Le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau a officialisé le lancement de la Ligue professionnelle de football (soccer) au Canada courant 2025. Instigués par Diana Matheson - médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de 2012 et 2016 - et son partenaire d'affaires Thomas Gilbert, le championnat sera composé de huit équipes !

 

Champion olympique en titre, le Canada ne cesse de consolider et professionnaliser son équipe nationale et veut à présent s'attaquer à la formation plus approfondie de ses joueuses locales. Tandis que les pays européens comme l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie ou encore l'Allemagne ne cesse d'avancer, de s'améliorer et de battre les records d'affluence pour leurs championnats respectifs et en Champions League, la France continue tout de même à rafler les titres avec l'Olympique Lyonnais. Malheureusement le championnat de D1 n'attire toujours pas et ne gagne pas en attractivité !

Véritable as de la communication et du marketing, les pays anglophones, voir hispaniques de leur côté, jouissent d'une image et d'une popularité grandissante depuis un peu plus de 7 ans maintenant. Un fait important, pour pouvoir lancer un championnat outre-atlantique qui devrait à terme concurrencer celui de la NWSL aux Etats-Unis.

 

Huit équipes professionnelles en 2025

 

Les Whitecaps de Vancouver et les Foothills de Calgary sont les deux premières équipes à rejoindre ce championnat. Les six autres devraient être annoncées avant juillet 2023 : "On veut faire participer les Canadiennes, affirme-t-elle. On n'a jamais demandé aux femmes d’être propriétaires d’équipes. Je veux le leur demander. Je veux une diversité de propriétaires [...] Nous pouvons aussi offrir un environnement sécuritaire dans notre ligue. Cela a été un énorme problème dans le monde du sport. Nous avons la chance de construire quelque chose pour nous-mêmes. C'est un privilège que nous n’avons jamais eu." Deux partenaires majeurs ont également été annoncés pour soutenir et accompagner le championnat : la CIBC (La Banque canadienne impériale de commerce) et Air Canada.

Le Canada est par ailleurs le seul pays parmi les 30 les mieux classés au monde, à ne pas avoir de ligue professionnelle pour ses joueuses. Pour son projet de ligue professionnelle, Diana Matheson a également pu compter sur ses anciennes coéquipières en sélection, dont Stéphanie Labbé - nommée directrice générale du programme féminin de cette équipe en octobre dernier dans le but de faire progresser le football féminin au sein des Whitecaps - qui s'est réjouit de l'initiative : "On voit l’importance d'avoir des femmes aux commandes. Ça apporte cette connexion pour les jeunes filles qui ne sont pas seulement inspirées d'aller jouer sur le terrain, mais aussi inspirées d'être entraîneuse, d'être arbitre, d'être directrice générale un jour."

Longtemps plébiscitée par les joueuses, le championnat n'a jamais été mis en place par la Fédération. Aujourd'hui à la retraite depuis juillet 2021 et après 15 années en équipe nationale, Diana Matheson aura la lourde tâche de mettre ce projet sur les bons rails. Grâce à cette initiative les Canadiennes auront enfin l'occasion de jouer devant leur famille et fans : "Je regarde les joueuses européennes ou américaines et je suis un peu jalouse. Si elles le veulent, elles peuvent jouer à domicile, elles peuvent jouer dans leur propre pays et être entourées de leurs partisans. Je n'ai jamais eu cette chance au Canada", confie Christine Sinclair.

 

Rivaliser avec les plus grands championnats

 

Passée par Lillestrom en Norvège, Washington Spirit, Seattle Reign ou encore Utah Royals, l'ancienne milieu de terrain est sans aucun doute la personne la mieux placée pour connaître et comprendre les attentes des joueuses, des clubs et des fans pour lancer ce futur championnat. Matheson n'hésite pas non plus à affirmer que cette Ligue pourra rivaliser "dès le départ avec le salaire moyen et compte aller chercher des joueuses de qualité" selon ici.radio.canada. Chaque équipe engagée dans le championnat aura un quota de sept joueuses internationales.

Le Football est l'un des sports les plus pratiqués au Canada par les jeunes filles, et nombreuses sont celles qui ont arrêté par manque d'options et de clubs élite : "Je pense que lorsqu’on vit au Canada et qu’on voit qu’il n’y a pas de ligues professionnelles féminines, ça semble normal. Mais dès qu’on quitte le pays et qu’on voit ce qui se passe ailleurs, ce n’est pas normal. La réalité est que le reste du monde a des ligues nationales professionnelles de soccer féminin. Si nous ne commençons pas à en bâtir une au Canada, nous allons être en retard. explique Matheson"

Evelyne Viens passée par le Paris FC - où elle avait fait sensation - et championne olympique en 2021 à Tokyo s'étonne que le projet n'ait pas été lancé plus tôt : "C'est gênant qu'on n'ait jamais réussi à mettre ça de l'avant. On va se le dire : bravo à l'équipe nationale qui a réussi à performer malgré une base... Il n'y a pas de base en fait." Avant d'ajouter qu'elle rêverait de jouer chez elle : "Ce serait une chance pour moi de représenter le CF Montréal car le club est proche de chez moi, mais c’est aussi un club avec lequel j’ai grandi et que j'encouragerai toujours. J'aimerais pouvoir voir mes amis et ma famille dans les gradins chaque semaine."

 

 

Surfer sur la vague

 

Après le succès à Tokyo, Diana Matheson sait qu'il est temps de propulser le football canadien d'avantage, une nécessité pour l'avenir. Capitaine de la sélection et meilleure buteuse de l’histoire des sélections femmes et hommes confondus avec 190 buts pour 315 sélections, Christine Sinclair sait qu'il faudra du temps pour installer le championnat : "Donnez une chance à la ligue. Ça fait 10 ans que la NWSL existe et c’est loin de ce que c’était au début, explique Christine Sinclair, triple championne avec les Thorns de Portland. La première année, c'était le strict minimum. Il y aura des périodes plus difficiles et les gens doivent l'accepter. On construit pour les 10, 15, 20 prochaines années."

Diana Matheson a également tenu à rappeler qu'il faut continuer de bâtir et laisser un vrai héritage pour les prochaines générations : "Ça a toujours été très important de laisser le soccer féminin dans un meilleur état que celui dans lequel on l’a trouvé. Et c'est la seule chose qui reste à faire : bâtir du soccer féminin professionnel au Canada".

 

Photo : FIFA

Dounia MESLI