En match avancé de la 16e journée de D1, l’Olympique de Marseille a créé la sensation en s’imposant 2-0 sur sa pelouse face au PSG. Une victoire logique dans un match où l’OM a su profiter des trop nombreuses hésitations de la défense parisienne.

 

C’était un match qui s’annonçait compliqué pour Paris, on le sentait. D’abord parce qu’à quelques jours du match aller de Ligue des Championnes face au Bayern Munich, le PSG manquait de souffle. On l’avait vu face à Juvisy, et Marseille s’annonçait comme un adversaire tout aussi coriace.

Solides quatrièmes, les Olympiennes ont montré qu’elles pouvaient désormais rivaliser avec les meilleures équipes du championnat. Elles avaient fait trembler Montpellier en Coupe, avant de s’imposer face à Juvisy (2-1) et Paris avait déjà eu toutes les peines du monde pour s’imposer lors du match aller (1-0). A l’époque, Marseille était en difficulté au bas du classement, l’équipe de Christophe Parra dégage désormais une plus grande assurance.

 

La tentation du turn-over

Patrice Lair voulait faire tourner son effectif. Au coup d’envoi, cela se traduit par la présence de Cristiane et d’Ashley Lawrence sur le banc, tandis qu’Eve Perisset n’était pas présente dans le groupe parisien. En revanche, Vero Boquete était de retour de même que Katarzyna Kiedrzynek dans les buts du PSG.

Du côté de Marseille, Léonie Multari était absente en défense centrale, pour une blessure à la main. Elle était remplacée pour ce match par Maêlle Lakrar, alignée aux côtés de Kelly Gadéa. En attaque, c’est Viviane Asseyi qui a débuté en pointe avec Cindy Caputo alignée côté gauche. Au-delà du positionnement, l’équipe marseillaise se révèle être une vraie force collective dès le début de la rencontre.

Une organisation qui perturbe l’équipe parisienne, avec beaucoup de difficultés à trouver des espaces, ou combiner sur les côtés. Dans une formation en 3-5-2, Paris repasse beaucoup par l’arrière pour préparer ses attaques, mais peinent ensuite à trouver les attaquantes, Marie-Laure Delie et Natasa Andonova. Un schéma de jeu qui fait que Paris tient le ballon, mais ne peut s’en servir pour inquiéter la défense marseillaise.

 

Faire disparaître les espaces

Dans le premier quart d’heure aucun tir de part et d’autre, malgré une combinaison sur coup-franc aux abords de la surface parisienne pour l’OM, mais qui n’aboutit pas sur une frappe au but. Passée le premier quart d’heure, Paris se montre malgré tout plus pressant, ce qui oblige Marseille à jouer plus bas, un bloc équipe qui se retranche par moments dans ses trente derniers mètres (y compris les attaquantes) pour éviter de prendre l’eau.

Malgré tout, l’OM est la première équipe à se montrer dangereuse. Chaque coup de pied arrêté est l’occasion de faire remonter le bloc olympien. A la 29e minute, un long coup franc depuis le milieu de terrain profite à une Viviane Asseyi opportuniste au milieu d’une défense parisienne qui s’emmêle les pinceaux. La demi-volée de l’attaquante olympienne passe finalement tout proche du poteau droit de Kiedrzynek et Paris se contentera d’une frayeur.

Dans le dernier quart d’heure du premier acte, le jeu s’ouvre et cela profite d’abord à Paris. On trouve plus facilement Marie-Laure Delie et Sabrina Delannoy parvient à mieux combiner avec Shirley Cruz côté droit. En quelques minutes, Paris frappe plusieurs fois à la porte avec notamment cette intervention de Pauline Peyraud-Magnin face à Perle Morroni bien servie par Grace Geyoro dans la profondeur (40e). C’est aussi cette frappe de Marie-Laure Delie qui passe à gauche du but marseillais suite à un centre de Delannoy et une remise d’Andonova dans la surface (43e).

 

Une prise de risque calculée ?

A la mi-temps, Marseille peut se satisfaire d’une première période où Paris a été mis en échec, malgré un contrôle relatif du ballon. La défense à trois de Paris, avec Laura Georges, Grace Geyoro et Irene Paredes permet d’échapper au pressing adverse en faisant tourner le ballon à l’arrière. Pourtant Paris peut-il se contenter d’attendre une erreur ou que la fatigue dérègle la machine côté marseillais ?

