous protéger et vous pensez le faire en reculant et au final, on a subi. Par contre, à contrario, on a eu beaucoup d'occasions qu'on a pas mis au fond et c'est notre gros défaut en ce moment. On a travaillé beaucoup de fois cette semaine, comparé aux autres. On a encore du déchet dans le dernier geste et il va falloir vraiment évoluer sur ce point là.

 

CDF - On sent que ton expérience de joueuse apporte énormément à cette équipe du LOSC

R. S. - Je sais pas si ça apporte mais en tout cas, on a un groupe de filles extraordinaires. Ayant vécu avec elles au quotidien en tant que joueuse, ça me permet d'avoir un peu plus de confiance de la part de mon groupe. C'est l'un des facteurs qui fait qu'on se dit qu'au bout de 45 ou 90 minutes de jeu, que tout est encore possible.

 

C'était une petite finale aujourd'hui ?

R. S. - Oui bien sûr. Guingamp, on l'avait pris comme une finale et aujourd'hui, c'est notre 2e. On aura notre 3e certainement à domicile contre Soyaux, mais entre-deux, on a Bordeaux. Un match aussi décisif parce qu'on a fait une contre-performance contre Guingamp. Il a fallu ré-étudier les prochains matches et Bordeaux fait partie des équipes qui seront étudiées comme une finale aussi.

 

1000 personnes aujourd'hui au stade. Comment avez-vous vécu ça ?

R. S. - Très bien ! Je l'ai dit aux joueuses, j'aurais rêvé jouer ce match en tant que joueuse parce que c'est des matches où il y a "le 12ème homme/femme", de l'ambiance où on se sent soutenus. Il y avait tout le centre de formation féminin qui était là, les jeunes jusqu'au U19, on leur a demandé de venir. Elles ont joué le jeu, comme à Guingamp. C'est ce sentiment de rendre fier tout nos proches et c'est très bien de pouvoir jouer ce type de match à domicile.

 

CDF - Comment tu le sentais ce match avant de le jouer ? Est-ce que tu sentais que ton équipe était prête parce qu'on a vu que c'était un l'équipe type que tu as aligné avec notamment trois attaquantes en pointe.

R. S. - Oui mais en fait, la chance était que tout le monde était au point physiquement, donc on se creuse la tête avec le staff pour aligner les 11 joueuses les plus performantes, mais tout le monde est au point. Par contre, ce qui est bien, c'est qu'on les a pas senti crispées ou apeurées comme contre Guingamp. Elles ont été décontractées cette semaine, on a fait deux causeries où sur la première, je les avais senti relâchées et impliquées sur le point de jeu et d'accord avec ce qui était demandé. Avant le match, on les a laissé tranquille. Il y avait un peu de bruit, mais tu sentais que cette décontraction a été naturelle et qu'on prenait pas ce match à la légère, loin de là. 

 

Tu parlais de grosse force mentale. Quand Metz revient, qu'est-ce qui se passe dans la tête ? Quel est le message que tu avais le temps de leur faire passer ?

R. S. - Il nous reste 5 minutes et on avait déjà vécu ce scénario là. Qu'on y croit et que peu importe le scénario, on sait que le LOSC a de grosses forces mentales et qu'on est capable de tout. Vous jouez Lyon, vous en prenez 8 à la maison et au match retour - oui, Lyon à la possession - en terme d'état d'esprit, d'énergie dépensée, j'avais rien à leur reprocher. J'espère - encore une fois - que ce sera renouvelé sur les prochains matches, mais ce qui nous rassure, c'est qu'on a l'impression d'avoir 23 joueuses au taquet et qui y croient à 100%.

Dounia MESLI & Karim Erradi