Dans le football, aucun plan ou projet ne peut être abouti sans conviction, mais les aléas sont le quotidien du staff, qui malgré toute la volonté à vouloir triompher se heurte à plus fort. C'est un fait que chaque coach prend en compte dans ses programmes de saison. Chaque choix à son importance, sa répercussion, sa finalité. L'En Avant Guingamp respire l'âme du football, mais peine à concurrencer les clubs du Top 4. Une saison qui s'annonce mouvementée pour le club Breton, mené par Sarah M'Barek.

 

Un club atypique

De Saint-Brieuc SC/FF (1971-1999/2004) au Stade Briochin (2004/2011) à l'En Avant Guingamp (2011), le club de l'Ouest de la France a du faire face à beaucoup de changements durant son parcours, dans le Football féminin.

Champion de la D1 Feminine en 1989, le club à dès lors jouer les montagnes russes, jusqu'à descendre en D2 en 2005. Le club rebondit dès la saison suivante en retrouvant la D1 et terminant 6ème au classement. Avant de refaire l'ascenseur au sein du championnat de l'élite.

Depuis l'EA Guingamp à connu ses meilleures saisons en 2014 et 2015, avant de subir une précédente saison difficile, avec une place de 8ème et une relégation au-dessus de la tête.

Comme nous l'explique Sarah M'Barek, le club sort "d'une saison difficile mais au cours de laquelle" l'équipe "a pu ressentir beaucoup d'émotions, et surtout avoir la joie de [se] sauver avant  la dernière journée." Un fait qui s'explique par plusieurs actes. En effet la coach explique avec lucidité les raisons de cela, par le fait d'avoir "mal démarré la saison" et d'avoir "manqué de chance, puisque quatre cadres ont été touchées par des blessures importantes" et ont donc été "éloignées des terrains pendant un long moment: Mainguy, Plaza, Le Bihan et Dafeur!". Pour l'ancienne joueuse de l'équipe de France "c'est vraiment ce qui a fait défaut, car le groupe est déjà jeune mais du coup l'équipe manquait vraiment d'expérience et de cadres pour prétendre à une place différente!"

L'ex-Bleue explique également que "c'est la première fois" qu'elle jouait "le maintien en tant qu'entraîneur et c'était la première fois pour plusieurs joueuses également!". Avant de continuer "Or, jouer le maintien, c'est quelque chose qui s'apprend, qui se prépare en tout cas, qui se mûri". Le club après avoir réalisé "une très bonne saison 2014/2015", coach et joueuses n'étaient "pas du tout prêtes psychologiquement!". Mais dans ce moment difficile, l'En Avant Guingamp a réagi avant qu'il ne soit trop tard, en faisant "une bonne deuxième partie de saison". Aujourd'hui, toute l'équipe et Sarah M'Barek sortent "grandies de cette saison 2015/2016!". Au final, elle explique qu'il s'agissait "donc d'un peu de malchance et d'un manque d'expérience" tout en mettant en exergue que le "groupe a réussi à se sauver" de ce passage.

 

Trouver sa ligne directrice

Un club friable qui peine à convaincre, luttant même parfois pour sa place en D1. Guingamp fera encore une fois face à une saison compliquée, sera mis à rude épreuve face aux trois promus de taille : Marseille, Bordeaux et Metz (qui a déjà connu la D1).

Mais le club peut compter sur sa coach, Sarah M'Barek, la force tranquille, un vrai pilier pour la jeune équipe bretonne, qui mènera le club pour la quatrième saison, consécutive.

