Ce soir sur la pelouse du Parc OL, l’Angleterre devra réaliser un exploit face aux États-Unis pour tenter d’atteindre sa première finale de Coupe du Monde. Pièce maîtresses des Lionesses, Lucy Bronze est aussi la joueuse qui maîtrise le mieux l’environnement dans lequel les 22 actrices vont évoluer. La latérale anglaise retrouve un stade dans lequel elle a eu l’occasion de briller sous les couleurs l’Olympique Lyonnais.

 

Demain au Parc OL face aux États-Unis, Lucy Bronze sera dans son jardin ou presque, un stade qu’elle affectionne particulièrement pour y avoir livré quelques unes de ses meilleures prestations ces deux dernières années sous le maillot de l’Olympique Lyonnais. Elle n’y a d’ailleurs jamais perdu.

Au printemps 2018, c’est dans cette enceinte qu’elle avait notamment décoché une volée mémorable face à son ancien club Manchester City en Champions League. Un mois plus tôt, toujours sur la scène européenne, elle s’était lancée dans une chevauchée fantastique face au FC Barcelone avant de servir Dzsenifer Marozsan à la conclusion.

 

Venue à Lyon pour apprendre

Lucy Bronze brille régulièrement à Lyon, un environnement et un club, l’OL, dans lequel elle estime avoir grandi, évoquant son jeu qui a « complètement changé ». Elle estime notamment que sa « technique est meilleure », une progression qui pour elle explique notamment sa capacité à marquer cette frappe splendide face à la Norvège en quart de finale de ce Mondial.

À Lyon, Lucy Bronze a également beaucoup appris en observant ses coéquipières. Un groupe avec des « joueuses de classe mondiale », évoquant notamment la « présence » de Wendie Renard « lorsqu’elle rentre dans une pièce » ou encore l’exemple de Saki Kumagai, et le leadership incarné par la capitaine du Japon. Mais ses mots les plus forts sont peut-être pour Dzsenifer Marozsan, une joueuse d’un « talent » et d’une « qualité » rare, pour son « amie » Lucy Bronze, qui ajoute avec une pointe d’humour qu’elle ne pourra « jamais frapper un ballon comme Marozsan ».

Du haut de ses 27 ans, la latérale droite anglaise a grandi depuis son arrivée à Lyon et espère désormais récolter les fruits de ses efforts. Des lauriers en forme de trophée le 7 juin prochain devant le public du Parc OL, qui espère peut-être retrouver en finale deux de ses chouchous, Bronze et Shanice van de Sanden, et l’occasion d’observer de près la nouvelle recrue, Nikita Parris.

 

L’héritage américain

Cette Coupe du Monde 2019 est-elle l’aboutissement de cet apprentissage pour Lucy Bronze ? Peut-être, elle dont le chemin est aussi passé par les États-Unis, adversaire des Lionesses en demi-finale. Il y a dix ans déjà, Lucy Bronze avait évolué à l’Université de Caroline de Nord, dans une région devenue l’un des poumons du football féminin outre-Atlantique.

Avec les Tar Heels de North Carolina, elle remporte en 2009 le titre de championne universitaire NCAA avec des coéquipières telles que Tobin Heath, Ashlyn Harris ou Jessica McDonald, des joueuses qui porteront le maillot des États-Unis demain au Parc OL. De cette expérience en Amérique, Lucy Bronze a gardé cette « détermination » déployée par les joueuses sur le terrain et en dehors. Comme son expérience à Lyon, ce sont des éléments que Lucy Bronze a cherché à intégrer dans le logiciel de la sélection anglaise, pour en faire des qualités qui deviennent aussi celles des Lionesses.

Un travail incessant pour chercher à s’améliorer, se rapprocher de la « meilleure version d’elle-même » comme elle l’expliquait en conférence de presse après la victoire en quart face à la Norvège. À Lyon, face à un parterre de journalistes, c’est d’ailleurs une Lucy Bronze plus posée qui a relativisé les propos de Phil Neville après le match, estimant qu’elle méritait le « Ballon d’Or ».

Des compliments qu’elles ne prend pas comme une « pression » supplémentaire, car pour elle l’essentiel est qu’elle continue à « fournir les efforts pour devenir une meilleure joueuse » aspirant sans cesse à progresser malgré l’enthousiasme déjà débordant de son sélectionneur. Joueuse-clé de l’équipe anglaise, Lucy Bronze est ce soir promise à un duel qui pourrait changer le cours de ce Mondial.

 

Rencontre au sommet

Latérale droite, Bronze fera face dans son couloir à Megan Rapinoe, double-buteuse face à l’Espagne (avec deux penalties) puis à nouveau face à la France en quart. Rapinoe, figure de proue de l’équipe américaine dans ce tournoi, alors que Lucy Bronze est aussi l’une des joueuses qui permettent à l’Angleterre d’avancer dans ce Mondial.

Un duel attendu, notamment pour la latérale anglaise qui estime que Megan Rapinoe fait partie des « meilleures joueuses » actuelles. Bronze évoque notamment une liste qu’elle avait faîte il y a deux ans où elle note alors des noms de joueuses contre qui elle aimerait jouer, parmi lesquelles l’internationale américaine. Un ‘‘privilège’’ de défenseure de pouvoir se mesurer aux attaquantes les plus redoutables de la planète et qui situe Rapinoe très haut dans l’estime de Lucy Bronze.

Depuis, elle a eu l’occasion de croiser la route de Megan Rapinoe lors des deux dernières SheBelieves Cup aux printemps 2018 et 2019, l’Angleterre ayant remporté la dernière édition cette année. Lucy Bronze veut d’ailleurs s’appuyer sur cette conviction que les Lionesses peuvent désormais battre les États-Unis, comme lorsqu’elles s’imposent pour la première fois sur le sol américain en mars 2017.

 

Le soutien du public français ?

Des matches qui permettent à Lucy Bronze de dire aujourd’hui que « ce sont juste les Américaines » et qu’elles « sont aussi prenables qu’une autre équipe ». Une assurance forgée par ces rencontres désormais régulières face aux meilleures équipes du monde, et dans lesquels les parties sont toujours « serrées », dépouillant les joueuses anglaises de complexes qui pouvaient exister par le passé. Un apprentissage de ces grands matches alors qu’il y a quatre ans au Canada, l’Angleterre s’était retrouvée dans une position similaire face au Japon, alors champion du monde en titre, avant de craquer dans les ultimes minutes du match.

Au Parc OL, les Lionesses bénéficieront peut-être d’un soutien plus fort qu’initialement escompté. Lucy Bronze évoque d’ailleurs des messages reçus ces derniers jours, depuis l’élimination des Bleues, de la part de membres du staff lyonnais avec des « Bonne chance » mais aussi des « Battez les USA pour nous », lui faisant dire que l’Angleterre pourrait avoir plus de supporters qu’à l’accoutumée parmi le public français. 

Quelque soit l’ambiance ce soir à Décines, la latérale anglaise sait qu’elle va jouer dans un stade qu’elle « adore », avec « un terrain formidable », et une « atmosphère qui permet de faire ressortir ce qu’il y a de meilleur » chez elle et dans les équipes qui jouent dans ce stade. Un cadre idéal pour un grand match, dans lequel l’équipe d’Angleterre rêve d’un formidable exploit, et pouvoir commencer à toucher du doigt ses ambitions de sacre en Coupe du Monde.

 

Photo: Getty Images / FIFA

Hichem Djemai