En zone mixte, on a retrouvé la capitaine du Paris FC Gaëtane Thiney, qui n'a pas caché sa déception sur l'issue de la rencontre - défaite 3-2 à Charlety - alors que son équipe menait devant Lyon jusqu'à la 70e minute. Malgré cela, la Parisienne espère que ce résultat sera fondateur pour l'équipe et dans la progression de ses coéquipières, notamment avant d'affronter le PSG dimanche prochain et la suite de la saison et leur parcours.

 

Coeurs de Foot - J'imagine que c'est une défaite vraiment amère, puisque vous la teniez quand même cette victoire ?

(sourire nerveux) Oui, au moins le nul déjà... 
Après à 2-1, ça aurait été [satisfaisant aussi], en plus on n'était pas en danger. C'est surtout cela, au-delà du résultat, si on parle juste du contenu, on a montré qu'on avait fait jeu égal [avec l'OL]. C'est compliqué d'encaisser le résultat, mais c'est le football et le haut niveau, c'est sur ces détails-là. 
On a manqué d'expérience, on a fait quelques erreurs. Des erreurs qui nous ont coûté cher, donc évidemment, on est déçues... En même temps on doit se dire qu'on est dans la bonne trajectoire de travail, il y a une certaine fierté de jouer comme ça. Une grosse déception de perdre ce match.
 
Coeurs de Foot - Jusqu'à la 70e, vous avez la victoire et ça a basculé. Il y a eu des changements qui sont arrivées et c'est ces changements qui ne vous ont pas profité. C'est cela qui vous coûte la victoire ou au minimum le nul ?
Je ne sais pas. Je pense surtout qu'à 2-1, les scénarios ce sont modifiés, nous on a commencé à se dire peut-être que c'est possible et qu'il faut qu'on défende, au lieu de continuer à jouer. 
Et inversement, Lyon avait la pression, une pression importante, donc ils devaient en mettre plus. La balance s'est déséquilibrée à ce moment-là, on a été un peu plus sous pression, même si, pas trop finalement, mais sur un coup de pied arrêté, un retour de ballon (sur le deuxième but, le ballon ricoche avant de revenir dans les pieds de Wendie Renard pour l'égalisation, ndlr)...
Le troisième but [lyonnais] est anecdotique...
 
Coeurs de Foot - Parce que vous vouliez aussi marquer à ce moment-là aussi, c'est pour cela que vous étiez haute sur le terrain ?
Aussi mais il n'y avait même pas d'occasion, Delphine [Cascarino] n'avait même pas mis la pression, elle profite d'une erreur. 
Mais même quand il y avait match nul, on n'était pas en danger, on s'est mises en danger toutes seules. C'est à travers ces matches-là qu'on va apprendre. On a des jeunes joueuses, des joueuses qui manquent d'expérience, donc elles ont besoin de ça, de ces expériences, même si parfois, c'est un peu douloureux pour avancer et on l'a tous vécu... On a une grosse cohésion collective, dans le jeu et en dehors, on est ensemble.
 
Coeurs de Foot - Il faut voir le positif, d'avoir marqué deux buts ?
Oui de toute façon, il faut toujours voir le positif. On ne peut pas, non plus être abattues quand on a presque gagné Lyon (sourire nerveux). 
On marque deux buts à Lyon, on mène (léger blanc) et on a beaucoup de possession aussi je pense. J’ai pas vu les chiffres mais je pense que ça doit être équivalent. On a réussi à les déséquilibrer, on tire sur le poteau, il y a beaucoup beaucoup d’actions.
 

Coeurs de Foot - La semaine prochaine est programmé un gros match avec le Paris SG. C’est le moment de se relever ou est-ce que tu penses que l'équipe va être dans un mauvais mood cette semaine ?

Le PSG oui ça va être un gros match. Non je ne vois pas ça comme ça. Quand on se relève c’est qu’on tombe, on n’est pas tombée. Lyon a failli tomber... 

Nous on a produit le jeu qu’on voulait, mais on a fait quelques erreurs qui nous ont coûté cher. Mais non, on est bien. Il y a évidemment la déception a digérer. On est habituées. On va prendre un jour ou deux, mais dès mardi on va être concentrées sur nous et non sur le PSG, pour essayer de produire la même prestation. Et après, le résultat, on verra.

 

Coeurs de Foot - Au niveau personnel, tu joues toujours aussi juste, avec la passe décisive notamment. Comment fais-tu pour rester à ce niveau?

(rires) C'est gentil. Je ne sais pas, j’étais contente aujourd’hui, j’avais Horan, après Marozsan. Je me suis dit : "Ça va, je ne me débrouille pas trop mal en face de joueuses internationales de ce gabarit". J’arrive encore à me retourner, à orienter le jeu. Je fais quelques erreurs, qui auraient pu nous permettre d’aller plus haut sur le terrain. Je suis perfectionniste. Malgré tout, j’ai quand même fait un bon match. Il faut aussi que j’arrête de toujours chercher ce qui ne va pas. 

Mais je suis contente si mes prestations vont bien. Il faut continuer. Il n’y a pas de limite d’âge dans la vie. Tout le monde me parle de mon âge, mais moi je n'en parle pas. Moi j’ai envie de continuer, je suis une passionnée, je joue. 

 

Coeurs de Foot - On a le sentiment que tu es aussi revenue de l'arrière, il y a eu un petit creux, avant de revenir rechargée à bloc depuis la saison dernière, mais surtout cette saison ?

Oui le creux, c'est parce que mentalement j’ai vécu quand même des épreuves compliquées dans le foot, qui m’ont construit aussi différemment. J’aurai pu arrêter à ce moment là, mais je n’ai pas le caractère pour abandonner. Je suis plus construction. Je suis extrêmement résiliante. Dans la vie professionnelle et personnelle je m’éclate et je continue de courir. 

 

Coeurs de Foot - On a aussi l'impression que tu as envie d'accompagner ce groupe parisien à se bonifier, à aller plus loin ?

Oui oui oui, j'essaye du moins. La force de notre groupe, c’est qu’il y a beaucoup de respect, il n’y a pas de jeunes, ni de vieilles. J’ai plus d’expérience, mais mes coéquipières m’apportent une certaine fraîcheur qui me sert, qui me fait rire et parfois elles font des trucs, je me dis que je me pose trop de questions, donc c'est cool [d'avoir ce melting-pot]. Je m’éclate, je vis le moment présent, c’est cool.

 

Photo : Paris FC

Dounia MESLI