Promu cette saison après une relégation en 2017, l'AS Saint-Etienne ne voulait pas faire de la figuration pour son retour dans l'élite du championnat de France. Malgré une saison précédente compliquée avec l'arrêt du championnat en octobre 2020, les Stéphanoises démontrent un état d'esprit de guerrières et revanchardes lors de chacune de leur rencontre, avec un match nul arraché d'entrée face à Bordeaux (1-1) et une victoire éclatante 4-0 contre Dijon. La réaction du coach stéphanois, Jérôme Bonnet - à la tête de l'équipe depuis le 6 juin 2017, passé par les U19 F du club juste avant (juillet 2016 à juin 2017, ndlr) - après la courte défaite 2-0 face au PSG ! 

 

Coeurs de Foot - C'était un gros match aujourd'hui, vous avez connu deux saisons de D2 frustrante (arrêtée fin mars pour la saison 2019/20 et octobre pour la saison 2020/21 du fait du covid-19, ndlr), avec peu de matches joués pour créer un groupe solide, pourtant vous avez réussi à démontrer de très belles choses sur ce début de saison ?

Jérôme Bonnet - C'était un très bon match, à jouer déjà, par rapport à l'affiche. Ce sont des matches comme ça qu'on veut jouer, c'est la D1, c'est du très haut niveau.

Au fil des matches on apprend, on digère, on évolue, on progresse. Ça s'est joué sur des détails les deux buts encaissés, sur un coup franc pour le second but, une situation qu'on avait pourtant travaillé, on se fait déséquilibrer pour le premier... Voilà, mais on ne peut rien reprocher au niveau de l'état d'esprit, au niveau des consignes qui ont été suivies, le respect du plan de jeu.

 

CDF - On avait l'impression que les maîtres mots de ce match était "marquage" et "efforts" ?

J. B. - Oui, c'est rester organisé défensivement, c'est rester en place, faire en sorte de libérer le moins d'espaces possibles à ces joueuses de très haute qualité.

On a des joueuses nous qui savent utiliser le ballon, mais on savait très bien qu'on allait moins avoir le ballon que Paris, et c'était à la récupération essayer de bonifier au mieux pour permettre aussi de ne pas perdre le ballon tout de suite, et reprendre une vague. Il y a eu des choses positives. On ne joue pas dans la même cour mais on s'en rapproche. On se sert de ces matches-là pour les futures échéantes. On ne joue pas dans la même cour mais on s'en rapproche.

 

CDF - Justement comme vous le dîtes le premier but est un peu frustrant, car il y a un défaut de marquage, le seul du match ?

J. B. - Bien sûr. Sur le coup il y a un décalage qui est créé sur le côté droit, sur une situation pourtant qu'on avait analysé, qu'on avait identifié, on avait bien tenu jusqu'à ce moment-là. Dans les 5 derniers minutes de la première mi-temps, c'est là où il faut rester vigilantes, concentrées, rigoureuses... On paye quand même les efforts de la première mi-temps et c'est dommage de prendre ce but à cet instant-là.

L'avantage malgré tout c'est qu'on a un groupe, qui n'a pas douté de ses capacités à les mettre en difficulté aussi bien défensivement, et puis surtout comme je leur ai dit il ne faut pas qu'on ait peur de jouer contre Paris, chaque force a une faiblesse et à nous de les étudier.

On avait je pense bien préparé le match, j'aurai préféré ne pas prendre le deuxième but, pour nous laisser espérer encore plus. Mais bon là il y a la qualité et des tireuses de coups de pied arrêté et des filles dans les zones, des blocs qui sont fait. On va se servir de ça pour apprendre, mais je suis fier de mes joueuses et de l'état d'esprit, du visage démontré à chaque rencontre.

 

CDF - Effectivement depuis le début de cette saison, on voit qu'il y a un gros travail de réalisé, tu encourages beaucoup tes joueuses aussi depuis le banc de touche et elles te rendent bien au final ?

J. B. - Oui, on parle de groupe, on parle d'équipe, le staff, les joueuses, ce n'est pas une somme d'individualités, on veut être là.

Il y a des moments où on va se laisser emporter par les émotions, mais je pense que là elles ont besoin d'être aidées, replacées, parce qu'on voit des choses qu'elles ne voient pas et puis surtout leur permettre aussi de continuer à avoir confiance en elles.

Comme je leur ai dit à la causerie : "Le respect ça ne se demande pas, ça se gagne, ça s'obtient !" Et c'est par ce genre de prestation qu'on obtiendra le respect, on n'est pas le promu, on est l'AS Saint-Etienne, qui joue en D1 et on veut bien figurer et se maintenir.

 

CDF - Comment s'annonce la suite de la saison, êtes-vous confiant pour le maintien ? Vous voyez le groupe solide et consciencieux pour y arriver ?

J. B. - Je suis confiant dans le sens où on voit une évolution de la part de ce groupe, on voit des joueuses qui sont à l'écoute, qui travaillent, qui progressent, qui ont cette recherche sans cesse d'apporter à l'équipe.

Je pense que le staff contribue à ce qu'elles se bonifient et surtout qu'elles apprennent vite et que le temps d'adaptation entre ce qu'on a pu vivre depuis 4 ans et maintenant, il y avait une grande différence et réduire cet écart le plus rapidement possible pour pouvoir aller chercher des points.

Maintenant on avait un calendrier qui nous a permis de savoir où on en était un peu avec deux grosses cylindrées, on va rentrer dans une phase plus compliquée, avec des matches à point(s) et il faudra en gagner en vue du maintien. Mais oui on peut être confiant, si on reproduit ce genre de match, en bonifiant à chaque fois et en apprenant, en tirant des enseignements, il n'y a pas de raison qu'on aille pas chercher des points ailleurs. On a vu une évolution entre le match de l'OL et celui d'aujourd'hui.

 

Journaliste - Au sujet d'Esther Okoronkwo, nommée pour le prix de la meilleure joueuse du mois de septembre et de son apport à l'équipe

J. B. - Elle apporte de la vitesse, ce point de fixation qu'on pouvait avoir avec Audrey (Chaumette), mais avec cette prise de profondeur. On l'a vu à Dijon elle nous a sorti un très bon match avec deux situations qu'elles transforment, il n'y avait qu'elle qui pouvait le faire, par sa vitesse, son sang-froid devant le cage.

Elle découvre le championnat français, elle découvre aussi le très haut niveau, ça reste une bonne joueuse, qu'on doit encore aider à mieux comprendre comment on veut l'utiliser, comment on veut jouer avec elle et on a la chance d'avoir autour d'elle des joueuses qui vont pouvoir la bonifier également.

Il y a encore des efforts à faire, l'apprentissage de la langue, de la compréhension des consignes et à partir de là, on va pouvoir je pense franchir un palier avec elle. C'était important en tout cas d'avoir ce genre de profil qu'on n'avait pas tout à fait à l'heure actuelle.

Dounia MESLI