Jour-J pour Fabrice Abriel et ses joueuses, qui débutent leur exercice 2023/24 avec la ferme intention de viser le top 4 à nouveau et d'aller grappiller encore une place cette saison pour atteindre la place qualificative en Champions League. Tenues en échec par Marseille à la Aiglonnes Cup (1-1), les Floriacumoises vont avoir à coeur de bien débuter leur saison à domicile face à Guingamp, ce samedi 16 septembre.
Journaliste - Sur ces deux matches, l’objectif était de faire tourner le groupe, d'intégrer des joueuses ?
Faire tourner non, dans l'idéal non. Comme on n'a pas tout notre groupe, tout notre effectif, le fait qu’on ait décalé le stage aussi de préparation, car il y a eu un problème de terrain, du coup beaucoup ont dû annuler. On est parti du coup cette semaine en stage, avec la Coupe du Monde on à intégré six joueuses U19, ce qui fait qu'on a repris avec 16 joueuses, et au fur et à mesure on récupère nos recrues, avec les visas elles arrivent un peu en décalé, elles ont aussi fait la sélection, et il nous manque nos quatre autres mondialistes, qui rentrent la semaine prochaine, pour remplir un peu plus quantitativement l'effectif. C'est vrai que si on avait pu avoir les deux matches avec tout le groupe, cela aurait été plus intéressant, de faire deux équipes.
Journaliste - En terme de recrutement, vous êtes un peu plus latin, ceci est une volonté de votre part ?
Oui bien sur, il y a des caractéristique, spécificités qui sont bien précises chez ces joueuses-là, comme chez les garçons, qui ont des qualités fortes en Amérique du Sud, concernant par exemple la technique, une bonne vision du jeu, une bonne finition, du sang froid, comme chez Quintero, qui vient du Panama. C'est plutôt ce côté un peu guerrier au milieu du terrain, avec cette jeunesse et cette volonté aussi en venant en Europe, de se montrer. Tianna Harris qui arrive des États-Unis, qui a aussi un passeport canado-jamacain, qui vient aussi un peu avec cette fougue, qu'il va fouloir canaliser.
Il va falloir imbriquer tout le monde dans un effectif, qui a bien fonctionné l’année dernière, amener ce qu'elles savent faire.
Journaliste - Vous arrivez à détecter des joueuses pas forcément très connues qui ont un potentiel et avec Fleury vous arrivez à jouer le haut de tableau ?
On se doit d'être intelligents, car on n'a pas les moyens des autres clubs, que ce soit le championnat anglais [par exemple]. Maintenant les grosses équipes du championnat espagnol, la volonté des équipes italiennes aussi de concurrencer les autres championnats, et le championnat de l'Allemagne qui a toujours été présent, donc nous on se qu'on propose, c'est un troisième, un quatrième projet en France. Tant qu'on n'a pas la Ligue des Champions on ne peut pas se permettre [d'avoir des joueuses plus connues], donc ça a attiré ce qu'on appelle un développement d'un potentiel à travers un collectif. Un projet collectif qui fonctionne bien, qu'on doit juste intégrer au fur et à mesure des individus qui vont venir se développer, et développer la structure et après partir [dans d'autres clubs], pour l’instant c’est ça.
Journaliste - Avec l’arrivée des playoffs, vous qui jouez entre la troisième et cinquième place chaque saison, pensez-vous que cela va vous permettre de franchir ce palier-là ?
À part peut-être les deux équipes qui viennent de monter (ASSE et LOSC, ndlr), les promus, qui auront certainement un objectif de se maintenir, dans un premier temps, embellir leur saison dans un second temps, les autres équipes doivent avoir l’ambition de concurrencer, d'aller toucher cette quatrième place, qui est disponible que nous on a pu avoir sur les deux dernières saisons, et que d'autres équipes peuvent prétendre à aller chercher. On sait qu'à la fin de ce championnat en étant quatrième, le championnat il ne sera pas terminé, ni premier, ni deuxième ou troisième, donc il y aura on va dire un nouveau challenge. Qui aura mieux préparer cette phase finale, sur la fraîcheur physique, l'avantage terrain, il faudra encore continuer à jouer au mois de mai avec des enjeux. (sourire)
Journaliste - On sait que le football n’est pas forcément adapté à cette culture des playoffs, cela vous dérange-t-il ou au contraire ça ajoute un certain challenge en fin de saison ?
Cela dérange surtout les grosses équipes, qui ont un plus gros budget, et qui plient le championnat (sourire). Moi qui ai joué au Paris Saint-Germain ou à Marseille, je n'aurais pas aimé que au bout de dix mois de travail, qu'on a bien travaillé [devoir rejouer ma place de leader], mais après si on est plus fort, on est plus fort de toute façon.
Je ne pense pas que cela change énormément de choses au final, car le premier contre le quatrième, s'il est costaud, une telle différence de points avec un avantage [terrain, ça ne changera rien]. Ça peut se jouer sur la finale peut-être, entre le premier et le deuxième et peut-être sur la petite finale entre le troisième et quatrième.
Coeurs de Foot - Pouvez-vous nous parler de la buteuse - Laurine Baga - qui est une joueuse, qui n'a pas beaucoup joué la saison dernière. Allez-vous compter sur elle cette saison ?
