Surnommée la reine du football freestyle par les médias et le monde du football en général dont un certain Mario Ballotelli, excusez du peu, Nawel Hadjaf à toujours su qu’elle deviendrait footballeur. « A l’époque, ce n’était pas envisageable de dire footballeuse ». Son meilleur ami se souvient  d’une scène où la petite fille lançait son ballon en l’air en disant « je veux être footballeur ». 

Un souvenir lointain, qui aujourd’hui, fait sourire la jeune femme en racontant cette petite anecdote et qui en dit long sur sa détermination ! De l’Olympique de Sevran où elle a elle-même constitué l’équipe féminine à sa souveraineté dans le monde du football freestyle, elle a tout fait par passion. Née au milieu des années 80, elle grandit en banlieue nord, plus précisément à Sevran. C’est là, que Nawel a fait ses débuts dans le football. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours joué au foot. « Quand mes parents me punissaient et qu’il y avait une balle de tennis à proximité, je me mettais aussitôt à jongler avec. » Après avoir fait les beaux jours du club Sevranais et contribué à sa notoriété « on n’oubliera jamais l’équipe de Sevran, on étaient considérées comme les meilleures gamines de toute l’Ile de France. On a gagné des voyages en Angleterre, on a rencontré l’équipe d’Arsenal.

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L’équipe des années 90-95 a permis d’avoir plusieurs sections féminines et un développement dans les différentes villes avoisinantes », Nawel et ses co équipières ont été contactées par de grandes formations professionnelles. Du club de la capitale en passant par l’Angleterre et le Luxembourg, elle s’illustre partout où elle passe. Au contraire de certaines joueuses qui sont prêtes à tout pour réussir, Nawel n’a jamais bataillé pour s’imposer. Cette passion est innée « je n’ai pas senti qu’il fallait travailler deux fois plus, au contraire, j’ai toujours vu que j’avais des facilités » nous confie t-elle avec humilité.

Après quelques années en immersion dans ce milieu, la joueuse se rend compte de la complexité d’évoluer dans le football féminin. « Devoir trouver un club, donner deux fois plus et gagner dix fois moins qu’un footballeur. Là, j’avais la perle des perles des inégalités. Un joueur sur un banc gagne beaucoup plus qu’une fille qui a joué toute sa saison et qui s’est cassée les genoux… sans compter les querelles de vestiaires ! »

 

 Mais sa carrière connaît un tournant déterminant lorsqu’elle découvre le football freestyle.

C’est par l’intermédiaire de Franck Rémy, celui qui a introduit cette discipline sur le sol français, que Nawel Hadjaf décolle au sens propre comme au sens figuré. Dans un premier temps, il l’initie à cet art à part entière pour ensuite former le premier couple de football freestyeleurs « je ne le remercierai jamais assez de m’avoir fait découvrir cette discipline, ça m’a permis de connaître beaucoup d’autres freestyleurs et différents styles de jeu ». Ils ont commencé à mettre en ligne quelques vidéos, histoire de partager leur passion commune et d’initier les internautes à leurs gestes techniques.  Le résultat est surprenant : plus 350 000 vues et ils arrivent même en tête des vidéos les plus consultées en Amérique latine. « On n’a pas vu l’ampleur du succès que ça pouvait prendre et à la suite de ce buzz énorme quelques personnes ont commencé à s’intéresser au football freestyle ».

 Aujourd’hui, Nawel Hadjaf travaille en duo avec Franck Rémy « c’est devenu mon collaborateur, mon associé et par dessus tout mon ami » mais aussi avec Karim et son ballon.

À ses débuts, il y a six ans, elles n’étaient que deux à pratiquer le football freestyle dans l’hexagone et cinq dans le monde. Maintenant, on dénombre quatre filles au niveau national, vingt d’un point de vue européen et moins d’une cinquantaine de par  le monde ! Il faut savoir également qu’il existe plusieurs déclinaisons du football freestyle, il y a les jongleurs, les circassiens et toutes sortes d’acrobates du football « nous, on est vraiment accès football freestyle. On n’a jamais mis les mains. J’ai toujours fait en sorte de garder l’aspect foot parce que j’adore ce sport ».

 

Co fondatrice du dancing football, forme d’expression corporelle artistique qui lie le ballon à la musique via le corps (une discipline qu’ils ont inventé avec son acolyte Franck Rémy), Nawel Hadjaf a plusieurs objectifs ! Le premier est de continuer à faire du football freestyle pendant encore deux ou trois ans et le second est de rallier le plus grand nombre de personnes à sa passion. Plus largement, elle souhaiterait réaliser des partenariats avec un maximum de communes pour pouvoir ouvrir des écoles de football freestyle et ainsi inciter tant les petits garçons que les petites filles à s’initier à cette discipline. Tout cela, afin d’apporter à plus long terme une mixité dans le monde du football « mon but c’est de montrer que certains sports ne sont pas destinés uniquement aux hommes, loin de là… ».

 

Keltoum Bessadok

Dounia MESLI