Pour parler de la première partie de saison réussie du Val d'Orge, nous avons échangé avec Julie Machart. Arrivée cette saison au club, c'est une attaquante qui a longtemps évolué en D1, et même joué les premiers rôles avec Juvisy. Elle pourrait désormais participer à faire monter un deuxième club de l'Essonne au sein de l'élite.

 

Cœurs de Foot – A l'issue de la première partie de saison dans le groupe B, vous êtes premières cinq points d'avance, aucune défaite, dans un groupe qui s'annonçait compliqué. Est-ce qu'au sein de l'équipe vous êtes surprises d'une telle performance ?

Julie Machart – Oui, quand même. Parce que nos objectifs, c'était pas la première place, c'était les trois premières. Maintenant, on a pris les matches les uns après les autres. Et puis, voilà, ça prouve que cette année, il y a un bon groupe, il y a eu des nouvelles joueuses qui sont assez expérimentées donc ça a un peu étoffé le groupe donc c'est bien. Un peu de vieillesse et de jeunesse, la mayonnaise elle a bien prise et on en voit le résultat à la mi-saison. Donc, on est plutôt satisfaites, c'est bien. Maintenant, place à la deuxième [partie].

CDF – Est-ce qu'il y a eu un moment-clé dans ces premiers mois de championnat. Par exemple, il y a eu deux matches nuls sur les trois premiers matches avant d'enchaîner les victoires...

JM – C'est vrai. On a commencé par Toulouse qui est une très bonne équipe parce qu'elles ont quand même du vécu en D1. Après on a fait match nul contre Toulon, où là je dirais que le jeu était presque lamentable parce qu'on a été très mauvaises sur le jeu, dans le combat et tout, on s'est fait dominées. Donc heureusement qu'on marque dans les vingt premières secondes parce que sinon, je pense que le match était très compliqué.

Après on a eu une petite réunion, la capitaine [Julie Belouet], moi-même et Corinne Lebailly avec les coachs en se disant clairement les choses, des choses à travailler tout ça. On est repartis sur des bases où tout le monde est reparti dans le même sens et voilà après on a enchaîné les victoires. On a fait un match nul contre Grenoble qui est plus que satisfaisant. Et puis, le fait d'avoir gagné 4-0 contre Dijon, c'est vrai que ça a été la totale. C'est une récompense sur toute la première partie de saison. Après le score, il en reste là mais il va falloir quand même se méfier de certaines équipes.

 

« [Dijon] c'est le match référence de la première partie de saison »

CDF – Est-ce que tu peux nous parler de cette victoire contre Dijon, 4-0, vous prenez seules la tête, deux buts à titre personnel... On dirait que tout a marché à la perfection sur ce match...

JM – En plus, je restais sur six matches sans marquer de buts, donc pour une attaquante c'est très frustrant. D'ailleurs, moi je me suis livré aux entraîneurs, que j'étais pas bien, que j'ai eu une période de six matches où voilà ça voulait pas, j'avais pas tout ce qu'il fallait. Et le fait d'en parler, je suis repartie sur de bonnes bases dès le lundi à l'entraînement.

Et voilà, après, on a fait une superbe semaine à l'entraînement. On s'est pas posées de questions, on a abordé le match de Dijon comme les autres matches. On arrive à Dijon, en plus l'entraîneure, nous on la connaît bien, c'est Sandrine Mathivet [Elle a été entraîneure de Juvisy de 2009 à 2013, époque où Julie y jouait également]. Donc, moi ce qui m'a motivé, c'est de la voir et de me dire : « Ha ! Bah, je t'attendais avec impatience ! ».

Le fait qu'on me mette une petite pression supplémentaire parce qu'on est attendue, moi c'est un truc qui me motive à fond. Après sur le match, tactiquement, techniquement, physiquement, on a été au-dessus sur tous les points. Franchement ce match-là, c'est le match référence de la première partie de saison.

CDF – Nicolas Carric [le coach du Val d'Orge] disait que justement, l'équipe reposait sur un bon collectif notamment sur le plan offensif. J'imagine que c'est utile dans les moments de doute de savoir qu'on peut aussi se reposer sur les coéquipières...

JM – Oui, c'est un plus qu'on a dans l'équipe, tout le monde est capable de marquer des buts. Et ça, c'est vraiment important pour une équipe parce que voilà, moi j'étais pas bien pendant six matches. Bah voilà, y'a d'autres filles qui ont répondu présentes à ces moments-là. Pour tout le monde, pour le mental, c'est très bien parce que voilà on se dit « On peut pas compter sur untel parce qu'elle marque pas aujourd'hui », mais il y en a une autre qui sort son épingle du jeu et c'est elle qui fait gagner l'équipe.

« Il faut plus se cacher »

CDF – Même si ce n'était pas forcément l'objectif au départ, la D1 c'est maintenant un objectif assumé ou est-ce que c'est encore un peu tôt pour y penser ?

JM – Comme je l'ai dit en entretien [avec le coach], on est premières, on a cinq points d'avance, il faut plus se cacher. Parce que de toute façon sur les matches retours, on sera attendues. Et pour maintenant, avec cinq points d'avance, il faut aller jusqu'au bout, il faut même pas chercher à comprendre. C'est pas tous les jours, toutes les saisons qu'on va avoir cinq points d'avance à la mi-saison. On le voit encore en D1 maintenant, c'est de plus en plus serré. Lyon ne domine plus tout le monde, le PSG se construit, Montpellier grandit petit à petit comme ils l'ont prévu. Et non, maintenant, personnellement je pense qu'il faut plus se cacher et qu'il faut jouer le jeu jusqu'au bout.

CDF – Et là sur la fin de saison, quels seront les principaux adversaires du Val d'Orge pour la montée ?

JM – Je pense que Dijon, il faut s'en méfier malgré qu'elles ont pris 4-0 à l'aller parce qu'ils ont des individualités qui sont très très bonnes. Grenoble c'est très très fort aussi. Après Vendenheim, c'est une très bonne équipe aussi. Je pense que tout se jouera entre Dijon, Grenoble et nous.

CDF – Avant la reprise du championnat, vous allez jouer en Coupe de France face à Lille. Une équipe que tu connais bien pour y avoir joué la saison dernière. Comment est-ce que tu vois ce match ?

JM – Je pense que pour nous, ça va être un match test, parce que sur le papier, Lille est supérieur à nous. En connaissant toutes les recrues et les filles que j'ai pu voir jouer, elles sont supérieures à nous sur le papier. Maintenant, ça se joue sur le terrain. Donc pour nous, une équipe qui était pas prévue pour la montée en D1, je pense qu'on va se juger à Lille et on verra ce qu'il en sera. Mais moi, c'est la qualification que je veux.

 

« J'espère pour elles qu'elles vont monter »

CDF – Et Lille dans le Groupe A, tu les vois monter en D1 ?

JM – Oui dans leur groupe c'est sûr. Il est un peu plus facile que le nôtre, quand même. Non, je pense que Lille, je l'ai dit dès le début de la saison que pour moi de l'autre côté, c'était Lille qui montait. Je le redis, je me cache pas, je les soutiens. J'ai toujours des filles avec qui je suis en contact. Voilà, tout se passe très bien, et j'espère pour elles qu'elles vont monter en D1 surtout. C'est leur objectif donc j'espère qu'elles l'atteindront.

 

Photos: Nelson Fatagraf

Hichem Djemai