On l'avait laissé en 2015, lorsque l'équipe a connu sa deuxième relégation dans l'élite. Nonna Debonne revient au FF Issy devenu le GPSO 92 Issy par la grande porte. L'ex-Parisienne n'a rien perdu de son talent, de son don de soi, de ce plaisir viscéral de tout donner sur le terrain, de la première à la dernière minute. On aimerait même dire qu'elle est encore meilleure cette saison, après 22 ans déjà sur les terrains. Une joueuse expérimentée, qui fait la part belle à Issy ce dimanche 31 janvier, face à Montpellier, défait 2-1 par les Isséennes, pour le compte des 16es de finale de Coupe de France.

 

Cœurs de Foot - Ta réaction à chaud sur cette excellente victoire, sur cet exploit on peut dire face à Montpellier ?

Oui [c'est un peu un exploit], parce que Montpellier ça reste quand même une bonne équipe, elles sont mieux classées dans la hiérarchie [du championnat]. 

Pour nous ce n'était pas un match prioritaire à remporter, puisque nous notre objectif il ne faut pas l'oublier, c'est le maintien et ce n'est pas encore fait, ça sera sur les deux prochains matches. Il va falloir se concentrer (Issy affronte Soyaux et Dijon en match en retard de la 12e journée, ndlr). Ca nous donne une bonne dynamique et de la confiance [cette victoire], surtout pour les filles qui ont joué la rencontre et pour l'ensemble du groupe, pour les entraînements qui vont venir.

 

"A chaque fois, c'est Issy-les-Moulineaux,

la "petite équipe"."

 

CDF - Comment tu sens l'équipe de ton côté, avec toute ton expérience (Nonna Debonne a joué 10 saisons avec le PSG, de 2004 à 2014, ndlr) ? On a l'impression que l'équipe manquait de rythme en début de saison, et du côté athlétique, de physique, et au fil de la saison, vous vous êtes renforcées, vous avez appris, mais qu'est-ce qui a changé selon toi dans la mentalité ?

Il n'y aura pas de troisième partie de saison, donc sur les matches retours il faut qu'on prenne [des points] et qu'on corrige toutes nos erreurs sur la première partie de saison et surtout ne pas les refaire. 

Ca va nous faire nous déjà progresser [tous ces matches pour la suite], et puis après avec cette bonne dynamique, par ces bons entraînements aussi qu'on fait, qu'on ne veut pas se laisser manger [par les autres adversaires], parce qu'à chaque fois, c'est Issy-les-Moulineaux, la "petite équipe". 

Même si on n'est pas une équipe professionnelle, c'est ça qu'il faut mettre en exergue [on ne lâche rien]. On est aussi une équipe 100% féminine, et malgré tout ça, on n'a pas envie de se laisser faire.

 

CDF - De ton côté tu as été vraiment héroïque sur cette rencontre, tu n'as jamais été complexée face aux Montpelliéraines, on sent que ton expérience était un gros atout aujourd'hui, avec Gwenaelle Butel sur ta droite en charnière centrale ?

Oui oui la charnière centrale est pas mal ! Ca fait quelques matches, depuis Montpellier d'ailleurs (le 5 décembre 2020, ndlr) le match de championnat chez elles, qu'on avait commencé toutes les deux.

Après les autres joueuses prennent aussi de l'expérience, peut-être à travers moi [mon expérience] ou Gwen Butel derrière. Mais si nous déjà on est costauds, elles peuvent s'appuyer [sur nous les joueuses de devant]. Là maintenant on a aussi Laetitia Philippe dans les buts, on sent déjà une grosse expérience aussi. Ca fait du bien.

 

"Je voulais aussi savoir si je pouvais

encore jouer à ce niveau-là"

 

CDF - Pourquoi tu as choisi de revenir au FF Issy (en 2017, l'équipe était en D2, ndlr), après la relégation en 2015 ?

Oui j'étais là quand elles étaient remontées en D1 (en provenance du PSG, ndlr), quand elles ont fait un peu le yoyo [D1/D2]. 

Je suis revenue parce qu'il y avait un projet en construction, et je voulais aussi savoir si je pouvais encore jouer à ce niveau-là. Au final oui, parce que tant que cette nouvelle génération ne comprendra pas que les efforts, l'envie de bien faire, de se surpasser aussi [sont primordiaux à ce niveau], on devra être là pour leur montrer le chemin. 

Après j'ai toujours ce plaisir aussi [d'être sur le terrain], (rires), s'il n'y a pas de plaisir, ça ne sert à rien de venir jouer.

 

CDF - Quand tu vois Formiga du PSG aussi, tu te dis que tu en as également la capacité justement ?

Oui c'est autre chose, elle fait partie d'une grosse équipe et tout l'environnement derrière est là pour la mettre dans les meilleures conditions aussi, afin de continuer à jouer à un tel niveau et de donner autant sur le terrain. Nous comme on n'est pas une équipe pro, ce n'est pas la même histoire.

 

CDF - Qu'est-ce qui change de cette première saison de D1 en 2014-2015 pour toi, à celle de cette saison personnellement et de ton point de vue de joueuse ?

D’une part il y’a un travail du coach depuis quelques années pour amener le groupe vers le plus haut niveau (Yacine Guesmia a repris l'équipe en 2016 alors qu'elle évoluait en DH, ndlr) et d’autres parts des recrues bien plus intéressantes que 2015. Les étrangères qu’on n'avait pas avant, sont un apport au groupe, et elles ne viennent pas juste pour visiter la Tour Eiffel. Le coach leur demande beaucoup aussi. 

En 2015, je me rappelle que le coach n’était pas écouté par le groupe malheureusement, ce qui est différent aujourd’hui (l'équipe était beaucoup plus hétérogène, mais des joueuses peut-être un peu plus expérimentées, ndlr). 

Sur cette saison, il y'a juste le match contre le PSG ou le coach nous demandait de repartir de derrière et on a vu ce que ça avait donné (défaite 14-0, ndlr)...

 

"Il y a plein de petits détails, que les

gens ne connaissent pas"

 

CDF - Tu attends qu'il y ait une professionnalisation justement pour vous donner de meilleures conditions, peut-être un peu plus d'égalité entre les clubs ?

Oui bien sur parce qu'il y a plein de petits détails, que les gens ne connaissent pas [sur nos conditions de travail], mais qu'on garde pour nous et qu'on prend sur nous. On aimerait que le club ait plus de budget, mais je ne le connais pas.

Après la motivation elle passe aussi du fait qu'on ne veut pas se faire marcher dessus, et qu'on ne veut pas être dans la zone rouge et qu'on veut se maintenir.

 

CDF - Tu y crois fermement au maintien, tu penses que c'est réalisable cette saison (en trois saisons en D1 depuis son existence en 1997, Issy n'a jamais réussi à se maintenir en D1, ndlr) ?

Oui oui je pense, en tout cas c'est possible ! Mathématiquement déjà, après on peut grappiller des points on l'espère. Dans tous les cas, la deuxième partie de saison va montrer notre image et on va tout donner pour remplir notre objectif.

 

Photo : GPSO 92 Issy

Dounia MESLI