Au club depuis 2009, Flavie Lemaître a grandement participé à la montée de Rodez de la D2 Feminine à la D1 durant la saison 2009/2010. Dès lors la Tourangelle été devenue une cadre de la formation ruthénoise. Face au PSG, son expérience a été mise à rude épreuve, mais la Rafette a été un élément de poids pour retenir les parisiennes dans leur élan, surtout en première période, avant de céder face à la pression en seconde mi-temps, sur le score de 0-3. Interview.

 

Ton impression sur le match ? C'était compliqué face au PSG, avec le terrain aussi où c'était difficile de jouer ?

Oui alors le terrain déjà été délicat, on savait que ça allait leur porter plus préjudice à elles qu'à nous. C'était un match où elles allaient forcément plus toucher le ballon donc c'était un peu à notre avantage [le terrain]. Après c'est sur que le terrain était très difficile, on avait déjà joué la semaine dernière dessus et il était déjà un peu amoché donc ça s'est aggravé là. Après on fait une bonne première mi-temps où on est solide, on tient et on savait qu'à la mi-temps rien n'était fait, et que les 45 minutes d'après allaient être encore plus difficiles. On arrivait pas trop à ressortir le jeu, c'était un peu scabreux et après à la mi-temps, on se dit que rien est fait, que les 45 minutes à venir vont être encore plus complexes parce qu'on commence à être un petit peu fatiguées physiquement. Fallait pas craquer dans le premier quart d'heure, malheureusement c'est ce qui s'est passé. On prend trois buts coup sur coup. C'est vrai que pendant 10 minutes y'a un moment intense où on a pas forcément été dedans et on l'a payé cash. Après on a su tenir jusqu'à la fin, les remplaçantes ont fait du bien, elles ont donné un second souffle à l'équipe. Donc c'était un match difficile, 0-3 on peut dire que c'est pas mal, après y'a quelques regrets sur le quart d'heure où on est passé au travers quoi.
C'est quand même mieux qu'à l'aller on va dire, comme on l'avait dit au coach, y'a une certaine satisfaction ?

Oui c'est quand même mieux qu'à l'aller, après là l'avantage c'est qu'on est chez nous, devant notre public, sur un terrain qu'on connait. Oui c'est bien après, y'a des regrets, parce qu'on fait de bonnes choses et malheureusement sur des manques de concentration, sur des petits oublis, pendant 10 minutes on prend la foudre, on en prend trois donc, c'est ça qui est dommage.

 

"à partir du moment où on lâche physiquement c'est là où l'équipe adverse, elle va prendre le dessus."

 

On l'a aussi évoqué avec le coach, pendant toute la semaine on se prépare à recevoir les grosses écuries comme Paris, après ça reste quand même difficile de s'imposer face à des équipes comme ça ?

Oui, après c'est sûr qu'on travaille sur des détails, sur les petites choses que le coach voudrait qu'on mette en place lors du match. On sait que sur ces confrontations là, la plus grosse préparation elle est mentale et collective. Enfin à mon sens elle est mentale, dans l'agressivité, la combativité, pas baisser la tête, toujours être dans l'effort... Parce qu'à partir du moment où on lâche physiquement c'est là où l'équipe adverse, elle va prendre le dessus. Après faut toujours travailler des scénarios de match, quelque chose qu'on a essayé de mettre en place mais ça a été rude là.

 

On a vu que pour ton cas, ça faisait 15ans que tu jouais au foot en club, et 8ans avec Rodez, tu participes d'ailleurs à la montée du club en D1. Dès la première saison, vous faîtes sensation en plus. Comment tu l'as vécu ?

Oui après voilà on avait déjà un collectif fort et je pense qu'on avait un recrutement, qui avait permis de faire une très bonne première partie de saison en D1. En D2 déjà on avait recruté des filles d'expériences comme Laura Agard, puis  Delphine Blanc... Moi j'avais déjà joué en D1 donc un collectif avec des joueuses qui avaient quand même joué en D1 et c'est le recrutement qui a fait la différence je pense, sur notre première année de D1 où il a été efficace quoi. Ça nous a permis de grandir ensemble aussi.

 

On a vu que durant la saison 2014/2015, tu t'étais imposée, c'était une saison particulière pour toi ?

Oui (rires) exceptionnelles. Oui c'était une très belle saison, ma meilleure saison pour moi individuellement. Je pense que j'ai eu la chance aussi d'avoir un collectif qui croyait en moi, qui me faisait confiance et qui me desservait les passes, parce que toute seule j'aurai pas pu marquer tous ces buts. Après c'est un cercle vertueux, on en marque un, deux, trois, puis tous les matchs, et on se rend compte qu'on est en confiance et que tout ce qu'on fait ça nous réussit et c'est une très belle saison à la fin, quoi.

 

"J'avais ce sentiment que dès que je marquais pas, c'était un échec en fait"

 

Après on t'a senti un peu plus en retrait, c'était voulu de ta part, peut être de laisser les autres marquer, d'être plutôt une passeuse, ou d'avoir un rôle de relayeuse ?

Non j'aurai voulu continuer (rires) mais voilà c'était une année plus difficile pour moi parce que je passais mes diplômes d’entraîneur donc j'étais un peu plus crevée je pense. Puis j'avais le contre coup de cette saison un peu faste, où je sors de la meilleure saison pour moi. Devant moi y'a que des filles de clubs pros donc c'était vachement valorisant. J'avais ce sentiment que dès que je marquais pas, c'était un échec en fait, parce que l'an dernier j'étais pas habituée à ça. J'ai pris mes routines et quand j'y arrivais pas, j'allais d'échec en échec un peu. Après voilà j'ai su comprendre tout ça, je me suis remise en question et au finale je marque 5 ou 6 buts donc c'est pas trop trop mal mais c'était pas suffisant pour moi.

