Double buteuse face au FC Metz (2-0), Kelly Gadea revient par la grande porte sur le devant de la scène avec sa prestation, qui permet à Fleury d'obtenir ces trois premiers points de la saison. On a échangé avec la néo-Floriacumoise, qui a rapidement trouver ses marques au sein du groupe, qui l'a intégré sans accrocs.
Après le match perdu (1-0) contre le PSG le week-end dernier, là vous gagnez à Metz (2-0) aujourd'hui, c'est un excellent début de saison que vous réalisez ?
Kelly Gadéa - Oui on est très contentes. On était vraiment concentrées, déterminées à avoir cette première victoire et c'est chose faite.
Coeurs De Foot - La semaine dernière, c'était des sourires de retrouvailles. Là, c'était ceux de la victoire ?
K.G. - Oui c'est vrai parce que la semaine dernière, on était frustrées un peu [après le match contre Paris, perdu 1-0]. On a eu ce penalty, on sait pas trop s'il y a penalty ou pas. Du coup, on avait un peu l'impression d'avoir manqué quelque chose [contre Paris]. Je pense qu'on méritait vraiment le match nul, on avait fait une belle prestation. Mais c'est bien parce que c'était positif pour la suite et on l'a montré aujourd'hui, même si il y a encore des choses à corriger, parce que tout n'est pas parfait bien sûr. Mais il y a pas mal de choses qui sont biens et d'autres choses à travailler.
CDF - Tu as une grosse expérience et justement, on a l'impression qu'elle rassure ton équipe.
K.G. - J'essaie d'aider l'équipe le plus possible, que ça soit sur les temps forts mais aussi sur les temps faibles, justement les guider même s'il y a des joueuses qui ont aussi de l'expérience au sein de l'équipe et je pense qu'on est un bon groupe de copines et on vit bien ensemble. Ça se ressent sur le terrain. Il faut encore trouver nos repères, parce que je pense que sur ce match, les automatismes ils ne sont pas encore tout à fait là. C'est en train de venir, on l'a montré aujourd'hui et faut continuer.
CDF - Tu es robuste, mais tu t'es fait bousculée aujourd'hui, on peut dire trois fois assez lourdement ?
K.G. - Oui après c'est le jeu, c'est mon poste qui veut ça, j'aime bien être dans le duel. Après, s'il y a faute, il y a faute, et c'est sifflé. C'est un peu avantageux pour nous, parce que ça crée des coup-francs ou des situations dangereuses, donc c'est bien pour l'équipe.
CDF - Sur le terrain, on sent que tu n'as aucune peur.
K.G. - J'ai vécu une mauvaise année la saison dernière et je pense que j'ai envie de tout casser cette année. Je ferai tout pour aider mes copines et pour faire une très très bonne année. En plus c'est l'année de la Coupe du Monde, donc je pense que tout le monde a envie de prouver des choses. Je veux faire de mon mieux, je travaille au quotidien, j'en fais un peu plus peut être que les autres en dehors [du terrain et des entraînements] mais mon objectif, c'est de faire une bonne saison parce que j'ai envie de prouver que ce qui est arrivé l'année dernière...
CDF - Ça ne te concerne pas ce qui s'est vraiment passé à l'OM, tu as beaucoup donné...
K.G. - Non, je me sens concernée parce que je n'ai pas été pas à la hauteur et j'ai envie de l'être cette année et de montrer qui je suis vraiment.
CDF - Tu as été capitaine en jeunes, tu as gagné des trophées. Est-ce que ça c'est un gros point fort aujourd'hui ?
K.G. - Aujourd'hui j'ai 26 ans et je me dis que ça passe vite. Je me dis que, peut-être, il me reste 4-5 ans si mon corps le veut. Mais je prends du plaisir à tous les matches et je le vis comme si c'était pratiquement le dernier. Même si j'ai que 26 ans (sourire), mais 26 ans ça commence à faire. Je me sers de mon expérience, on m'a pas aidé, j'ai vécu des galères dans le foot et ça ma forgé un mental. C'est mieux de vivre des mauvaises expériences, parce que ça te rend encore plus forte. C'est là où quand t'as des remontées, ce n'est que bénéfique pour la suite.
