C'est officiel, on connaît désormais le nouveau sélectionneur de l'équipe de France féminine : il s'agit d'Olivier Echouafni. Une nomination surprise pour cet ancien joueur professionnel et qui ne faisait pas partie de la listes des personnes pressenties ou évoquées dans la presse pour reprendre le poste.

On savait que les jours de Philippe Bergeroo à la tête de l'équipe de France étaient comptés mais la grande question était finalement celle de sa succession. Parmi les candidats naturels, peu semblaient disponibles ou prêts à endosser le costume. Le premier choix de Noël Le Graët se serait porté sur Corinne Diacre, mais l'ancienne internationale est aujourd'hui victime de son succès à Clermont chez les garçons.

Dans un contexte où elle a dû jouer des coudes pour s'imposer dans un milieu où les femmes ne sont pas encore les bienvenues, Corinne Diacre pouvait difficilement lâcher son poste. Elle a notamment réussi à faire de Clermont l'une des meilleures équipes de deuxième division la saison dernière, une performance saluée par la presse avec un titre de "meilleur entraîneur de Ligue 2" décerné par le magazine France Football fin 2015.

Pour Corinne Diacre, il faudra attendre...

Parmi les autres noms cités on a pu entendre celui de Sandrine Soubeyrand, actuelle entraineure de l'équipe de France U17 et manager des sélections nationales féminines. Comme pour Corinne Diacre, cela traduit la présence grandissante de techniciennes à un haut niveau même si leur nombre reste largement inférieur à celui des hommes y compris à la tête d'équipes féminines. C'est aussi une manière de poser la question du retour d'une femme à la tête des Bleues, près de dix ans après le départ d’Élisabeth Loisel.

Plus généralement, cela montrait aussi la volonté de la FFF de rechercher une solution en interne, au sein de la DTN et des entraineurs des équipes de France. Avant d'arriver à la tête de l'équipe de France, Bruno Bini et Philippe Bergeroo avaient d'ailleurs entraîné des équipes de France en jeunes, Bini chez les filles (U16/U19) et Bergeroo chez les garçons. Une piste qui n'a également pas abouti.

Un choix décisif en vue de 2019

D'autres idées ont été évoquées dans la presse, à l'instar d'Hubert Fournier « proposé » par le président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas et relayé sur les réseaux sociaux hier, alors que l'incertitude s'installait autour du nom qui sortirait du chapeau. Une annonce attendue à l'occasion de la réunion hier du comité exécutif de la FFF qui devait entériner le limogeage de Bergeroo et choisir son successeur.

L'une des difficultés à laquelle était confronté la FFF était la nécessité de mettre toutes les chances du côté des Bleues pour s'assurer que la Coupe du Monde 2019. Une échéance à domicile que beaucoup voient comme le moment où les Bleues puissent enfin triompher sur la scène internationale. Ce serait alors l'occasion de renforcer la popularité du football féminin en France, remplir les stades et ainsi convaincre les médias, les sponsors d'investir plus avant le terrain.

Une échéance qui approche, avec comme point d'étape l'Euro 2017 qui peut servir de dernier fusible en cas de nouvelle contre-performance des Bleues. C'était peut-être le calcul fait par la Fédération, 3 ou 1+2, autrement dit quelle échéance et donc quelle liberté/temps laissée au nouveau sélectionneur pour construire son équipe en vue de la Coupe du Monde en France.

Echouafni, footballeur confirmé mais novice chez les féminines

Le choix d'Olivier Echouafni laisse penser que cette réflexion n'est pas terminé. Pour celles et ceux qui suivent le football masculin, le nom de l'azuréen est forcément familier. Ancien milieu de terrain, il compte plusieurs centaines de matches en première division. Il a participé à la remontée de l'OM en D1 dans les années 1990, avant de jouer avec Strasbourg, Rennes puis finalement finir sa carrière à l'OGC Nice. Comme entraîneur, il a dirigé Amiens en National puis Sochaux en Ligue 2. Une dernière expérience qui tournera court en septembre 2015 après de mauvais résultats pour le FCSM, dans un contexte de changement de direction à la tête du club.

Un CV respectable pour un joueur qui a connu l'équipe de France chez les Espoirs mais qui arrive sans expérience dans le football féminin, aussi bien en sélection qu'en club. Il est d'ailleurs plus facile de trouver un lien entre Olivier Echouafni et son prédécesseur Philippe Bergeroo qu'avec le monde du football féminin. Humour noir de la FFF ou ironie de l'histoire, les deux hommes s'étaient connus à Rennes en 2002. Bergeroo avait pris la tête de l'équipe masculine en début de saison. S'en suivent de mauvais résultats et Bergeroo est « remercié » après la dixième journée de championnat. A l'époque de retour de blessure, Echouafni est peu utilisé par le coach rennais et trouvera plus de temps de jeu par la suite.

Une anecdote croustillante mais qui traduit aussi la difficulté dans l'immédiat à savoir à quoi s'attendre avec Olivier Echouafni à la tête des Bleues. Les premières indications arriveront rapidement avec deux matches dans les jours à venir face au Brésil, le 16 septembre, et l'Albanie, le 20. La liste pour les deux matches est attendue dimanche dans la foulée de la première journée de D1 et une conférence de presse est prévue mercredi à Clairefontaine. Le genre d'agenda qui vous mette rapidement sous les feux des projecteurs et l'occasion pour nous de (re)découvrir Olivier Echouafni.

Hichem Djemai