Ce mardi, Hervé Renard et Eugénie Le Sommer étaient en conférence de presse avant la finale de la Ligue des nations face à l'Espagne. Tous deux ont souligné l'importance de cette rencontre au vu du potentiel premier titre de l'histoire de l'équipe nationale française.
Jouez-vous sur l’aspect mental depuis la demi-finale de vendredi ?
HERVÉ RENARD. La première chose est qu’il faut être heureux d’être là. C’est une chance d’y être, quel que soit la compétition que l'on dispute. C’est un moment un peu particulier pour cette équipe de France, il faut savourer et savoir qu’on ne remet jamais au lendemain ce qu’on peut faire le jour même. Il faut avoir confiance en soi.
Quelle est la recette pour vous pour battre l’Espagne ?
HERVÉ RENARD : La possession, c’est bien quand elle est efficace. Contre l’Italie, l’Espagne a eu 70 % de possession mais c’est l’Italie qui a gagné. L’important, c’est le vainqueur. L’Espagne a été championne du monde de manière méritée, elle a pratiqué le plus beau football. Qu’elle soit titrée, c’est une justice, c’est une équipe qui marque beaucoup de buts dans cette Ligue des Nations, mais elle en encaisse aussi beaucoup. Il faudra jouer sur ces failles, elles ont des points forts et des points faibles. Vous avez cité Aitana [Bonmati] mais c’est surtout un collectif fort dans la transition.
EUGÉNIE LE SOMMER : Je ne vais pas donner la réponse. Elles ont gagné la Coupe du monde d’une certaine manière. On a analysé cette équipe, notre match face à l’Allemagne, on a beaucoup de ressources et on sait ce qu’on peut faire. L’Espagne a de très bonnes joueuses, dont Aitana Bonmati qui en fait partie. C’est la Ballon d’or, la meilleure joueuse du monde. L’Espagne a un collectif, surtout mais c’est à nous de nous concentrer.
Ce n’est ni une Coupe du monde, ni les Jeux olympiques. Cette compétition a-t-elle une réelle importance pour vous ?
EUGÉNIE LE SOMMER : Je considère que c’est une compétition importante. Les gens ont peut-être encore du mal à prendre en compte ce que c’est. Mais c’est un titre important. L’équipe qui gagne est pour moi championne d’Europe, On mesure l’importance de remporter ce titre demain.
Sentez-vous que l’équipe plus libérée depuis vendredi et cette qualification en finale ?
EUGÉNIE LE SOMMER : Plus libérée, je ne sais pas. J’ai senti de la joie, de la fierté. C’est la première finale de l’équipe de France, on le sait. On est venu pour gagner et passer cette demi-finale nous rapproche un peu plus de l’objectif. Je me sens confiante, on a beaucoup parlé de ce plafond de verre mais je ne m’en soucie pas. Je n’ai pas le sentiment que ça nous pèse. Les équipes de jeunes ont beaucoup gagné, il n’y a pas de raison qu’on n’y arrive pas avec les A. Beaucoup de nations courent après les titres. Il n’y a qu’un gagnant à la fin et tant qu’on n’aura pas le nôtre, on n’abandonnera pas.
Prenez-vous ce match comme un test avant les Jeux olympiques ?
HERVÉ RENARD : On est conscient d’affronter la première équipe mondiale au classement FIFA, championne du monde. C’est un énorme défi à relever, on préfère le relever plutôt que d’être devant la TV, croyons en nous. Dans ce genre de match, ça se joue à des détails, de la rigueur tactique. Il faudra être concentré sur toutes les phases de jeu. On joue pour cette adrénaline. Quand elle est là, il ne faut pas en avoir peur.
Est-ce un peu comme un Lyon-Barcelone ?
EUGÉNIE LE SOMMER : C’est vrai que cette équipe a beaucoup de joueuses barcelonaises. Ce sera un match différent quand même. Il y a un mix de clubs mais le style est le même. Celui de Lyon et des Bleues, celui du Barça et de l’Espagne. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Si je dois repenser aux matchs contre Barcelone, il faut savoir être patient, accepter d’avoir moins la balle. Le foot est un sport où il faut gagner, peu importe la manière.
Avec votre regard français, que pensez-vous de la progression du football féminin en Espagne ?
EUGÉNIE LE SOMMER : C’est une question difficile car on essaye nous-mêmes de remplir notre stade à la maison. On a réussi à battre un record hors Coupe du monde mais on aimerait encore plus de monde. Pour l’Espagne, c’est un peu pareil. Je n’ai pas la réponse mais il faut promouvoir ce football, inspirer les jeunes filles. Le public est plus familial. Il faut faire en sorte de faire venir les gens, décupler les moyens, promouvoir les affiches.
HERVÉ RENARD : Je suis dans le football féminin depuis peu de temps, j’ai un regard un peu différent. Les choses progressent. Peut-être qu’elles ne progressent pas à l’allure où joueuses, fédérations voudraient que ça progresse. Des moyens sont mis en œuvre. Le fait est que l’Espagne soit championne du monde. Je suis persuadé qu’il y aura du soutien pour cette équipe. Le marketing, la communication, des stades attirants.
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