Le FC Metz ne sera pas resté longtemps en D2. Un an après la descente, les Lorraines sont de retour dans l'élite avec l'espoir de pouvoir y rester cette fois-ci. En juin 2015, David Fanzel arrive au club avec dans sa feuille de route, l'objectif de remonter le plus rapidement possible dans l'élite. Chose faite à l'issue de la saison. Une réussite qu'il vit comme une « grosse récompense » et une « satisfaction » à la fois pour le club et « pour les filles ».

Lorsque l'on évoque avec David Fanzel le premier passage de Metz en D1 (ce n'était pas lui le coach à l'époque), il nous parle d'une « montée à l'arrache » qui s'était faite en même temps que l'intégration du club d'Algrange au FC Metz. Il nous décrit aussi une équipe qui n'était «  pas si loin que ça ». En effet, dans une configuration à deux descentes comme cette saison, Metz se serait probablement sauvé, loin devant Arras et Issy et tout proche d'Albi et Saint-Étienne aujourd'hui bien installés en D1.

Qu'est-ce qui a changé depuis deux ans ? Lorsque l'on pose la question à Marie Papaix, elle nous parle d'un « groupe plus homogène » que lors de la dernière montée. La défenseure messine fait désormais partie des cadres de cette équipe, et surtout des joueuses qui ont connu la D1 avec Metz il y a deux ans. Elle formera d'ailleurs une charnière centrale expérimentée avec la brésilienne Simone Gomes Jatoba au milieu d'un effectif très jeune.

La confiance aux jeunes

C'est d'ailleurs l'autre point fort de cette équipe. David Fanzel a largement ouvert son groupe à des joueuses issue de l'équipe des U19 messines. Une équipe qui a remporté le Challenge « Excellence » en U19 la saison dernière face à Grenoble-Claix. Une victoire en finale qui pourrait correspondre à un titre de championnes de D2 chez les seniors (Le PSG a remporté la finale Challenge U19 « Élite » entre les 12 meilleures équipes en U19).

Lors de cette saison des joueuses comme Léa Khelifi (17 ans), Ophélie Cordier (17 ans) ou Selen Gul Altunkulak (18 ans) ont réalisé des performances remarquées qui leur ont aussi permis d'acquérir du temps de jeu en D2. Parmi leurs « aînées », Héloise Mansuy, latérale droite, vient de remporter l'Euro U19 avec l'équipe de France et elle est présélectionnée pour la Coupe du Monde U20 avec sa coéquipière Juliane Gathrat. Au total, sur un effectif de 25 joueuses elle sont 11 joueuses de moins de 20 ans dont sept qui ont remporté le Challenge U19 Excellence l'an dernier.

Comme l'a souligné David Fanzel, à Metz « la jeunesse n'est pas un handicap ». Au contraire, elles arrivent « avec un niveau D1 » et participe à la plus grande homogénéité du groupe ressentie par Marie Papaix a l'approche de la nouvelle saison. Cela correspond aussi à une politique du club qui souhaite « promouvoir son centre de formation » au travers de son équipe première, un vivier qui avait peut-être manqué il y a deux ans.

Une carte de la jeunesse qui se retrouve aussi dans le recrutement avec l'arrivée de Pauline Dechilly (Vendenheim, championne d'Europe U19) et Christy Gavory (Arras), deux joueuses que le FC Metz a rencontré la saison dernière en D2 et qui viennent enrichir l'effectif messin. A côté de ces deux recrues, Mélissa Godart (Soyaux) fait également son retour au pays. Après plusieurs saisons à La Roche-sur-Yon puis Soyaux, Mélissa Godart revient dans sa Lorraine natale, auréolée d'un récent titre de championne du Monde avec l'équipe de France Militaire et d'une expérience précieuse en D1.

Metz va également voir l'arrivée de deux nouvelles joueuses, venues d'Amérique du Nord avec Danielle Rotherman, attaquante canadienne, arrivée cette semaine et qui évoluait jusqu'à présent dans l'équipe de l'université de Cincinnati. Une défenseure étasunienne est également attendue en Lorraine, le temps de régler les formalités administratives.

Le maintien passera par la qualité du collectif

Cet équilibre à trouver entre des joueuses expérimentées et d'autres qui découvrent la D1, c'est l'alchimie que devra parvenir à opérer David Fanzel. Une ambition enthousiasmante pour le coach qui nous a dit avoir particulièrement apprécié la performance du Canada lors des derniers J.O, une équipe qui a notamment su opérer ce mélange des générations.

A Metz, Marine Morel, titulaire au milieu de terrain, parle d'un groupe où les jeunes vont « nous faire rire » et les plus anciennes vont avoir un rôle pour « conseiller, recadrer » dans un groupe où toutes les joueuses ont « soif d'apprendre ». Un rôle que Marie Papaix lie aussi à son poste en défense centrale pour justement « aider les joueuses à se replacer » pendant les matches. Mais pour elles, la cohésion de groupe est déjà là, notamment grâce à un « stage dans les Vosges » qui a « facilité l'intégration » des nouvelles joueuses.

Au-delà des qualités du groupe, cette préparation a visiblement été un vrai plus par rapport aux années passées. Cela s'est traduit notamment par la présence d'un préparateur physique avec des séances spécifiques (1 ou 2 par semaine) et de la musculation. Ce travail athlétique pendant la préparation estivale est allé aussi avec un travail sur la « discipline collective » qui selon David Fanzel n'était « pas toujours [présente] la saison dernière ».

Pour toutes ces raisons, David Fanzel a choisi de programmer des oppositions contre des équipes belges ou allemandes, des équipes « très physiques » avec des rencontres ou l'équipe messine « s'est fait rentrer dedans ». Des matches qui jouent sur la combativité, une manière de développer un peu plus le jeu messin, basé sur « l'agressivité », la volonté d'« aller chercher l'adversaire » le plus haut possible pour ensuite « se projeter rapidement vers l'avant ».

Conscientes de leurs objectifs, à savoir le maintien, les Messines savent que leurs plans de jeu dépendront « des matches et des adversaires ». C'est dans cet esprit que Marie Papaix nous dit aborder « sans pression » la première rencontre de la saison face à Montpellier mais en même temps avec la volonté de « jouer tous les matches à fond » et « ne rien regretter ». Pour David Fanzel, cela veut dire parvenir « à vite s'adapter au niveau D1 » sans « être obnubilé par le résultat ».

C'est un peu cet esprit qui anime le coach messin lorsque l'on termine notre entretien. Lui souhaitant une bonne saison et qu'il nous répond par un chaleureux « ça va aller, ne vous inquiétez pas ! », signe que le FC Metz n'a pas « envie de redescendre » et semble s'être donné les moyens d'arriver à ses fins.

Hichem Djemai