Sur la pelouse du Cardiff City Stadium, l'Olympique Lyonnais conserve son titre en Champions League à l'issue de sa victoire aux tirs-aux-buts (0-0, 7-6 tab) face au Paris Saint-Germain. La rencontre s'était achevée sur un score nul et vierge à l'issue de la prolongation et comme à Vannes, les tirs-aux-buts ont été favorables aux Lyonnaises qui restent au sommet de l'Europe.

 

Que ce fut compliqué pour Lyon. Un sentiment d'impasse dans le jeu encore plus fort qu'à Vannes, face à une équipe du PSG qui a peut-être eu les meilleures occasions de la rencontre. Des regrets qui vont probablement hanter quelques temps les esprits des joueuses parisiennes, qui ont eu des opportunités d'emporter le match avant la loterie des tirs-aux-buts.

 

Alex Morgan, un retour qui tourne court

 

Car les Parisiennes ne se sont pas effondrées après la finale perdue en Coupe de France, où cette fois-ci également Paris avait eu des arguments pour aller chercher le titre. Plutôt que de montrer ses limites, les joueuses de Patrice Lair ont de nouveau relever le défi et chercher à jouer, quand elles en ont eu la possibilité et l'énergie.

 

Au coup d'envoi, Gérard Prêcheur avait fait le choix d'aligner Alex Morgan, tout juste remis de blessure et alignée en attaque aux côtés d'Ada Hegerberg et Eugénie Le Sommer. L'illusion de son rétablissement rapide va durer une vingtaine de minutes, le temps pour l'attaquante américaine de ressentir une douleur à la cuisse gauche qui l'obligera à sortir rapidement du terrain.

 

Pendant ces vingt premières minutes, c'est Lyon qui contrôle le ballon, même si le chemin du but ne s'ouvre que rarement. Une frappe d'Amel Majri, hors-cadre (6e), un centre d'Eugénie Le Sommer côté droit, que la défense parisienne peine à dégager mais sans qu'Ada Hegerberg ne puisse réellement en profiter (11e). Passée cette première phase de la rencontre, Lyon conserve la direction des opérations mais semble plus exposé aux initiatives parisiennes.

 

C'est Élodie Thomis qui rentre à la place d'Alex Morgan, ce qui amène Patrice Lair à permuter ses deux latérales pour mettre Lawrence face à Thomis dans le couloir gauche et Perisset à droite face à Majri. Le coach parisien qui a conservé sa défense à trois défenseures axiales mise en place à Vannes, mais c'est Grace Geyoro qui débute à la place de Laura Georges aux côtés d'Irene Paredes et Sabrina Delannoy qui a disputé ce soir le dernier match de sa carrière.

 

Shirley Cruz, une capitaine aux manettes

 

Dans ce deuxième temps de la première période, Paris se montre plus dangereux. Cela peut venir d'un ballon perdu, qui profite à Marie-Laure Delie (27e), un coup-franc repris dans la surface par Formiga de la tête (38e) ou d'un long dégagement de Katarzyna Kiedrzynek qui se transforme en attaque rapide à la 33e minute.

 

Sur ce long ballon, Delie dévie de la tête vers Shirley Cruz qui part au but. Elle résiste au retour de Camille Abily et parvient à se mettre en position de frappe dans la surface grâce à un crochet intérieur. Sa tentative voit Sarah Bouhaddi réaliser la parade qu'il faut avant que le ballon ne soit dégagé en corner.

 

Lyon s'expose et Shirley Cruz est souvent la parisienne qui réalise le geste juste pour déstabiliser la défense lyonnaise. Juste avant la pause elle parvient à trouver Lawrence dans le dos de la défense côté gauche mais son centre ne profite ni à Delie ni à Cristiane qui envoie le ballon au-dessus de la barre (45+2). Déjà des regrets pour Paris qui sait que la montre ne lui est pas forcément favorable.

Lyon pousse Paris à la faute au retour des vestiaires

 

Le début de la seconde période est en apnée pour les joueuses parisiennes qui enchaînent les fautes à une trentaine de mètres de leurs buts pour éviter les actions lyonnaises. Des coup-francs qui se transforment parfois en opportunités de but pour les Lyonnaises, à l'image de ce service de Marozsan, et qu'Aminata Diallo est toute proche de dévier dans son propre but (47e).

 

Cinq minutes plus tard, sur un nouveau coup-franc, Ada Hegerberg devance la milieu de terrain parisienne mais bute sur Kiedrzynek avant d'envoyer le ballon au ras du poteau droit (52e). Lyon se rapporoche du but et Paris accuse le coup. En difficulté puis avertie par Bibiana Steinhaus, l'arbitre de la rencontre, Aminata Diallo laisse sa place à Veronica Boquete (57e).

