Les championnes en titre ont déjà tout gagné, en multiples exemplaires et pourtant pas de raison d'arrêter la moisson de titres qui s'accumulent dans le Rhône depuis une dizaine d'années. Favori à sa propre succession, l'Olympique Lyonnais semble encore loin de ses adversaires directs qui comme chaque année auront malgré tout le droit de rêver...

Pour Lyon, l'été commençait avec ce qui s'apparentait à un casse du siècle. Quatre joueuses du PSG rejoignaient les rangs lyonnais pour la saison à venir. Quatre internationales expérimentées, Caroline Seger, Kenza Dali, Jessica Houara d'Hommeaux et Kheira Hamraoui venues à Lyon tout simplement... pour gagner. Ce « quelque chose » qui manquait à Paris, elles sont parties le chercher à Lyon, responsable de la plus grosse déroute de Paris en Ligue des Champions avec ce 7-0 subi au Parc OL en demi-finale.

Autre joueuse à rejoindre l'effectif lyonnais, Dzsenifer Marozsan était elle aussi dans une situation comparable. Malgré la victoire l'année précédente en Ligue des Championnes, Francfort, son ancien club semblait en perte de vitesse à la fois en Bundesliga et en Coupe d'Europe, face à Wolfsburg et le Bayern Munich. Récente championne olympique avec l'Allemagne, elle a inscrit les deux buts de la victoire en finale à l'issue d'un tournoi compliquée pour la néo-lyonnaise.

Les deux autres recrues lyonnaises, Andrea Norheim et Erin Nayler sont également internationales. Andrea Norheim a récemment disputé l'Euro U17 avec la Norvège (demi-finaliste) et Erin Nayler est la gardienne titulaire de l'équipe néo-zélandaise que la France a croisé en phase de poule, cet été lors des Jeux Olympiques.

Si ces arrivées semblent, presque mécaniquement, placer l'OL au-dessus de la mêlée, elles représentent aussi une nécessité pour Lyon dans l'optique de « maintenir » le niveau de son effectif. Avec les départs de Lotta Schelin, Amandine Henry et Louisa Cadamuro, l'OL perd également des joueuses de grande qualité à l'occasion de cette intersaison. Rien que pour la saison écoulée, on peut se rappeler du but décisif de Louisa Cadamuro en finale de la Coupe de France ou encore le replacement d'Amandine Henry en troisième défenseure axiale lors de la finale de la Ligue des Championnes, un choix qui se révéla également décisif pour l'OL.

Si certaines joueuses issues de la formation lyonnaise ont pu trouver une place au sein de l'effectif professionnel, elles se comptent sur les doigts de la main, avec des joueuses comme Delphine Cascarino, Mylène Tarrieu ou Julie Piga. Un constat qui se confirme en sélection avec une équipe de France U19 qui dans son onze titulaire comptait plus de joueuses parisiennes que lyonnaises (en incluant Estelle Cascarino qui a rejoint Juvisy cet été). Le recrutement de joueuses de renom était donc aussi une nécessité pour l'OL et ses ambitions.

« La meilleure équipe du monde »

Cette expression, c'est ce que l'on peut attendre lorsque l'on parle avec des supporters mais aussi avec les adversaires de l'OL. En championnat, jouer l'Olympique Lyonnais représente un match à part, une occasion de se confronter à ce qui se fait de mieux actuellement dans le football féminin de club, aussi bien en France qu'en Europe.

A l'issue d'une saison couronnée d'un nouveau triplé, l'Olympique Lyonnais peut difficilement faire mieux en terme de résultats. Sur le plan du jeu, l'OL a également montré sa capacité à mettre en difficulté n'importe quelle équipe. En championnat, les adversaires directs de l'OL (le PSG en particulier) en sont souvent réduits à s'accrocher dans leurs 30 derniers mètres en espérant un contre ou un coup de pied arrêté salvateur.

Dès lors, difficile d'imaginer une autre équipe que Lyon au sommet du championnat. Malgré l'arrivée de Patrice Lair au PSG et le renouveau annoncé, l'OL semble encore mieux disposé, notamment sur le plan offensif avec en pointe Ada Hegerberg, récompensée cet été du prix de meilleure joueuse UEFA de la saison 2015/2016.

Cette année, Lyon doit se préparer à un mois de décembre de gala, avec trois matches à la suite face à Juvisy, Montpellier et le PSG, dont deux déplacements en région parisienne. Un enchaînement qui doit faire saliver les compétitrices que sont les joueuses lyonnaises mais qui peut aussi donner des idées à leur adversaires dans leur volonté de faire trébucher les championnes en titre.

La seule interrogation concerne peut-être les internationales françaises, nombreuses dans l'effectif lyonnais. Pour la plupart, elles ont voulu reprendre le plus rapidement possible l'entraînement et d'une certaine manière passer à autre chose, évacuer la frustration accumulée après la déception des Jeux.

Un état d'esprit que l'on ressentait, lors de la prise de parole de Wendie Renard, mardi pendant la cérémonie de présentation de la saison de D1 au siège de la FFF. Quelle incidence la séquence brésilienne aura-t-elle sur les tricolores lyonnaises ? Difficile de répondre même si l'on sait que certaines joueuses traînent des pépins physiques, à l'image d'Élodie Thomis, indisponible pour trois mois à la suite d'une blessure à la cheville.

Des saisons longues pour les joueuses lyonnaises qui cumulent souvent matches en club et en sélection, une équation devenue une banalité pour le staff lyonnais mais qui le moment venu pourrait faire la différence entre un nouveau triomphe et une saison plus difficile que prévu.

Hichem Djemai