A la veille d'un match important contre l'Olympique Lyonnais en vue de garder la deuxième place en championnat, l'entraîneur du Paris Saint-Germain a évoqué les objectifs du club qui selon lui devrait lui permettre de rivaliser avec l'ogre lyonnais et remporter des titres, notamment le "Graal" que constitue pour lui la Ligue des championnes. 

 

Journaliste : Patrice, vous avez prévu un petit plan contre Lyon vendredi ?

On va essayer de faire un bon match, de produire un contenu intéressant et surtout les mettre en difficulté. Se mettre dans les meilleures dispositions psychologiques aussi pour le match de championnat et la finale, qui sera un objectif important car elle mène directement à un titre. Il faut entériner notre championnat, essayer de prendre des points demain soir et ensuite aller gagner à Soyaux le 27 mai pour gagner cette deuxième place.

On tient le bon bout, faut rien lâcher. Le week-end dernier à Bordeaux ça a été un match âpre (1-0 pour le PSG, ndlr), avec une équipe agressive, qui a bien joué son rôle. Malheureusement on est rentrés avec quelques joueuses blessées mais ça ne fait rien ! On va s'adapter, mes joueuses vont jouer et ce sera à nous d'être bien organisés. Et surtout mettre un petit peu en difficulté cette équipe lyonnaise.

 

Journaliste : Vous semblez déjà avoir la tête à la finale ?

Ah non non non, pas du tout ! Demain soir c'est un match bonus ! Si on arrive à prendre des points on peut peut-être faire un grand pas vers la deuxième place et la Ligue des championnes. Montpellier aura un match costaud le lendemain à Lille, Lille qui a besoin de points car en bas du classement c'est très très serré. Elles peuvent perdre des points donc c'est à nous d'essayer de mettre tous les atouts de notre côté, de faire une grande prestation demain et surtout être la seule équipe capable d'avoir pris des points sur le terrain de Lyon. 

 

Journaliste : Le fait d'avoir cinq points d'avance sur Montpellier qui est troisième va permettre à vos joueuses de jouer plus libérées ?

Demain il faudra jouer sans aucune arrière-pensée ! Il faudra être intelligent, ne pas faire n'importe quoi non plus, ne pas se jeter dans la gueule du loup. Autrement, vu la qualité des joueuses lyonnaises en contre on risque de prendre une valise. Non je vous le dis, ce sera à nous d'être bien positionnés, de bien sortir les ballons pour se créer quelques situations et surtout marquer. 

 

Coeurs de foot : Vous êtes un peu outsider face à Lyon...

(Il coupe) L'outsider non ! Pour moi il y a une équipe, Lyon, qui est au-dessus, qui le prouve encore cette année, c'est très très supérieur au reste des équipes. Nous, on est avec les autres équipes, avec Montpellier et les autres équipes derrière. On tient la deuxième place qualificative pour la Ligue des championnes, qui était un de nos objectifs précis en début de saison.

Attention ! Car on peut tout mettre en l'air aussi ! Il suffit d'être battu demain et de se faire accrocher à Soyaux. En demi-finales de Coupe de France (3-0 pour Paris face à Soyaux), on a fait une bonne deuxième mi-temps pour se permettre de jouer cette finale de Coupe de France (le 31 mai). C'est à nous d'être costauds dans nos têtes pour atteindre ce premier objectif en championnat, et après peut-être se donner un truc sympa avec la Coupe de France.

 

Coeurs de foot : Cette saison a été un peu mitigée pour vous. Vous avez été accrochés pour la deuxième place...

(Il coupe encore) Ouais mais aujourd'hui je pense que l'effectif de Montpellier (qui a battu le PSG 3-0 le 1er avril en championnat) est quand même un effectif qui a joué la Ligue des championnes cette saison ! Il est donc plus mûr que le nôtre. Et c'est pour ça peut-être qu'on a des petits coups de moins bien. Bon il y a eu les joueuses parties à la Copa America. J'ai aussi fait des choix forts en faisant partir des joueuses à la trêve (Shirley Cruz, Vero Boquete et Laura Georges) pour faire jouer des jeunes. Et aujourd'hui je suis récompensé parce que les jeunes progressent, passent un cap et je vois au niveau des signatures, c'est intéressant. Ce sont des jeunes qui se mettent dans la durée au Paris Saint-Germain, qui pour moi ont un avenir au Paris Saint-Germain et aussi en équipe de France. 

 

Journaliste : Vous parliez d'un championnat avec une équipe plus onze autres derrière. En termes budgétaire, le PSG est quand même à peu près proche de l'OL. Cette différence entre Lyon et Paris, elle se situe où ?

