La réaction de Patrice Lair, coach de l'équipe féminine de Bordeaux depuis le début de cette saison, après la victoire sur le fil 1-0 de ses joueuses face à une vaillante équipe du GPSO. Le technicien passé par le Montpellier Hérault Sport Club, l'Olympique Lyonnais ou encore le Paris Saint-Germain sait qu'il faudra miser sur la formation pour tenir la cadence face à une concurrence toujours plus redoutable en D1 Arkema !

 

Coeurs de Foot - Ca a été dur aujourd'hui, encore une fois ?

Patrice Lair - Oui ça a été dur, mais dans le jeu on a été bien, on a été patient, on a fait tourner le ballon, on a fait des décalages, malheureusement on n'a pas eu l'efficacité pour se mettre à l'abris. On sait que c'est notre problème en ce moment, mais vu les absences, on a pratiquement sept/huit joueuses sur la touche... 

Il y a quelques jeunes qui arrivent, qui gagnent du temps de jeu, il y a eu des moins de 19 ans, qui n'ont pas joué longtemps, mais qui commencent à être [intégrées] dans le groupe. C'est mon objectif [la formation] parce qu'aujourd'hui on ne peut pas... (léger blanc) recruter, c'est ça le soucis.

Mais ça ne fait rien, moi ça me plait bien, l'état d'esprit est super, les filles sont remarquables de ce côté là, elles bossent bien la semaine. C'est dommage [de ne pas avoir corsé le score]...

 

CDF - Qu'est-ce qu'il a manqué justement pour marquer plus de buts ?

P. L. - L'efficacité ! Être un petit peu plus tueuses dans la surface, mais ça on le sait...

 

"On n'a pas assez occupé la

surface [adverse]"

 

CDF - Le placement des joueuses aussi à fait défaut on a l'impression un petit peu ? Il y a eu beaucoup de centres d'Andréa Lardez ou de passes de Claire Lavogez qui n'ont pas trouvé preneuses devant...

P. L. - Dans la surface peut-être [qu'on a manqué de présence].

Oui oui [il y a eu beaucoup de centres et de passes], mais on le fait à l'entraînement ça, et le problème c'est qu'on n'a pas assez occupé la surface [adverse].

Tu dois avoir des joueuses au premier poteau, deuxième poteau, point de penalty, derrière et on a du mal à sortir parce que ce n'est pas si facile que ça... On ne peut pas jouer comme la saison dernière avec un bloc, alors qu'on n'a pas [Khadija] Shaw devant [qui peut faire la différence], qui était une joueuse exceptionnelle, donc on essaye de jouer avec nos cartes.

 

CDF - C'était vraiment un combat entre deux belles équipes tout de même ?

P. L. - Oui Issy joue intelligemment, ils ne sortent pas trop, Camillo [Vaz] est intelligent tactiquement, je le connais depuis 10 ans, quand il était à Paris il posait des problèmes à tout le monde.

C'est un bon coach, il joue avec ses armes, et il a bien fait failli revenir 2/3 fois, parce qu'il a des attaquantes devant qui ont manqué de lucidité devant, comme les miennes, mais je suis content [du résultat final].

 

"Il faut qu'on travaille sur la formation maintenant

pour l'avenir du club"

 

CDF - Les quinze dernières minutes ont été tendues, le GPSO aurait pu égaliser et revenir dans le match ?

P. L. - On ne sait jamais ce qui peut arriver.

Contre Fleury (dimanche 12 septembre, ndlr) on était cuits complètement (Bordeaux avait joué le match retour de Ligue des Championnes 3 jours avant ce match (mercredi 8 septembre, ndlr), on a pris deux buts à la fin, dont un penalty assez scandaleux, mais je ne dirais rien là-dessus, car les arbitres on en a besoin.

Je suis allé les voir à la fin du match pour les féliciter, parce que la critique est tellement facile au niveau de l'arbitrage, c'est vachement dur d'arbitrer et il faut les applaudir aussi quand elles sont bonnes. Je prends du plaisir, et il faut qu'on travaille sur la formation maintenant pour l'avenir du club !

 

CDF - Qu'avez-vous pensé de la prestation individuelle de Claire Lavogez également, on a l'impression qu'elle a mûri dans sa tête et son jeu d'un point de vue extérieur ?

P. L. - Claire si elle veut passer un cap, elle le passera avec moi, et si elle veut retrouver l'équipe de France, elle peut la retrouver avec moi je pense, franchement, (il regarde sa joueuse, qui échange avec des supporters).

Je lui ai dit en arrivant : "Tu vas retrouver l'équipe de France", j'espère que ça va se faire. Aujourd'hui en équipe de France on n'a pas de meneuse de jeu...

 

CDF - Il n'y a plus Louisa Nécib, ni Camille Abily...

P. L. - Non non, ah bah ça oui on s'en aperçoit oui (sourire en coin). Aujourd'hui l'une des joueuses à mon avis, qui peut jouer à ce poste-là c'est Claire Lavogez. Le jour où elle voudra bien se servir de son pied gauche, ça sera bien !

 

"On a encore l'équipe pour aller

chercher un trophée"

 

CDF - Qu'avez-vous pensé de l'équipe de France sur le dernier stage justement (victoires 10-0 contre la Grèce et 3-2 contre la Slovénie, ndlr) ?

P. L. - Il y a un potentiel, c'est une très bonne équipe, je pense qu'on peut peut-être renforcer avec deux/trois autres joueuses. On a encore l'équipe pour aller chercher un trophée, mais ça fait 10 ans qu'on dit ça, c'est ça le souci.

Après ce sont des choix, l'équipe bosse bien, elle a peut-être souffert contre la Slovénie (victoire 3-2, ndlr) mais ils ont cartonné contre la Grèce (victoire 10-0, ndlr). C'est la sélectionneure qui prendra ses décisions. Moi je vais tout faire pour qu'à Bordeaux, il y en ait deux ou trois autres qui y aillent dans cette sélection.

C'est comme les étrangères, quand j'ai Katja Snoeijs devant, deux matches de qualification avec l'équipe nationale, mais elle n'a pas joué (match nul 1-1 contre la République Tchèque et victoire 2-0 contre l'Islande, ndlr), alors que c'est une bonne joueuse [c'est assez incompréhensible]. Elle est revenue la tête dans le sac, elle n'a pas joué une minute [avec les Pays-Bas]. Déjà ils ne l'ont pas amené aux J.O., alors qu'elle avait tout fait pour y être. Il faut la remotiver.

Dounia MESLI