Victorieux 2-0 face à l'ASJ Soyaux pour son premier match de D1 Arkema à la tête du Paris Saint-Germain, Gérard Prêcheur (ex-OL 2014-2017) a répondu sans langue de bois aux questions des journalistes. Satisfait de ce premier succès - pour son retour à la tête d'un club féminin en France - le coach sait que son équipe peut mieux faire et devra faire mieux, en perfectionnant son jeu et la finition notamment.
Coeurs de Foot - Votre analyse sur ce premier match de D1 Arkema de la saison pour vous ?
Beaucoup de satisfactions dans différents registres, la victoire bien sûr, le fait d'avoir marqué, le fait de ne pas en avoir encaissé, c'est bien pour démarrer le championnat.
Des satisfactions aussi sur le fait qu'on n'a pas eu de blessées. On a beaucoup géré [cet aspect], on a fait le choix de ne pas faire jouer les joueuses qui ont été très sollicitées avec leur sélection - Dudek entre autres - donc c'est bien.
Et puis surtout le fait de faire jouer d'autres joueuses, n'a pas diminué le niveau collectif de l'équipe, c'est une belle satisfaction également.
Coeurs de Foot - La simplicité pour philosophie de jeu, ne pas en faire trop pour éviter de se perdre ?
Oui il faut mettre du rythme, et ce qui donne du rythme c'est la circulation - à la base - rapide du ballon et plus on touche le ballon et plus on ralentit le jeu. A l'inverse plus le ballon circule vite, plus on met du rythme, plus c'est difficile à l'adversaire de s'organiser défensivement.
"Il n'y a eu aucune préparation
pour ce match"
Coeurs de Foot - On sent un petit peu que vous préparez - déjà - les matches face à Lyon et de Ligue des Championnes ?
Ah non, alors là vous allez un petit peu vite [en besogne] (sourire) vous êtes dans les pensées [hâtives], dans la stratégie, vous êtes plus rapide que moi (sourire).
Non non, là on a récupéré les joueuses qui étaient en sélection hier [pour certaines]. Il n'y a eu aucune préparation pour ce match, aucune séance d’entraînement pour préparer ce match, on vit les matches les uns après les autres pour le moment. Celui-là est fait, il est bien fait, on s'est créé beaucoup d'occasions, mais on n'a pas encore travaillé la finition, donc c'est de bon augure pour la suite. Maintenant on va l'analyser ce match et préparer les cinq qui nous attendent pour les 15 prochains jours.
Journaliste - La semaine internationale (entre le 29 août et le 8 septembre, ndlr) c'est ce qui explique la seconde période un petit peu plus compliquée pour vos joueuses et ce manque de réalisme devant le but ?
Non le réalisme c'est parce qu'on ne l'a pas travaillé, c'est l’entraîneur qui a fait un choix, c'est moi qui ai fait le choix de consacrer la phase de préparation aux fondations de notre jeu, sur la maîtrise, sur la possession, la capacité d'aller vers le but adverse en gardant la maîtrise, elles le font bien, elles défendent également bien, avec une animation différente.
C'est toujours difficile dans ces matches-là quand on n'a pas encore créé le collectif tel que je le souhaite, ce qui est tout à fait légitime, c'est que tout le monde joue la deuxième période, la même partition. Certaines avaient envie de marquer ce troisième but et d'en mettre, parce qu'on a eu beaucoup d'occasions, d'autres étaient plus sur la maîtrise, on ne perd pas le ballon, et là il faut absolument qu'on crée cette unité de jeu, qui permette que quand l'équipe joue toutes la même partition - ce qui était le cas en première période - on est beaucoup plus efficaces.
"Le jour du match c'est une équipe
qui m'intéresse"
Coeurs de Foot - Vous encouragez beaucoup vos joueuses, est-ce que c’est aussi une façon de créer un vrai lien de confiance avec vos joueuses, qui ont essuyé beaucoup de désillusions au fil des saisons, notamment en Europe ?
