Dans le groupe A de la nouvelle D3, on retrouve le club de Troyes emmené par Karim Grimet depuis 2022. Seule équipe de la catégorie ayant participé à la Aiglonnes Cup disputé en août à Fontainebleau, le coach voulait avant tout préparer ses joueuses à la saison qui arrive, avec des adversaires qui ont bien connu la D2, à l'image de l'US Saint-Malo, le CA Paris ou encore le Stade Brestois. Entretien.

 

Coeurs de Foot - Bonjour coach, le score aujourd’hui est sévère, mais pas illogique malheureusement (défaite 11-0 contre la D2 de Nantes) ?

Karim Grimet - Complément, le score est sévère ça fait mal mais c’est comme ça, on apprend. On a joué une belle équipe de Nantes, qui est installée en D2 depuis quelques années, qui a un gros budget, un des plus gros budget de D2, et malgré ça l'an dernier pour vous dire à quel point c'est relevé, sportivement ils devaient descendre (Nantes a été repêché aux dépens de Soyaux, qui a été relégué par la DNCG, ndlr), donc on savait où on mettait les pieds.

Nous à l'inverse on fonctionne comme une structure en amateur, même si on est rattaché club pro, donc forcément moins de filles d'expériences, expérience qui qui peut nous aider sur un match comme aujourd'hui. 

 

Journaliste - Vous avez également des joueuses blessées ?

K. G. - Oui là début de saison, on à déjà deux croisés, avec des joueuses assez importantes de l'effectif, et une luxation de l’épaule, donc forcement ça restreint les possibilités pour nous le staff. 

Mais un match comme ça il faut en tirer les bons côtés, même si cela est dur de le prendre du bon côté, il faut et se dire qu’il faut retourner au travail et avancer.

 

CDF - Comment se passent les entraînements de votre côté, vos semaines avec les joueuses ?

K. G. - Les joueuses travaillent toutes, donc les entraînements se font le soir, de 19h à 20h30. On a quatre séances par semaine, donc du mardi au vendredi, et match le week-end en général.

Elles sont ou étudiante, ou elles travaillent. Aujourd'hui on a joué avec un effectif très jeune et il y avait quelques U18 sur le terrain, qui sont encore au lycée.

 

CDF - Pensez-vous à terme réussir à attirer des joueuses plus expérimentées qui sont passées par la D1 ou la D2 pour pouvoir relever le niveau ?

K. G. - Clairement cela serait l’idéal, nous cherchons à former pour pouvoir amener ses filles au niveau national chez les grandes. Donc l'essentiel c'est de bien recruter chez les jeunes dans un premier temps et d'avoir les bons profils nous, qu'on va former.

Derrière l'idéal serait forcément d'avoir deux/trois joueuses d'expérience, qui puissent nous aider à accompagner ces jeunes. Maintenant il faut le réseau pour ça, cela fait deux ans maintenant que je suis dans le foot féminin pas plus, donc c'est dur pour se créer des réseaux, il faut faire des rencontres comme celle d'aujourd'hui avec le nombre de clubs présent, cela peut créer des opportunités.

 

Journaliste - Votre équipe a souvent échoué à accéder au championnat national, avec cette création d’une D3, cela peut-il vous permettre d’avoir un pallier pour pouvoir vous structurer et progresser plus doucement ? 

K. G. - Oui complètement. Nous ce qu'on espère c'est que avec nos joueuses, et c'est pour ça que je dis que l'idéal c'est de former, c'est de se dire le niveau D3 je pense qu'on peut être un club sans trop de moyens, et se maintenir.

Maintenant il faut bien travailler, il faut en être conscient et je le disais il faut être accompagné quand même de joueuses d'expérience. Mais là on sait où on met les pieds maintenant, et aujourd'hui c'est un petit rappel, de se dire : "Voilà on est en phase de prépa rien de grave, et c'est très bien". Il faut se dire que ça nous aide, maintenant travaillons, avançons.

 

Journaliste - Comment se passe votre préparation justement ? Vous avez joué Charleroi.

K. G. - Oui c'est ça, on a perdu 2-1 contre Charleroi, qui joue en D2 Belge. Après on était au complet, l'équipe était un peu moins jeune chez moi et eux avaient repris le championnat beaucoup plus tôt que nous, ils étaient à leur quatrième match, donc c'était dur athlétiquement pour nous et c'était plutôt cohérent et bien [comme résultat et prestation]. 

