Comme les deux autres promus, la Roche-sur-Yon est dans une situation délicate en championnat. Dixième et donc relégable, la Roche a cependant le même nombre de points que l'EA Guingamp (9ème) et peut donc légitimement espérer rester dans l'élite à l'issue de la saison. Malgré les mauvais résultats, une joueuse de la Roche sort du lot, il s'agit de Julie Pasquereau (21 ans). La joueuse formée au club s'est livrée, en exclusivité pour Coeurs de foot, sur la seconde partie de saison de son équipe, ainsi que sur ses ambitions personnelles pour la suite de sa carrière. Interview.

Coeurs de foot : La Roche est 10ème et premier relégable à mi-saison à égalité de points avec Guingamp. Comment jugez-vous cette première partie de saison ?

Julie Pasquereau : "C'était un test en tant que promus. On ne savait pas trop à quoi s'attendre. On savait que le niveau serait beaucoup plus haut que la D2. Après on est toujours dans la course au maintien. Il y a un peu de regrets sur le début de saison, notamment sur nos trois premiers matchs qui sont importants (ndlr: trois défaites*). On a quand même bien réagi et je suis plutôt satisfaite finalement."

CDF : Qu’est-ce qu’il a manqué sur certains matchs pour obtenir un meilleur résultat ?

JP : "On a un groupe très jeune, notre effectif a une moyenne d'âge de 21 ans. Il y a eu un manque d'expérience face à des adversaires qui évoluaient déjà en D1 la saison dernière."

CDF : Pensez-vous à la relégation ou, au contraire, le groupe est plutôt confiant ?

JP : "On s'est aperçu qu'on pouvait avoir les armes pour rivaliser avec les autres équipes donc on est plutôt confiantes. C'est l'objectif donc on va tout faire pour se sauver."

CDF : Le club était conscient du niveau supérieur en D1, mais que va t-il falloir changer lors des matchs retours pour se sauver ?

JP : "Je pense qu'on a appris de nos erreurs de cette première moitié de saison. Évidemment durant la phase retour on essaiera de ne pas faire les mêmes erreurs donc on espère que les résultats seront meilleurs."

CDF : Existe-t-il un fossé important entre la D2 et la D1 ?

JP : "Oui, effectivement surtout au niveau du rythme. Mais au final, au bout de 2-3 matchs on commence à s'y habituer. L'adaptation s'est plutôt bien faite. En D1 la moindre erreur se paye directement donc chaque match est difficile." 

 

CDF : Selon vous, que devraient faire les clubs promus en D1 pour éviter de se retrouver dans la même situation que Nîmes cette saison? 

JP : "La Roche est un club avec de bonnes infrastructures mais on ne peut pas rivaliser avec les clubs qui ont le statut professionnel comme Lyon et Paris par exemple. Les joueuses ont des contrats et ne font que du football toute la semaine, donc c'est compliqué face à ces équipes. On reste pour l'instant un club amateur... Je ne sais pas si un jour la Roche aura ce statut pro même si cela reste un objectif ! La qualité de l'effectif est très importante mais le nombre de joueuses aussi car les blessures sont plus fréquentes qu'en D2."

CDF : Comment expliquez-vous les difficultés de la Roche à marquer des buts cette saison ?

JP : "On travaille beaucoup le jeu à l'entrainement, peut-être qu'il faudrait aussi faire un peu plus de finition durant les séances. La saison dernière on se procurait beaucoup d'occasions donc logiquement on marquait beaucoup de buts, là c'est plus compliqué. En l’occurrence, on doit être plus présentes en défense donc on perd de l'énergie à récupérer le ballon et malheureusement, le peu d'occasions qu'on se procure on ne les met pas au fond. Je pense qu'il faudrait plus travailler le réalisme et la lucidité face aux cages pour changer cette statistique."

CDF : Les attaquantes ne marquent que très peu pour l’instant, est-ce dû à un manque de confiance ?

JP : "En réalité, on n'a pas réellement de buteuse attitrée. A la Roche tout le monde peut marquer, on est d'ailleurs 3-4 à avoir inscrit trois buts. C'est vrai qu'il nous manque peut-être une vraie buteuse mais c'est également notre force collective."

