Karim et son ballon (football freestyleur) « maintenant il n’y a plus vraiment de différence entre les filles et les garçons. Le niveau est vraiment le même des deux côtés. »

Il a inondé les spots publicitaires d’une grande chaîne de télévision annonçant l’émission Téléfoot et les matchs de l’Équipe de France. Avec son regard bleu azur, ses cheveux blonds dorés mais aussi et surtout ses jongles artistiquement acrobatiques, Karim relève n’importe quel défi lié à la relation privilégiée qu’il entretient avec son ballon.

Ce freestyleur a déjà fait sourire 100 personnes dans le métro, réveillé un village quasiment mort, réalisé le même geste technique qu’un certain Zlatan et exaucé beaucoup d’autres demandes aussi originales les unes que les autres. La particularité de ses défis est qu’ils sont imaginés par des internautes avertis, des sportifs célèbres ou anonymes ou encore des amateurs de ballon rond !
Pour « Cœurs de foot », Karim livre son regard d’homme et de sportif de haut niveau sur cette discipline loin d’être réservée uniquement au sexe dominant !

 CDF : Vous qui évoluez constamment avec votre ballon, quelle est votre réaction quand vous voyez une femme qui a cette même relation?

KESB : Disons qu’au tout début du freestyle quand je voyais des filles évoluer dans cette discipline, j’avais beaucoup d’admiration. Pour certaines, elles ont beaucoup de grâce. C’est très beau visuellement. Mais maintenant, je ne suis plus trop étonné du niveau de freestyle des femmes parce que ça a beaucoup évolué. Et donc actuellement, il n’y a vraiment plus de différence entre les filles et les garçons. Il y a énormément de filles qui sont plus fortes que les garçons.

 CDF : À quoi attribuez-vous cette évolution?

Le freestyle était auparavant une discipline peu connue. C’est la pub Nike, diffusée en 2001, qui a commencé à faire des émules. Cette pub réunissait de grands basketteurs et le footballeur Ronaldinho entre autres. Ensuite, il y a eu le komball imaginé par un homme qui souhaitait offrir un support visuel à son fils en guise de cadeau d’anniversaire, vu qu’à cette époque, aucun DVD de football freestyle n’était disponible à la vente. Il a donc compilé à travers un DVD les meilleurs gestes techniques de football freestyle. A partir de là, on en a réalisé trois sortis consécutivement chaque année. Et dès la première année, il y a eu un engouement de la part des jeunes. On va dire que la discipline a vraiment explosé en 2006. Il y avait peu de filles qui en pratiquaient à l’époque et maintenant il y en a de plus en plus et qui commencent très tôt. Il y en a même qui débutent à 7-8 ans !
Notre activité est un peu à l’image du hip hop des années 80. Malheureusement ce n’est pas aussi structuré qu’on aimerait. Mais, je pense qu’avec le temps ce sera plus ordonné. Cela dit, le processus est assez long.

 

CDF : Quelle serait votre attitude à l’égard d’une fille ou d’une femme qui associerait sont prénom à « et son ballon » ? En somme, faire la même chose que vous avec le même intitulé ?

KESB : Je ne sais pas comment je réagirai en fait ! C’est une question que je ne me suis pas trop posé. Je pense que je prendrai contact avec elle tout simplement pour faire connaissance et en même temps c’est quelque chose de plutôt plaisant. Si une personne fait la même chose que moi avec les défis et le même nom c’est que ça lui plait énormément ! Et quelque part, je ne le prendrai pas mal. Ce ne serait pas une forme de jalousie ou autre, bien au contraire ! Je verrai ça plutôt comme un échange sportif…

 CDF : Quelle est la différence entre le football freestyle masculin et le football freestyle féminin ? Concrètement, qu’est-ce qu’une femme peut faire de mieux ou de plus que son homologue masculin ?

KESB : Maintenant, il n’y en a aucune. Il n’y en a vraiment aucune ! Je ne sais pas si vous connaissez la championne du monde de freestyle, Mélody (Donchet). C’est une nana très douée. Et bah, elle a mis à l’amende énormément de garçons. Moi, j’ai l’habitude de travailler avec Nawel (Hadjaf). C’est une relation assez particulière que j’entretiens avec elle, d’autant plus que c’est une fille. C’est vrai que quand tu assures un show avec des filles, les garçons en tant que spectateurs sont vraiment étonnés et épatés de la performance réalisée. Ajoutez à cela des concours de petits ponts durant lesquels les freestyleuses n’hésitent pas à se mesurer aux garçons et à enchaîner les petits ponts sur leurs proies pour le plus grand plaisir des spectateurs. Tout ça pour dire que maintenant il n’y a plus vraiment de différence entre les filles et les garçons. Le niveau est vraiment le même des deux côtés.

 CDF : Pour vous, une femme qui pratique le freestyle doit être avant tout une bonne footballeuse ?

KESB : C’est une super question ! En fait, en effectuant du freestyle seule juste pour la performance tu n’as pas besoin d’être une bonne footballeuse. Par contre, dans ce que j’essaie de véhiculer dans le freestyle comme les échanges de balle ou les déplacements là, il faut vraiment être une bonne footballeuse. Par exemple, avec Nawel je peux faire des shows que je ne pourrai jamais réaliser avec Mélody qui est championne du monde de freestyle. Parce que techniquement, en terme de passes ou de déplacements elle n’y arriverait pas ! Etre footballeuse c’est un truc en plus. Après, on n’est pas forcément obligé d’être footballeur ou footballeuse pour pouvoir faire du freestyle mais c’est vrai que d’en faire ça aide !

 CDF : En parlant de football, vous serez devant votre télé du 6 juin au 5 juillet 2015 (Coupe du Monde de féminine) ?

KESB : Oui, oui bien sûr ! J’ai regardé la précédente Coupe du Monde. Cette année, on a une bonne équipe. Les filles ont pris un peu plus d’expérience aussi. Il y a également le PSG qui est en train de monter avec leur participation en finale de la Ligue des Champions. Le football féminin, à mon sens, n’évolue pas aussi vite que j’aimerai. Malheureusement en France, on est en retard sur beaucoup de choses. On est en retard de 10-15 ans sur d’autres pays. Quand on regarde les autres championnats féminins à l’étranger, ce n’est pas le même football, c’est vraiment plus technique, ça va vite. C’est comme le futsal, c’est pareil ! A la base cette discipline vient du Brésil, ça fait très longtemps qu’elle existe. Et nous, ça fait 10-20 ans qu’on pratique le futsal. Mais bon, le football féminin fait son petit bonhomme de chemin et je trouve que ça évolue dans le bon sens. C’est vraiment plaisant de regarder un match féminin même s’il y a beaucoup moins d’impacts physiques et que c’est un peu moins rapide que les hommes. Toutefois, ça reste assez technique et il y a de très jolis buts qui sont marqués ! Quand on regarde les matchs ou les résumés, on a vraiment l’impression de voir le Barça jouer. Sur certaines actions ou phases de jeu, elles sont vraiment impressionnantes !

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Keltoum Bessadok

Dounia MESLI