CDF - Par rapport à la semaine dernière, vous avez rectifié votre jeu, vous avez joué plus long. C'était ça la clé on va dire ?
K.G. - On les avait déjà joué en match amical. On avait vu que leur bloc était vraiment compact, ce qui laissait beaucoup d'espace dans le dos. On savait que ça allait être compliqué de jouer dans les pieds pour nous, les deux 8. Du coup, on a tenté des courses dans le dos des défenseures et ça a payé. Je pense qu'on peut mieux faire et il faut qu'on travaille notamment devant le but pour faire peut-être un plus gros score.
CDF - Tu en as parlé un petit peu, tu as vécu une précédente saison compliquée. Vous avez fait un match compliqué la semaine dernière contre Paris (défaite 1-0 sur penalty), surtout pour le mental. Là tu donnes la victoire à ton équipe avec ton doublé. Comment tu te sens ?
K.G. - Je leur ai dit que je me sers de mon expérience. Je leur ai dit que ce n'est pas parce que c'est un promu qu'ils vont nous laisser le match et qu'on va gagner. C'est simplement ça mon discours. Tous les matches, c'est 3 points et tous les matches, il faut mettre autant d'attention, de détermination pour pouvoir remporter les 3 points. L'objectif du club est élevé et je pense que le président a fait beaucoup d'efforts pour les filles et c'est très bien que quelqu'un soit aussi ambitieux dans le football féminin. Ça a le besoin d'être récompensé et on a vraiment envie de le prouver sur le terrain et d'atteindre cet objectif.
CDF - Justement, cette victoire-là, bizarrement, elle rappelle la victoire que tu avais donné à l'OM [contre le Paris FC 1-0, c'était la première victoire des Olympiennes lors de la saison 2017/2018].
K.G. - Ouai ouai ouai. Je sais pas, là je joue un peu plus haut [avec Fleury]. L'année dernière [avec l'OM, on jouait à deux 6, là on joue à deux 8]. Ça change en fonction des systèmes, des matches. Je suis amenée à jouer un peu plus haut et voilà après, je travaille sans me prendre la tête. Comme je l'ai dit, après la pluie, le beau temps. Et le beau temps, il arrive.
CDF - C'est vrai que le PSG a été une piqûre de rappel ? Là vous avez prouvé de quoi vous étiez vraiment capables ?
K.G. - Oui, mais on a fait une belle prestation contre le PSG, mais on a pas été récompensées. Ça nous permet de garder la tête sur les épaules et de ne pas trop s'enflammer. On a gagné aujourd'hui, on se devait de gagner et c'est chose faite. Il va falloir se concentrer sur le prochain match, prendre les matches comme ils viennent et ne pas sous-estimer les adversaires qui viennent de monter ou qu'ils sont 9e ou 10èmes. Il faut les prendre très au sérieux cette année.
CDF - La dernière question concerne un fait que tu as dit juste là. Tu as dit que tu donnais des consignes à tes coéquipières. Est-ce que tu te considères comme une leader parce qu'il y a pas mal de leaders à Fleury, Maeva [Clemaron], Teninsoun [Sissoko] ?
K.G. - Je pense qu'ils m'ont direct prise sous leur ailes et ils attendaient de moi que je le fasse. Moi, j'aime aider les autres, donc ça se fait naturellement. Plus je donne et plus je suis contente. Je suis heureuse, avec ce que j'ai fait aujourd'hui, je suis contente d'apporter un plus [à mon équipe]. Après c'est le 2e match, on va pas s'enflammer, on verra. Je ferai tout pour que le groupe progresse et qu'on arrive à avoir une bonne place au classement à la fin de la saison.