 

"Chaque année y'a un petit événement qui se passe, qui nous donne envie de continuer le foot."

 

C'est quoi le meilleur souvenir que tu gardes à Rodez depuis tes 8ans au club?

Y'en a tellement (sourire). La montée déjà, D2/D1 c'était exceptionnelle. Chaque année y'a un petit événement qui se passe, qui nous donne envie de continuer le foot. C'est ce qui fait que tu vis un moment collectif. Ce sont surtout les émotions collectives qui me marquent à chaque fois donc je pense qu'avec tous les groupes que j'ai connu ici [à Rodez] j'ai eu de très belles aventures, de très belles années et c'est aussi pour ça que je suis encore ici, parce que je m'y plais et que je suis bien, dans la vie autant que dans le foot.

 

Là vous connaissez un peu une saison difficile, parce que vous êtes 9ème au classement provisoire. Vous en parlez entre vous, c'est une situation frustrante ? Comment ça se fait alors que vous avez terminé 5ème la saison dernière ? 

Je pense qu'il faut pas comparer les années parce qu'elles se suivent mais se ressemblent pas forcément. Donc oui c'est sûr, la saison dernière, on fait une superbe année, mais je l'a compare pas à mon année individuellement, qui s'est très bien passée pour moi. On va de réussite en réussite, on est dans un cercle où tout ce qu'on fait ça marche, on marque des buts, on gagne des matchs, on augmente au classement et puis le groupe vis encore mieux, y'a pas de problème et tout roule en fait.

 

"on se relève tout doucement de la mauvaise période qu'on a eu"

 

Après cette année, on rencontre quelques difficultés, le groupe a changé, on manque d'expérience, on va pas se voiler la face. Je pense que voilà, on a une équipe qui est jeune malgré tout. On a perdu en maturité aussi, parce qu'il y a des filles qui sont jeunes. Forcément ces filles là, qui ont pas eu beaucoup de temps de jeu en D1, y'a quelques lacunes, qu'elles vont corriger plus tard, c'est normal. On est toutes passées par là un jour. On a besoin de temps pour apprendre, du temps de jeu aussi et nous ces joueuses qui manquent un peu d'expériences, je pense que dans un an, deux ans, je crois en elles, ça va bien se passer. Mais ce défaut d'expérience, ça pêche un peu sur notre jeu, on rencontre des difficultés. Je pense que là on est dans une période où on se relève tout doucement de la mauvaise période qu'on a eu. Le groupe va grandir ensemble et ça va continuer. On a aussi eu des joueuses qui ont eu les ligaments croisés, deux filles qui étaient des cadres dans l'équipe, donc c'était dommageable pour nous.

 

Est-ce que c'est aussi la montée des clubs comme Bordeaux ou Marseille, qui sont attachés à des clubs de Ligue 1, qui vous fait travailler votre cerveau ou peu importe l'équipe qui monte, ça reste pareille pour vous ? 

Non, bah on sait que c'est des clubs, qui ont plus de moyens financiers, parce que le club support c'est quand même les garçons en Ligue 1, chose que nous on a pas. Donc on le sait, mais après c'est pas parce que les filles en face, ont un contrat fédéral, qu'elles vont être meilleures que nous sur le terrain. Nous on défend nos valeurs, on défend notre côté un peu amateur et puis si on est à Rodez, c'est parce qu'on l'a un petit peu choisi à un moment donné et qu'on si sent bien. Donc oui c'est sûr que les clubs pros, montent avec beaucoup plus d'argent, qu'à l'avenir ça pourra devenir compliqué pour Rodez. Surtout si tous les clubs proposent des contrats fédéraux mais pas nous, à un moment donné on aura pas les meilleures joueuses, c'est normal. Mais c'est pas ce qui nous fait peur à l'heure actuelle, on a des qualités, on a des joueuses d'expériences, on a des bonnes jeunes joueuses et on a un collectif qui est malgré tout souder et en devenir.

 

Dernière question, ça concerne la Coupe de France, vous vous êtes qualifiées face à Albi. C'est une bonne victoire pour vous, de continuer cette aventure quand vous avez terminé demi-finaliste la saison dernière, chutant face à l'OL ? Comment tu vois alors le match contre Metz ? 

Oui après ce qui a marqué le coup [en 2016], c'est notre ¼ de finale, qu'on a gagné contre Guingamp où c'était un match intense, y'avait beaucoup de monde au stade, on perd 2-0, on revient à 2-2 et on gagne aux penaltys. Ca c'est le genre de souvenir qui me resteront, qui m'a marqué et qui était vraiment extraordinaire.

C'est un match de Coupe, dans ces rencontres ont a le couteau sous la gorge donc bizarrement on les aborde un peu mieux je trouve. Parce qu'à Albi, on est mené 1-0, on revient à 1-2, c'est la première fois dans l'année où on arrive à rebasculer la situation. Donc mentalement ça montre qu'on est quand même solide, chose qu'on a pas fait en championnat jusqu'à présent, où on est jamais arrivées à retourner le scénario à notre avantage et là je me dis que Metz on va pas les prendre à la légère parce que pour elles, c'est peut être la seule chose qui leur reste, parce qu'au niveau du championnat, au vue du nombre de points qu'elles ont, c'est un peu plié... Elles seront chez elles et ça va être dur pour nous donc on va l'aborder de la meilleure des manières, on va préparer ce match, parce qu'on a envie de le gagner bien évidement. La Coupe ça a toujours été la compétition qui nous a procuré le plus d'émotions donc on a envie d'y rester et d'aller le plus loin possible.

 

Photo : Mica GB M PhootoRafettes

Dounia MESLI