Aujourd'hui je pense qu'il y a une certaine forme de pression aussi, il ne faut pas oublier qu'en huit minutes on prend deux buts et ça n'aide pas à rentrer dans un match, donc forcément derrière tu sais que tu vas souffrir et c'était une belle équipe on va pas se mentir. Donc derrière c'est dur, mais on en a donné quelques-uns au début, qui nous ont fait mal après pour la confiance.

 

Journaliste - Quelle est la suite de votre préparation, dans votre programme ?

K. G. - Chaque weekend on a on a une rencontre, après ce que je voulais c'était taper très haut très fort au début pour que mes filles prennent conscience de ce qu'on allait vivre durant la saison, et j'espère qu'on va pouvoir se rassurer avec des matches contre des équipes de R1 pour la fin de cette prépa. J'espère que mes filles seront plus prêtes athlétiquement, meilleures, et se mettre en confiance avant de démarrer le championnat c'était l'idée.

 

"C'est cet état d'esprit c'est cette

mentalité qu'on veut"

 

CDF - Vous préparez vos joueuses à relever ce challenge de la D3 ? Car il y a peut-être un manque de vivier de joueuses autour de vous ? C'est un jeune projet, qui commence à se mettre en place du côté de Troyes ?

K. G. - Oui. En fait l'idée c'est de se dire que là aujourd'hui, en emmenant les plus jeunes, qu'il faut bosser car ça va être dur, et c'est cet état d'esprit c'est cette mentalité qu'on veut avec notre staff et ça des U9 aux seniors.

L'idée c'est qu’on joue avec nos joueuses, vous l'avez dit Troyes ce n'est pas si grand que ça, donc le vivier n'est pas énorme, autour on a on a un club comme le stade [de Reims] qui rayonne sur toute la région, donc dès qu'on a des filles, l'idée c'est de les faire bosser. Parfois on part de très loin avec des profils, qui aujourd'hui sont sur le terrain.

 

"Quand on est passionné de foot on a envie

de toucher au haut niveau"

 

CDF - Vous êtes là depuis deux ans, comment voyez-vous votre avenir dans le foot féminin, et avez-vous des ambitions, notamment pour but d’atteindre la D2, voire la D1 ?

Forcément, quand on est passionné de foot on a envie de toucher au haut niveau, là on l'effleure seulement et l'idée c'est d'aller chercher plus haut et j'espère avec mon équipe. Mais comme je vous ai dit on sait très bien que pour le moment, les moyens sont limités, très limités même je dirais, donc après le but c'est d'apprendre aussi.

Aujourd'hui les filles ont appris, mais moi aussi j'ai appris. 

 

"L’idée du club c’était aussi de rapprocher

les filles et les garçons"

 

CDF - Avez-vous un analyste vidéo peut-être pour faire un retour des positionnements avec vos joueuses ?

K. G. - On n’a pas filmé le match, quand on sera à domicile on aura les caméras, mais là on a personne avec nous. Ne serait-ce qu'en terme de staff aujourd'hui, on a vu là d'un côté et de l'autre (sourire), on a vu qui était un peu plus en place que l'autre (sourire). Mais non tout le monde a appris, moi le premier, et oui je suis ambitieux donc je ne lâcherai rien avec mon groupe.

L’idée du club c’était aussi de rapprocher les filles et les garçons, j’étais précédemment au club - en centre de pré-formation et école de foot - sauf que je m’occupais des garçons. Moi en étant chez les garçons je ne connaissais absolument personne de la section féminine, on se croisait sur les événements du club et aussi lors des matches des pros [en Ligue 1/Ligue 2], donc là l'idée c'est de retrouver cette exigence qu'on a chez les garçons, d’avoir la même chez les filles, et leur dire que : "Aujourd'hui si vous êtes là c'est grâce à votre travail, c’est que vous l’avez mérité, mais parce que vous avez bossé, que vous étiez exigeantes, et peut-être que notre exigence d'avant c'est plus la réalité, il faut peut-être monté d'un cran". Mais j’ai un bon groupe, je suis agréablement surpris.

Je ne vais pas vous mentir, en arrivant dans le foot féminin je n'étais pas le plus heureux du monde, tout le monde m’a appelé pour me dire de ne pas prendre ce projet, mais au final, je suis agréablement surpris de l'état d’esprit, les filles sont bosseuses, on leur trouve plein de défauts, moi je leur trouve plein de qualités pour le moment. Il y a des jours où elles sont un moteur pour moi, on est humain, quand on arrive à des séances, on a un peu moins d'énergie, je suis un peu fatigué, et elles sont là motivées à 2000%, tu n'as pas le droit toi de ne pas être à la hauteur !

 

Propos recueillis par Dounia Mesli

. La rédaction