Internationale costaricienne, Melissa Herrera est montée crescendo en puissance. De AD Moravia au Costa Rica, en passant par les Etats-Unis ou encore la Colombie, l'attaquante avait rejoint le Stade de Reims en D2 en 2018 et s'apprête aujourd'hui a participer à sa première Ligue des Championnes avec le FCG Bordeaux. Tout juste après la victoire aux tirs au but face à Hoffenheim à l'occasion de la Women's Cup du Grand Est, nous avons profité d'un instant pour échanger avec la néo-Bordelaise, sur son parcours, ses aspirations et ce nouveau challenge à relever !

 

 

Coeurs de Foot - Ton sentiment sur ces deux rencontres Mélissa ? 

Melissa Herrera - Le premier match contre l'Eintracht, la première mi-temps était un peu difficile pour nous, ensuite en deuxième, nous avons mieux joué et nous avons réussi à ouvrir le score par deux fois. 

On savait que ce match face à Hoffenheim ne serait pas la même chose que contre Francfort justement, mais on connaissait l'équipe, le pressing qu'elles mettent en place à chaque match, et elles jouent très bien. Pour nous c'est bien d'affronter ce genre d'équipes, parce que c'est à peu près le même niveau que nos prochains adversaires en Champions League.

 

CDF - Est-ce que justement l'échéance de la Ligue des Championnes, ça vous a mis trop de pression ?

M. H. - Non non pas trop. Déjà on travaille pour ça tous les jours, on ne savait pas quelles joueuses allaient jouer, quelles joueuses iraient en Champions League, mais toute l'équipe travaille dans le même sens.

On sait que la Champions League, c'est la Champions League, ce n'est pas facile. Mais on n'avait pas de pression, on a pris beaucoup de plaisir, parce que ce n'est pas tout le temps qu'on joue la Champions League et Bordeaux à cette belle opportunité. Je viens d'arriver, donc je donne tout pour l'équipe.

 

CDF - On avait l'impression que Hoffenheim ne voulait pas prendre de but, plutôt que de vous mettre en danger. C'est frustrant mais ça vous prépare également ? Tu as eu trois occasions aussi de ton côté ? 

M. H. - Oui c'est ça [ils étaient très défensifs] ! Le match nul (0-0) est frustrant pour les deux équipes, mais il y a eu des opportunités aussi, il a juste manqué l'efficacité pour conclure nos actions.

Oui j'ai eu trois occasions (rires nerveux), j'espère aussi que la prochaine fois je parviendrais à les mettre, parce que c'est important pour l'équipe surtout !

 

CDF - Dès la première minute du match, tu étais à fond, tu étais partout, c'est quelque chose d'important pour toi ? Être tout le temps d'attaque, et présente défensivement aussi.

M. H. - (rires) Oui ma qualité première c'est ça, courir tout le temps avec ou sans le ballon, de faire le plus possible pour l'équipe.

Je suis surtout ici pour marquer des buts et c'est important de tout donner comme tu dis, que je cours tout le temps durant tout le match. Mais aussi c'est important... [de marquer] (elle souffle) J'ai deux/trois occasions, qui doivent aller au fond !

 

CDF - Comment tu fais justement pour avoir autant d'énergie sur le terrain ? Tu as joué sur les deux côtés, parce que Hoffenheim était très replié en défense, est-ce qu'il y a en a un que tu préfères ?

M. H. - On travaille bien avec l'équipe et le staff. C'est ma qualité [d'avoir du cardio], mais on est à fond, tout l'équipe est focus vers le même objectif. Quand on travaille dur et de la bonne manière à l'entraînement, c'est plus facile [d'avoir autant d'énergie]. Il n'y a pas de secret, c'est le travail.

Oui j'ai joué sur les deux côtés, mais moi le côté droit c'est mon préféré, mais si le coach me demande d'aller à gauche, j'irais, même si je dois jouer au centre je le ferais. Je suis prête pour tout, jouer c'est le plus important et ce n'est pas facile de jouer à Bordeaux, il y a beaucoup d'intensité et de concurrence, mais j'aime ça.

 

"J'ai enchaîné les coups durs"

 

CDF - La saison dernière, tu as tiré ton épingle du jeu en deuxième partie de saison notamment. Qu'est-ce qui explique que tu as tout donné à ce moment ?

M. H. - (sourire) Oui c'est vrai que la première partie de la saison j'étais un peu blessée, c'était un peu frustrant, je me demandais pourquoi ça m'arrivait à moi, j'ai enchaîné les coups durs.

Mais je n'ai pas lâché, et en deuxième partie de saison, je suis revenue au meilleure de ma forme et j'ai tout donné pour Reims. Maintenant je suis à Bordeaux, et je remercie Reims parce que c'est grâce à ce club, que je suis ici. Aujourd'hui je veux faire la même chose avec le FCGB.

 

CDF - On a le sentiment aussi que tu es montée crescendo, après le Costa Rica, les Etats-Unis ou encore la Colombie (championne avec l'Independiente Santa Fe). Il y a eu une vraie montée en puissance de ton côté ?

M. H. - Oui c'est magnifique [d'avoir eu ce parcours], parce que comme tu dis je viens du Costa Rica, et avant de venir en France j'étais en Colombie avec Santa Fe.

Je suis arrivée en D2 au Stade de Reims et on a réussi à monter en D1. On n'a pas terminé la première saison (le championnat de D1 avait été arrêté en mars 2020, Reims avait terminé 8e ndlr) et on termine 6e la saison précédente. Maintenant le football me donne l'opportunité de pouvoir jouer dans une grande équipe, et je suis très contente.

 

CDF - On sent que tu as de l'ambition parce que tu arrives du Costa Rica, tu as appris le français, et ça ne doit pas être facile de vivre du football dans ton pays ?

M. H. - Oui ce n'est pas facile, ce n'est pas la même chose qu'ici. La vie au Costa Rica ce n'est pas la même chose qu'en France. Et puis ce n'est pas facile d'arriver dans un autre pays, tu ne parles pas français, maintenant je parle bien. 

En fait c'est ça... (elle souffle) Quand tu arrives à Bordeaux, tu prends la mesure du chemin parcouru. Quand je suis partie de chez moi, j'ai dit : "Je vais pour tout [réussir]" et regarde où je suis ! Je suis très contente parce que Bordeaux était une très bonne équipe, les filles sont très gentilles avec moi depuis le début et avant même que j'arrive, professionnelles. Maintenant je me sens bien franchement.

 

CDF - En sélection tu commences avec les U20 très jeune ? Tu vas jouer avec Shirley Cruz également, on peut dire que c'est un peu une mentor pour l'équipe ?

M. H. - Oui j'avais 15 ans et un an après cela, j'ai rejoint la A, avec qui on a disputé la Coupe du Monde 2015 au Canada. C'est magnifique ! Je joue avec Shirley Cruz (ancienne joueuse de Lyon puis du PSG, ndlr) "Shy-shy", c'est vraiment super. Maintenant je parle avec elle, on a aussi parlé du championnat de France avant que j'arrive, elle me disait que la D2 c'est pas la même que la D1, mais que c'était une grosse opportunité pour moi. 

Oui c'est un peu un mentor, comme Keylor Navas également [pour l'équipe masculine]. Prochainement il va y avoir des matches amicaux, mais je ne sais pas si je serais appelée à cause de la crise sanitaire actuelle.

 

Dounia MESLI