Oui il faut ! Aujourd'hui ce qui prime vraiment chez moi, je leur ai dis d'ailleurs avant ce match, c'est l'équipe.
Moi la semaine à l'entraînement je pense beaucoup à elles, à leur progression individuelle, le collectif, mais le jour du match c'est une équipe qui m'intéresse, c'est comme ça que je conçois le football et le jeu. Du coup quand elles jouent pour l'équipe, qu'elles ne pensent pas à elles [individuellement], qu'elles se mettent au service de l'équipe, bien sûr qu'il faut les valoriser, et vous avez raison.
On est sur un nouveau départ, on est sur nouvelle ère je dirais, il faut créer cette union et cette unité.
Coeurs de Foot - On a senti que vous avez tenté de construire une équipe et surtout un nouveau système offensif, avec Lieke Martens sur le côte gauche, Ramona Bachamann devant et Kadidiatou Diani à droite, [un système] qui peut combler l’absence de Marie-Antoinette Katoto ?
De toute façon pour le moment on n'a pas une joueuse - mais ça sera difficile - [qui peut remplacer] Marie-Antoinette Katoto. On ne comble pas sa blessure et son absence comme ça, c'est évident. Donc voilà chacune doit en faire un petit peu plus, vous avez peut-être raison (sourire), pour effectivement combler cette absence...
Coeurs de Foot - Car on a remarqué un petit manque de précision sur les ballons, les centres notamment ?
Oui mais là c'est normal. Je vous l'ai dit, on n'a pas consacré une séance encore, sur la finition.
Coeurs de Foot - A contrario, exploiter rapidement les failles adverses, vous l'avez bien travaillé ?
Voilà c'est ça (sourire étonné) c'est bien vous connaissez bien le foot (sourire approbateur).
"On a peut-être abusé un peu
trop des centres"
Coeurs de Foot - Comment expliquez-vous le fait de ne pas avoir réussi à marquer en seconde mi-temps ? Est-ce qu'on l'explique aussi peut-être par le choix d'avoir mis Sandy Baltimore plein axe [tout en gardant Lieke Martens sur le côté gauche] (alors qu'elle est latérale gauche, ndlr)?
Parce que un c'est notre première fois, deux on s'est adapté aussi aux caractéristiques de l'adversaire, sur les forces et faiblesses.
Ils étaient très forts et très compact dans l'axe, donc nous notre percussion était sur les côtés, entre l'association Ashley [Lawrence] et Kadi [Diani], entre l'association Sakina [Karchaoui] et Lieke [Martens], et vous voyez bien que la percussion était là. Le plan de jeu a très bien fonctionné, mais après on a peut-être abusé un peu trop des centres, mais ce qui est normal, ce ne sont pas les fautives, c'est l’entraîneur qui pour le moment n'avait pas encore décidé de le travailler.
Coeurs de Foot - Comment se passe la cohabitation avec votre fils, Jocelyn (coach adjoint) ?
Parfait, parfait (il se répète). De toute façon je n'aurais pas pu [sans lui], je le dis très honnêtement. Il fait un boulot exceptionnel, c'est lui qui connaît le mieux mes orientations de jeu, intellectuellement c'est du très très haut niveau, c'est un bosseur.
Puis le gros avantage que j'ai aussi c'est qu'au niveau de la loyauté, c'est parfait. Dans le monde actuel, avoir dans un staff des personnes d'une loyauté max c'est [capital]... Je le félicite et je le remercie, parce que lui là-bas il avait la côte en Chine, il gagnait beaucoup de trophées et accepter de revenir numéro 2, car c'est un fan avant tout du Paris Saint-Germain, il a vécu 22 ans en région parisienne, donc le Paris Saint-Germain il avait envie [d'y être] et puis peut-être de retravailler une dernière fois avec son père (sourire). Mais aujourd'hui ce n'est pas mon fils, c'est un coach.