CDF : D’un point de vue personnel, vous réalisez un assez bon début de saison, êtes-vous satisfaite de vos prestations ?

JP : "Satisfaite c'est difficile à dire. Je suis très exigeante avec moi-même. Je suis un peu déçue de ma fin de première partie de saison car je me suis blessée donc j'ai raté les trois derniers matchs. Mise à part ça, je suis contente car c'est le championnat dans lequel je veux évoluer et j'ai vu que je pouvais avoir le niveau de la D1, donc c'est positif."

 

CDF : Vous êtes co-meilleure buteuse du club avec trois réalisations; est-ce un point que vous avez travaillé ? Sachant que la saison dernière en D2 vous aviez déjà inscrit 12 buts...

JP : "À la base je suis plutôt une joueuse défensive, mais depuis quelques temps j'évolue plus haut sur le terrain donc forcément ça change... Durant les entraînement, j'essaie de me mettre en condition de marquer pour travailler ce point justement pour continuer d'inscrire plus de buts."

CDF : Vous avez réalisé toute votre carrière à la Roche-sur-Yon, en cas de descente pensez-vous qu’un départ serait envisageable ?

JP : "Oui car mes objectifs sont clairs, je veux rester en D1. C'est vrai que c'est mon club de coeur, j'ai fait toute ma formation ici, mais je sais que si je veux continuer de progresser il va falloir que je parte à un moment donné. Je ne sais pas encore si j'aurai des opportunités, mais pour l'instant je suis très bien dans mon club."

CDF : Est-ce que vous avez un club en particulier qui vous ferez rêver ? En France ? Ou à l’étranger peut-être ?

JP : "Pas forcément en France même si les clubs avec le statut professionnels font rêver. Après je suis réaliste, je suis plutôt posée donc un club familial ce serait le top ! L'idéal pour moi serait de rester à la Roche-sur-Yon après s'il y a des opportunités à l'étranger ça peut être intéressant, mais réussir en France ce serait déjà pas mal !"

CDF : Vous avez connu l’équipe de France U17 il y a quelques années. Est-ce un objectif de retrouver le maillot bleu mais les A cette fois-ci ?

JP : "Pour le moment ce n'est pas ma source de motivation. Mon objectif principal est de m'imposer dans le championnat de France de D1. Mais je suis réaliste donc honnêtement je ne pense pas avoir le niveau pour intégrer les A du moins pour le moment..."

CDF : Justement, à l'époque, qu’est-ce qu’il vous a manqué pour être rappelée en équipe de France ?

JP : "Peut-être un peu de maturité et d'expérience. Je n'ai pas connu les pôles France. Je suis arrivée en EDF un peu perdue. Il y a pas mal de regrets aujourd'hui car je me dis que j'aurai pu mieux réussir mon parcours en équipe de France jeune... Le fait de jouer en D2 a peut-être aussi été plus difficile pour s'imposer en sélection."

 

CDF : Maintenant que vous avez redécouvert la D1, est-ce qu'il vous serait difficile de retourner à l’échelon inférieur ?

JP : "Honnêtement, oui ça m'embêterait. Je vais tout faire pour maintenir la Roche et continuer dans l'élite."

CDF :  À quel niveau le football féminin doit-il encore évoluer ?

JP : "Il y a eu une très bonne évolution ces derniers temps notamment avec la réforme de la D2 qui va permettre d'élever significativement le niveau du championnat et logiquement celui de la DH va suivre donc c'est bénéfique pour notre football."

CDF : Le football féminin est-il bien représenté à la Roche ?

JP : "Les gens savent maintenant que le club évolue en première division. On l'a vu contre le PSG où le stade était rempli avec plus de 3000 spectateurs donc c'est très positif !"

CDF : Et enfin, qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter pour la fin de saison ?

JP : "Au niveau collectif le maintien avec la Roche-sur-Yon ! Et au niveau personnel, continuer de m'épanouir dans le football, avoir du temps de jeu et le moins de blessures possible !"

Crédits photos : Nelson Fatagraf

Dounia MESLI