Après Metz/Guingamp, nous sommes allés à la rencontre de Louise Fleury - l'une des Bleuettes U19/U20 2016 - qui a tenu la première mi-temps du match face à un adversaire messin coriace, avant de céder sa place lors du second acte. Peu satisfaite du jeu qu'elle a produit, la Guingampaise a pourtant répondu présente sur le terrain à maintes reprises, en intervertissant le jeu de l'EAG avec Faustine Robert, et en tentant de forcer le verrou messin avec ses coéquipières. Une remise en question qui démontre le recul que Louise Fleury prend elle même sur son travail fourni à chaque match. Interview.
Coeurs de Foot - On en a parlé avec la coach, Sarah M'Barek, pour comprendre le fait de ne pas avoir joué la seconde mi-temps, c'était compliqué comme match pour toi ?
Louise Fleury - Oui c'était compliqué comme match personnellement, c'était au niveau des jambes. J'avais pas les "jambes" pour le match. Après je pense que le déplacement il a joué un petit peu. Parce que quand t'as 10 heures de bus [à faire] ça n'aide pas. Y'a eu le match de dimanche [face à Rodez] un petit peu aussi. C'était compliqué pour moi, j'étais pas dans mon match et voilà. Maintenant c'était compliqué pour toutes les filles aussi. Moi c'était moins bien, mais c'est comme ça aussi qu'on devient meilleur. C'est avec les erreurs qu'on s'améliore.
CDF - Alors en ayant vu le match sur le banc, en seconde période, qu'est-ce que tu en as pensé, tu penses qu'il y avait moyen de sortir vainqueur de ce duel face à Metz ?
L. F. - Franchement sur ce match, on ne mérite pas [la victoire]. Elles ont été plus présentes sur les duels, avec beaucoup d’agressivité, elles nous passaient devant à chaque fois. Franchement elles nous ont bien bousculé. On n'était pas dans l'impact physique, donc je pense que s'en sortir avec un nul c'est bien, même si c'était pas l'objectif fixé au départ, qui était la victoire, mais on peut se contenter d'un match nul aujourd'hui, malheureusement.
"Pour progresser il fallait que je le fasse"
CDF - Tu es à Guingamp depuis 2013, depuis le FC du Pays Aiglon (Normandie), un club de ta région natale, comment ça s'est fait ce choix pour toi de passer d'un monde à l'autre on va dire, de l'amateur au pro ?
L. F. - Oui voilà j'étais en amateur, mais je suis partie au pôle espoir de Rennes et ma première année, je n'ai pas voulu changer [de club] faire trop de changements à la fois. Du coup, j'ai préféré rester dans mon petit club pour ma première année, mais bon la deuxième année fallait changer parce que pour progresser il fallait que je le fasse. Le niveau était complètement différent de mon ancien club, à Guingamp. J'ai eu plusieurs propositions, mais Guingamp c'était vraiment le club qui m'intéressait le plus dans le projet qu'il me proposait et qui me correspondait plus aussi.
"J'ai vraiment commencé à faire partie du groupe"
CDF - Tu évolues en U19 et tu fais quelques apparitions en D1 au début, avant d'avoir une saison 2014/2015 à vide dans l'élite ? Comment tu l'expliques ?
L. F. - C'est parce que j'étais avec l'équipe U19. La saison dernière c'était mon ultime saison où je pouvais jouer avec cette catégorie-là. Mais durant cette saison là, je n'ai fait qu'une seule apparition en D1, parce que le groupe était constitué et que je n'en faisais pas partie du coup.
L'année dernière j'ai vraiment commencé à faire partie du groupe [D1] et à faire une saison complète en D1.
CDF - La saison d'après 2015/2016, tu jongles avec les U19 et la D1. Qu'est-ce que ça fait à un jeune âge de vivre cet ascenseur de niveau ?
L. F. - Oui bah 2015/2016, j'ai jonglé un petit peu mais j'ai fait plus de matches en D1 qu'en U19.
Vu que j'avais l'âge de jouer en U19, partir en D1 pour moi c'était que du plus, donc quand j'y allais c'était super. Après quand je revenais en U19, c'était ma dernière année donc c'était un autre objectif, parce qu'il fallait apporter son expérience à l'équipe. C'était complètement différent de jouer en U19 ou en D1, ce sont deux motivations différentes, mais ça s'est bien déroulé.
CDF - En plus de cela, la saison dernière est plutôt difficile à vivre pour le groupe avec un maintien accroché au bout ? Vous avez gardé le cap. Cette saison on sent que ça vous a appris à vous renforcer [mentalement] ?
L. F. - Oui c'était très compliqué l'année dernière. C'est vrai que je me sentais mieux avec l'équipe U19 parce qu'avec la D1, niveau ambiance du groupe quand t'es jeune c'était assez compliqué d'arriver dans l'équipe et de se mettre dedans. Donc les U19 c'était plus tranquille et moins de stress.