Sur la qualité, sur le talent. Moi j'ai entraîné Lyon (de 2010 à 2014), et aujourd'hui Lyon recrute des joueuses décisives au haut niveau. Aujourd'hui si le PSG veut rivaliser avec Lyon il faut garder cette formation sur les jeunes, garder ces jeunes et amener deux ou trois joueuses de niveau mondial pour bonifier ce groupe et surtout être capable d'emmener cette équipe jusqu'à la Ligue des championnes. Autrement le club n'y arrivera jamais. Le plus haut niveau c'est comme ça ! On l'a vu hier soir chez les hommes avec Antoine Griezmann qui a fait la différence contre l'Olympique de Marseille en finale de Ligue Europa. Il faut aller chercher ce genre de joueuses. 

 

Journaliste : Est-ce que justement vous avez les moyens d'attirer ces grandes joueuses ?

Oui. Après ça dépend de la volonté du club. On a un très bon centre de formation, mais après il faudra aller chercher autre chose si on veut aller chercher le Graal qu'est la Ligue des championnes. 

 

Journaliste : Le club a cette volonté d'attirer de très grandes joueuses ?

Je l'espère ! J'espère qu'il y en aura un peu plus tard ! Ca a été compliqué ces deux dernières années, j'espère leur faire comprendre certaines choses. Après on verra ce qu'il en sera mais d'abord l'important c'est de voir certaines jeunes qui ont passé un cap cette saison. 

 

Journaliste : C'est vraiment l'atout n°1 du PSG, ces jeunes ?

Oui, oui, c'est bien pour nous. Il peut y en avoir d'autres ces prochaines années. Aujourd'hui parmi les cinq joueuses qui ont signé, il y en a quand même deux qui viennent de l'extérieur comme Eve Périsset et Aminata Diallo, et d'autres qui sont vraiment du cru comme Marie-Antoinette Katoto, Sandy Baltimore et Grace Geyoro. Il faut être patient, mais pour aller chercher le titre de champion de France il faut des joueuses qui ont une certaines maturité pour encadrer ce groupe et le bonifier. 

 

Coeurs de foot : Cette double confrontation face à Lyon ça apporte aussi une bonne pression, ça vivifie le groupe on va dire ?

Oui on va voir où on en est contre Lyon. Au match aller au Parc OL (défaite 0-1) je pense qu'on méritait de faire match nul, ce qui est déjà une performance. Et on est la seule équipe qui a le "loisir" français de jouer au Parc OL. Demain ce sera un bon test pour les jeunes. Bon après c'est vrai que j'ai acheté Ashley Lawrence qui est blessée, j'espère la récupérer pour la finale de la Coupe de France. Ca va donc être les toutes jeunes qui vont jouer et non je n'ai pas peur. C'est à moi d'essayer de mettre une organisation de qualité pour perturber Lyon au maximum. 

 

Coeurs de foot : Vous parlez des jeunes comme la fierté du PSG...

(Il coupe) Ouais mais c'est bien ! Moi ça me change un petit peu de ce que j'ai connu quand j'entraînais Lyon. La gestion n'est pas forcément la même. Mais il faut un panaché des deux pour être plus performant. 

 

Journaliste : Donc ce qui vous manque c'est la maturité ?

Oui il en faut. On a déjà des joueuses comme Formiga mais il en faudrait d'autres, ce petit plus à l'équipe pour pouvoir rivaliser un petit peu plus sur le championnat et surtout la Ligue des championnes. 

 

Coeurs de foot : Qu'est-ce qui ferait pencher la balance alors ? Vous parliez des dirigeants qui devraient aller chercher les grandes joueuses...

Mais ce qu'il manque c'est la volonté ! Une volonté du club c'est tout ! Et la volonté ça vient du président ! A Lyon il y a Jean-Michel Aulas et pour avoir travaillé avec lui, il met les filles au même niveau que les garçons ! A Paris il faut qu'on y arrive à un moment donné. C'est quand même plus facile de gagner une Ligue des champions chez les femmes que chez les hommes ! Et je pense que c'est une belle chose pour l'image du club de ramener une Ligue des champions chez les filles. 

 

Journaliste : Et concernant votre avenir à Paris, pas de problèmes ?

Non, non, pas de problème. Mon avenir c'est les trois prochains matches que j'ai avec Paris. Bon après on sait très bien que dans ce milieu là ça peut changer du jour au lendemain. Mais je continuerai à entraîner la saison prochaine...

 

Propos recuillis par Dounia Mesli

. La rédaction