Pour Patrice Lair, cette option n’est pas possible. C’est dans cet esprit qu’il lance Cristiane et Ashley Lawrence dès le retour des vestiaires, après les avoir envoyé à l’échauffement dès le milieu de la première période. A la reprise, finit la défense à trois. On joue avec deux joueuses axiales en défense (Georges/Paredes) et Grace Geyoro positionnée plus haut. Les deux entrantes prennent la place respectivement de Natasa Andonova et Perle Morroni.

Densifier le milieu de terrain, un choix qui peut se justifier quand Marseille évolue avec trois milieux axiales avec Caroline Pizzala, Nora Coton-Pelagie et Sara Yuceil. En position défensive, Marseille évolue avec une ligne de cinq, les trois milieux et les deux attaquantes excentrées qui couvrent les couloirs et les montées des latérales parisiennes.

Dans le premier quart d’heure, Paris parvient à trouver des décalages et libérer le couloir droit pour les montées de Sabrina Delannoy. A plusieurs reprises, elle se retrouve en position de centre aux abords de la défense olympienne, mais sans parvenir à trouver une coéquipière démarquée dans la surface. A la 52e minute, Shirley Cruz frappe au but aux abords de la surface mais le cadre se dérobe une fois de plus pour les joueuses de la capitale.

 

Paris tremble, Marseille s’envole

Des espaces, il y en a aussi de l’autre côté du terrain. Quelques contres marseillais sur des récupérations hautes mais à chaque fois, il manque du soutien pour transformer ces ballons en véritables occasions de buts. Des longues courses qu’il est difficile de répéter et qui préserve, pour le moment, Paris d’une mauvaise surprise.

Mais les choses vont changer à la 64e minute. Suite à une faute parisienne au milieu de terrain, un coup-franc est joué par les Olympiennes. Le long ballon de Nora Coton-Pelagie parvient aux abords de la surface où Irène Paredes et Laura Georges hésitent au moment de dégager, ce qui profite à Sara Yuceil qui catapulte le ballon au fond des filets, avec une frappe au ras du poteau droit 1-0.

Marseille prend l’avantage face à une équipe parisienne qui prend l’eau par l’arrière, dans un collectif où la défense avait été une des forces du PSG sur la première partie de saison. Paris pousse, mais les quelques coups de pied arrêtés obtenus dans le camp adverse ne suffisent pas à créer le danger devant le but de Pauline Peyraud-Magnin. Au contraire, les errances défensives de Paris vont compter double sur ce match. A l’entame du dernier quart d’heure, Irene Paredes se retrouve en difficulté sur un ballon en profondeur et fait faute sur Viviane Asseyi aux abords de la surface parisienne.

Carton jaune pour Paredes mais surtout un coup-franc idéalement placé à une petite vingtaine de mètres du but de Kiedrzynek et dont se charge Sandrine Bretigny, entrée quelques minutes plus tôt à la place de Charlotte Lozé. Légèrement excentrée côté droit, sa frappe vient se loger sur la gauche du but parisien tout proche de la lucarne, et si la gardienne parisienne touche le ballon, elle ne peut l’empêcher d’aller au fond (75e) 2-0.

 

Un exploit qui souligne la progression de l’OM cette saison

Explosion de joie côté marseillais, Sandrine Bretigny en tête, qui écopera d’ailleurs d’un carton jaune pour avoir retiré son maillot pendant sa célébration du but. Un détail, car Marseille tient son exploit. Sonnée, Paris a encore une fois été piégée par sa fébrilité défensive. A la 83e minute, Sabrina Delannoy bute sur Pauline Peyraud-Magnin qui détourne son coup-franc en corner. Mais l’important est que sur l’action qui a abouti au coup-franc, Paris a vu sortir Cristiane, touchée sur un contact avec Viviane Asseyi. Paris finit à dix, et pourrait devoir se passer de l’attaquante brésilienne pour le quart de Champions League face au Bayern.

Lawrence, Formiga, en fin de match les quelques tentatives parisiennes fuient le cadre ou se heurtent à un mur dans la surface marseillaise. Au coup de sifflet final, Paris ne peut que constater les dégâts, et Marseille d’exulter après un véritable exploit, fêté par les quelques centaines de spectateurs présents au stade Roger-Lebert.

Après Juvisy, c’est donc Paris qui tombe à Marseille. Un résultat qui signifie notamment que Paris pourrait voir Montpellier revenir dans la course à l’Europe, et mettre les joueuses de la capitale dans l’obligation de s’imposer au Parc OL pour assurer leur qualification. Du côté de l’OM, la saison des promues marseillaises prend de plus en plus de volume avec désormais une victoire de prestige qui s’ajoute aux très bons résultats de l’OM depuis quelques mois.

 

Photo : OM.net

Hichem Djemai