Arrivée cet été en provenance de Saint-Etienne par "obligation" pour son deuxième boulot, en tant que professeure d'EPS, Morgane Martins ne s'attendait pas à être aussi peu soutenue dans sa pratique du football à haut niveau. Après GPSO-Dijon (0-2), la joueuse nous a confié son sentiment sur le match, ce qu'il faut améliorer pour la suite et son désarroi quant à cette situation ubuesque et totalement injuste, de ne pas avoir un "aménagement" spécifique en tant qu'athlète du championnat élite de France, pour son poste de professeure d'EPS !

 

Journaliste - Le coach a émis beaucoup de frustration pour vous concernant l'issue de la rencontre, il était contrarié pour vous, parce que vous avez fourni un meilleur match qu'à Soyaux...

Carrément oui, bien sûr, il y a eu une évolution entre les deux matches. La semaine dernière à Soyaux où on a fait que balancer le ballon devant, faire des jeux longs, là on a essayé de ressortir court, mais on a eu encore un petit peu de mal à trouver notre milieu de terrain, je trouve.

Après comme pour Soyaux, dans la finition, on n'est encore pas assez efficaces, et on sait qu'en D1 si on a une ou deux occasions, il faut les mettre au fond, parce que sinon c'est compliqué après. Donc il va falloir qu'on s'axe beaucoup sur ça à l'entrainement, peut-être faire plus de jeu avec des buts rapprochés pour travailler devant.

 

"On abuse un petit peu justement de ce jeu direct"

 

Coeurs de Foot - Justement Morgane, comment tu expliques le fait qu'il y ait peu de combinaisons entre vous, dans les derniers mètres ? Parce que Dijon à montré plus de facilité dans ce domaine. Vous avez beaucoup joué sur la vitesse dans les couloirs. Est-ce que c'est ça qui manque au GPSO, les combinaisons ?

Oui c'est vrai, qu'on abuse un petit peu justement de ce jeu direct, avec moins de cheminement, moins de jeu court, peut-être aussi parce qu'on ne sait connait pas encore assez.

Il faut dire aussi qu'on est beaucoup de nouvelles joueuses, et il va falloir un petit temps d'adaptation pour qu'on connaisse les qualités de chacune et les défauts, il va falloir qu'on travaille là-dessus.

On a très peu de vraie milieu de terrain, Allie Thornton, qui arrive des Etats-Unis est défenseure, donc c'est compliqué pour elle de s'adapter à ce nouveau poste. On va continuer à travailler là-dessus pour que dans les derniers mètres, on soit plus proches les unes des autres pour concrétiser nos actions.  

 

"C'est un petit peu plus compliqué avec mon [autre] boulot [de professeure d'EPS]"

 

CDF - Comment se passe ton adaptation à Paris ?

Très bien, j'ai été super bien accueillie par les filles, tout se passe bien. C'est un petit peu plus compliqué avec mon [autre] boulot [de professeure d'EPS], parce que pour l'instant je n'ai pas d'aménagement au niveau de mon emploi du temps, et je vais enseigner à Vitry (Sud-Est de Paris, ndlr) donc c'est super loin de Meudon et en finissant à 17h30, je n'ai pas encore trouvé les aménagements pour aller aux entraînements, donc j'espère que ça va vite se régler (rires nerveux).

 

CDF - Tu n'as pas eu d'aménagement spécifique, en tant que joueuse "professionnelle" ?

Oui on n'est pas reconnue comme sportive de haut niveau, donc c'est un peu compliqué d'avoir des justificatifs pour avoir des aménagements. J'avais fait une demande justement, de mise à disposition pour me consacrer qu'au foot, parce que je savais que la D1 c'est compliquée, il faut être à 100%, et quand on fait sa journée de boulot, c'est difficile d'enchaîner et d'être à fond le soir [avec les filles], mais pour l'instant le recteur me l'a refusé, donc j'essaye de faire au mieux.

J'enseigne dans deux établissements, là j'ai un collège à Vitry, et un lycée pro au Kremlin Bicêtre. Le club a essayé de joindre quelqu'un à la Fédération pour que je finisse au moins à 16h30, comme ça j'ai une heure de trajet, ça me laisse le temps d'arriver à 18h, mais pour l'instant je n'ai pas eu de retour.

 

"Il était hors de question que j’arrête le foot"

 

CDF - Comment s'est passé ton cursus pour être professeure d'EPS et était-ce une obligation de venir sur la région parisienne pour toi justement ?

J’ai eu mon concours de prof d’EPS en juillet 2020.

La première année on est professeur stagiaire, donc on reste dans notre académie. Ayant été très bien classée au concours, j’avais un poste sur Saint-Étienne et donc là cette année j’ai été titularisée, mais on est obligée d’être mutée, car il y a un barème de point en tant que jeune prof comme moi, ni pacsée, ni mariée, et sans enfants. On a que 14 points et avec ces points je ne pouvais demander que l’académie de Créteil, Versailles ou alors Mayotte et la Guyane. Donc je suis arrivée là un peu par obligation, ce n’est pas un choix personnel.

J’avais entrepris des démarches l’an dernier pour faire une demande de mise en disponibilité, c’est à dire arrêter d’enseigner pendant un an pour me consacrer qu’au foot car j’avais l’opportunité à Saint-Etienne d’en vivre, mais le recteur a refusé ma demande. Donc j’ai vite pris contact avec Issy pour rejoindre le club, car il était hors de question que j’arrête le foot.

C’est un peu dommage surtout en tant que prof d’EPS, qu’on ne me soutienne pas dans ma pratique sportive. Mais oui en passant le concours je ne m’attendais pas à ce que la suite soit aussi compliquée. Le club a essayé de contacter quelqu’un à la FFF, mais il n’a pas su nous apporter de réponses...

Dounia MESLI