 

Ada Hegerberg laisse également sa place pour l'entrée en jeu de Pauline Bremer (60e). Du trio infernal Hegerberg / Morgan / Le Sommer, il ne reste donc plus que l'attaquante bretonne de l'OL, présente dans tous les duels, et en l'absence de Laura Georges, c'est Sabrina Delannoy qui se retrouve en première ligne. C'est l'un des duels rugueux de ce match, qui a malgré tout semblé moins engagé que ce que l'on pouvait imaginer après la finale de Coupe de France où les contacts se sont multipliés.

 

Dans la dernière demi-heure, Lyon conserve son emprise sur le match, mais la meilleure occasion de la période est à nouveau parisienne avec Shirley Cruz qui sert idéalement Marie-Laure Delie dans le dos de la défense, mais sa frappe dans la surface passe finalement à gauche du but de Sarah Bouhaddi.

 

L'ombre des tirs aux-buts

 

Shirley Cruz, probablement l'une des meilleures parisiennes sur ce match, laisse sa place à la 80e minute à Laura Georges, et l'on se dit à cet instant que Paris a laissé passer ces dernières possibilités de faire la différence dans le jeu. A la 90e minute, Marozsan servie par Griedge Mbock manque le cadre sur une action qui aurait pu ressembler à une balle de match. Les Parisiennes semblent elles à la limite et Perisset doit céder sa place à Perle Morroni (90+3). En prolongation, Lyon continue d'imprimer le rythme de la rencontre, mais les quelques frappes lointaines et coup-francs obtenues par l'OL dans le camp parisien ne suffisent pas à faire basculer le match, face à une Katarzyna Kiedrzynek vigilante dans sa surface.

 

En l'absence de Shirley Cruz, les actions et contres parisiens se transforment souvent en actions individuelles qui illustrent la qualité technique des joueuses du PSG mais sans parvenir à les mettre au service d'un mouvement collectif et pouvoir créer de véritables opportunités. La dernière occasion du match est pour Amel Majri sur coup-franc mais sa frappe aux 20 mètrres passe à gauche du cadre (120e).

 

La séance de tirs-aux buts qui s'en suit amène à une première question, les deux équipes ont-elles étudié la séance de la Coupe de France pour préparé ce match ? Si la réponse semble non du côté de l'OL, on voit Katarzyna Kiedrzynek qui fait ses choix en fonction du placement des tirs lyonnais à Vannes. Une tactique qui lui permet d'arrêter le penalty d'Eugénie Le Sommer (deuxième tireuse), qui place à nouveau son ballon sur la droite du but. Une tactique payante d'autant que les joueuses de l'OL se présentent dans le même ordre que lors de la finale de Coupe de France.

 

Bouhaddi gagne son duel avec Kiedrzynek

 

Sur le tir suivant, Wendie Renard semble s'en rendre compte et change de côté par rapport à son penalty en Coupe de France. Sarah Bouhaddi parvient elle à arrêter le penalty de Grace Geyoro et les deux équipes poursuivent leur séance sans parvenir à se départager. La huitième tireuse parisienne est finalement Katarzyna Kiedrzynek qui manque sa frappe et envoie le ballon à droite du but. Effondrée, elle doit se remobiliser pour faire face à Sarah Bouhaddi qui elle réussit son tirs-aux-buts et donne la victoire à l'OL.

 

Lyon remporte donc la Coupe d'Europe ce soir à Cardiff, dans une finale où les joueuses de Gérard Prêcheur ne sont jamais parvenues à faire la différence dans le jeu. Paris si près du but, mais qui doit s'incliner face à une équipe dont l'expérience collective lui permet de prendre la mesure de ce genre de rendez-vous. Avec cette place de finaliste, Paris n'aura le droit de défier l'OL que sur la scène nationale pour la saison prochaine en attendant de retrouver les compétitions européennes.

 

Pour Lyon, c'est le quatrième trophée européen, l'OL qui égale Francfort au sommet du palmarès de la Champions League. Un record partagé, alors que Lyon devient la première équipe à réaliser un deuxième triplé (Coupe-Championnat-Coupe d'Europe) d'affilée. Une razzia de titres que seul Lyon a su réaliser et qui conclue l'office de Gérard Prêcheur à la tête de cette équipe qui n'a probablement pas fini de gagner.

Hichem Djemai