CDF - Là vous avez quand même bien appris de la saison dernière ? Y'a un nouvel état d'esprit chez le club ?
L. F. - Ah oui complètement. Cette année, c'est vraiment différent, je pense que ça se voit avec nos résultats. C'est un nouveau souffle un petit peu, parce que quand tout le monde vit bien, sur le terrain ça se ressent et voilà tout le monde joue libéré. On fait des résultats grâce à ça aujourd'hui.
"J'étais loin de penser que je ferais partie de l'équipe de France."
CDF - Tu disputes par ailleurs la Coupe d'Europe U19 et la Coupe du Monde U20 l'année dernière, deux moments intenses. Est-ce que tu pensais vivre ça un jour dans ta carrière ? Ce sont des compétitions que tu avais en tête de jouer ou pour toi c'était une belle récompense simplement ?
L. F. - Franchement pas du tout, j'étais loin de penser que je ferais partie de l'équipe de France. Après ça reste un rêve quand même, parce qu'on fait du foot pour être en équipe de France. Mais par rapport à mon potentiel, sincèrement je ne me sentais pas prête et pour moi j'avais pas ma place. Après bah j'ai eu la chance de pouvoir participer à l'Euro cet été et à la Coupe du Monde juste après. Pour moi c'était vraiment irréel et que du plus. Ça m'a apporté énormément aujourd'hui, pour le club et voilà j'en suis super contente.
CDF - Pour la Coupe du Monde on va surtout retenir ta passe décisive pour Delphine Cascarino, t'étais fière tout de même à ce moment-là, parce que c'est le seul but de la victoire capitale (1-0 contre l'Allemagne) pour aller en demi-finale (contre le Japon) ?
L. F. - Oui oui (rires) bah après c'est surtout Delphine qui fait le travail, mais bon ça fait toujours plaisir [de faire une passe décisive] c'est sûr.
"On travaille pour ça et pour moi ça reste quand même un objectif"
CDF - On a interviewé certaine de tes coéquipières des sélections, comme tu nous l'as dit c'est une récompense d'être en équipe de France, mais il y'a deux discours en fait. C'est partagé entre les joueuses qui ont clairement affirmé leur volonté de continuer en équipe de France, et d'autres qui sont un peu plus sur la réserve, c'est pas une fin en soi pour elles. Toi tu te places dans quelle partie du discours ?
L. F. - Bah c'est vrai que si je ne suis pas appelée, c'est sûr que ce n'est pas une fin en soi. Je me dis que si je ne suis pas appelée, il me reste le club et ça reste le premier objectif. Après aller en équipe de France, ça te fait apprendre énormément et puis même on travaille pour ça et pour moi ça reste quand même un objectif. Même si maintenant ça risque d'être compliqué parce que les équipes jeunes c'est terminé.
CDF - Vous avez un début de saison plutôt satisfaisant surtout sur le premier match d'ouverture de votre saison, et votre victoire 1-0 face à Juvisy. Ça vous a lancé tout de même cette bonne entame de championnat. Est-ce que c'est ce qui a clairement défini votre état d'esprit ? Celui de "gagnantes" ? Ensuite tes coéquipières ont fait le spectacle face à Marseille, avec le 4-0 au Roudourou ça l'a renforcé d'autant plus ?
L. F. - Oui c'est vraiment ça ! Je pense que déjà c'était le premier match où on a vu qu'on était une équipe combattante et là je pense que ça nous a donné envie de décrocher tous les autres matches. Quand t'arrives à battre Juvisy, à te donner, les unes pour les autres. Pour moi c'est ça le Football [le dépassement de soi] ! Du coup, oui ça nous a bien lancé notre début de saison.
Oui moi je n'y ai pas participé (sourire) parce que j'étais à la Coupe du Monde [U20], mais même de loin c'était juste énorme, on ne s'y attendait pas. Oui c'est vraiment le nouvel état d'esprit du groupe, c'est convivial.
CDF - C'est quoi l'ambiance au sein de l'équipe aujourd'hui ? Elle a changé par rapport à l'année dernière ?
L. F. - Aujourd'hui, on a vu un peu tout le monde qui s'énervait. Après je pense aussi que quand ça ne va pas, c'était toujours plus compliqué sachant que dimanche on a gagné contre Rodez mais c'était pareil, c'était un peu dans la difficulté donc je pense que faire un déplacement, d'être loin surtout, de se dire qu'on n'est pas arrivées à faire ce qu'on voulait [dans ce match face à Metz], c'est compliqué. Mais bon après on va repartir. Même si on a Lyon ce week-end [en Coupe de France] ça risque d'être compliqué, mais je pense que voilà tout le monde on est conscientes et qu'on va repartir sur de bonnes bases juste après. On va tout faire pour.
Photo : Rene Bach Photos Foot au Féminin