L'ancienne joueuse met en avant le fait que le club possède "certainement le groupe le plus jeune du championnat". Elle ajoute que la direction du "club investit et donne les moyens aux jeunes joueuses de concilier études et sport!" Grâce à cela Sarah M'Barek a "donc décidé de laisser la place aux joueuses issues" de leur "propre formation (six U19), afin de créer un esprit club, dont les valeurs transpirent et sont véhiculées tous les jours." Mais "pour encadrer ces jeunes" l'équipe aura tout de même "besoin de cadres, de joueuses plus capées,  des joueuses dont la motivation et l'envie sont sans failles et qui ont à cœur d'accompagner ces jeunes et de les aider à accéder au niveau." Un vrai coaching mental pour pousser toutes les joueuses dans le même sens, celle de la réussite du club avant tout. Pour parvenir à cela, Guingamp a "mis en place un double projet à la fois scolaire/universitaire/professionnel et sportif afin de permettre aux joueuses de pouvoir s'entraîner tous les jours, mais également de penser à leur vie personnelle et à leur avenir." Mais le staff du club breton fait face à une fuite de ses talents comme Eugénie Le Sommer, ou Griedge M'Bock plus récemment. Pour palier à cela, Sarah M'Barek confie que malgré cela leur "ambition n'est pas touchée," le club a "envie de bien faire" et il se bat "pour conserver les joueuses qui ont l'esprit club, qui ont des valeurs que nous défendons et c'est le cas en effet de Salma Amani et d'autres." Le staff leur donne "l'envie de rester" pour autant "ce n'est pas toujours facile, face à la concurrence des autres clubs." Tout comme le dernier départ en date, celui de Clarisse Le Bihan, mais la coach affirme que son départ "n'est pas une fin en soi, c'est la loi du sport !!" Revenant ainsi sur les "très bons souvenirs" qu'elle "aura vécu au club", elle qui "a beaucoup donné pour ce maillot," souligne-t-elle. Sarah M'Barek comprend donc "que certaines joueuses aient besoin de voir autre chose après un certain temps," mais le staff avait "anticipé un éventuel départ," même s'il a "tenté de la retenir!" En somme, le club est formateur de certaines des meilleures joueuses du championnat, mais a du mal à trouver sa place en D1 afin de garder ses talents.

 

Puiser dans les ressources

Mais pour palier à ce manque, Sarah M'Barek a su se renforcer avec l'arrivée de Marine Pervier de Nîmes, tout comme l’internationale nigériane Evelyn Nwabuoku, ou encore l’avant-centre Luce N’Dolo Ewele, en provenance de Val d'Orge. Des recrues stratégiques, qui s'intègrent très bien à l'effectif guingampais. De nouvelles joueuses, qui vont donc devoir faire leur preuve pour aider à maintenir le club dans l'élite et viser plus haut.

Car cette saison en plus de devoir faire face à de gros concurrents de la saison précédente, l'EA Guingamp devra se frotter aussi aux promus de cette saison. Avec recul, Sarah M'Barek sait que "le niveau du championnat est certainement plus relevé que celui de la saison passée". Mais la coach croit en son "équipe", "certaine que les difficultés rencontrées la saison dernière vont permettre d'être plus fortes". Comme l'adage le souligne "c'est dans la difficulté qu'on apprend le plus," ce que souligne également Sarah M'Barek : "nous avons appris et nous savons ce que nous avons à faire pour éviter de nous retrouver dans de telles difficultés!"

"L'arrivée de Bordeaux, Marseille, Metz en D1" permet à l'élite "d'avoir des belles affiches et d'attirer certainement un nouveau public". Mais la coach bretonne "n'appréhende pas les matchs" face à ces trois promus, elle a "au contraire déjà envie de les jouer" car elle croit en son "groupe!"
A deux jours de l'entame du championnat, et après plusieurs semaines de préparation, Sarah M'Barek nous confie que la préparation "s'est très bien passée dans l'ensemble, malgré un match très difficile contre Juvisy (défaite 7-1)". Selon la coach de Guingamp, "l'équipe est prête pour le championnat." Une préparation concluante vis à vis également des "nouvelles" recrues qui "ont su rapidement s'intégrer" à l'effectif. Ce qui fournit au staff "de bonnes conditions pour bien travailler!" La native de Chaumont a conclu par le fait que "le groupe a envie de bien faire," le club "démarre véritablement un nouveau cycle, cela fait du bien à tout le monde!". Et de conclure que "seule la compétition permettra de juger le niveau maintenant!" affirme-t-elle.

Avant de terminer notre rencontre avec la coach de D1, nous avons voulu savoir l'état d'esprit avant d'affronter, une seconde fois, après le match de préparation, le club essonnien. "À nous de faire un match sérieux contre Juvisy" confie-t-elle. Tout en sachant que le club aura "un début de championnat difficile avec trois rencontres contre des prétendants au titre ou au moins à une place européenne". Alors, il faudra "grappiller quelques points et montrer que l'on existe et qu'il faudra compter sur nous."

 

 
Photo : EA Guingamp
Dounia MESLI