L’année dernière elle a été prêtée par Lyon, elle a joué à Rodez l’année dernière, elle a jouer en début de saison. C'est une joueuse qui à un potentiel mais qu’il faut transférer entre le projet lyonnais et le projet Fleury qui est différent, et c'est pareil pour les jeunes joueuses du Paris Saint-Germain, comme Magnaba Folquet.
Moi étant formé au Paris Saint-Germain, je me suis aussi fait prêter dans ma carrière, le projet est différent [dans chaque club]. Un projet où on a 80% du temps le ballon en partie haute [comme à Lyon], il n'y a pas beaucoup de clubs dans le monde qui peuvent le faire. Le reste du football, c'est récupérer le ballon, aller le chercher, l'utiliser, peut-être avoir des ballons qui sont un peu trop devant, un peu trop derrière, peut-être compenser [des dédoublements], c'est un peu cela qu'on amène, il faut un peu compléter la fin de la formation et une fois qu’on a trouvé cet équilibre, ce rythme et ce développement, partir dans un plus grand club, parce que vous bénéficiez d'une formation meilleure que d'autres joueuses.
Journaliste - Justement, en parlant des jeunes, comment jugez-vous la préparation des U19 dans ce groupe là, et y a-t-il un certain potentiel qui se dégage ?
Il y en a une qui à fait la préparation cette semaine avec nous, mais qui s’est un petit peu blessée, donc déjà sur le plan athlétique c'était un peu compliqué. Elle n'a pas pu poursuivre, c'est une latérale gauche. Ensuite on a rapidement intégré des recrues pour les U19 Nat, donc on a des joueuses qui se sont révélées comme Lysiane [Blacodon] qui est rentrée, qui est une attaquante à droite. Comme Esther [Ngambu Ngiangi] qui joue au milieu, on a Maia [Pacheco] et Chimene [Kumbi Mikunzi] aussi, ce sont des joueuses qui ont joué contre les garçons, Lens, qui m’ont agréablement surpris, par leur niveau. Après on sait très bien que c'est une première partie [de stage] où elles ont pu bénéficier de cela. Ensuite quand leur groupe va s'étoffer, il y a des écarts bien sur, mais cela leur a déjà permis de voir un petit peu les exigences, et l’envie d'aider les U19 à occuper le haut de tableau et de revenir rapidement [avec les seniors] car on les connait.
CDF - Pouvez-vous nous parler rapidement du mondial, j’imagine que vous l’avez suivi, avez-vous échangé avec le coach Hervé Renard ? Bientôt il y a Paris 2024 et avec la déception de ce mondial, la difficulté des Bleues offensivement. Est-ce qu'on peut prétendre au podium, voire au titre ?
Je trouve que, (blanc) au moment où il a repris l’équipe, dans une projection, on se disait que les quarts seraient tops. Après quand on a vu les favoris sortir on sait dit : "Pourquoi pas ?" Au final on joue l’Australie on se dit : “Les pénalty c’est dommage, il y avait la place [de se qualifier]”. Il faut avoir la tête froide et ne pas réagir en premier par l’émotion, au départ c'était compliqué d'avoir une équipe, on ne savait pas si Diani serait apte, comment aller se reconstituer ce groupe. Il y a eu très peu de temps pour se préparer, c'est assez court, il ne faut pas se tromper, il faut faire une liste à 28 [joueuses]. Je pense qu'il y a quand même des gens qui ont un peu plus d'informations peut-être pour constituer [le groupe]. Après c'est un premier jet. Pour avoir échangé avec le staff, avec David [Ducci], Laurent [Bonadei] et Hervé [Renard], quand ils ont pris l'équipe, j'ai dit : "C'est un premier jet".
Quand on regarde, il y a un début de quelque chose, je pense il peut s’appuyer sur ce groupe sur 90 - 95% de joueuses parce qu'il y a des joueuses, qui peuvent être moins performantes sur l'année, se blesser, puis il y a Griedge Mbock, Delphine Cascarino ou Marie-Katoto etc qui vont revenir. C'est un premier jet pour savoir comment fonctionne un groupe, l'équipe de France. C'est à eux de tirer les bons enseignements pour avoir les bons ajustements et continuer à avoir cette sensation qu’on est en train d’avancer pour être prêt pour ces JO en France.
CDF - Avez-vous la sensation qu’elles n’ont plus le droit à l’erreur ? A qui sera la faute si les Bleues ne font pas de bons JO ? Le Canada l'a remporté par exemple à la surprise générale, l'Angleterre a fait sensation à domicile, l'Espagne maintenant... C'est aussi le travail des clubs, comme Barcelone a pu le faire en sélection ?
(rires) J'espère bien qu'elles n'ont pas le droit à l'erreur. Il faut être ambitieux. Il ne faut pas chercher à qui est la faute mais à comment on peut les aider systématiquement, pour qu'ils trouvent les bonnes solutions, avec beaucoup d'humilité, en restant à notre place.
Il ne faut pas préparer pour perdre, on est à domicile, il y a le Canada, l’Angleterre maintenant l’Espagne qui ont beaucoup travaillé, depuis des années, qu'on retrouve en Ligue des Champions, c'est un indicateur. Maintenant je pense quand on quand même un groupe, si tout le monde est apte, malgré l'inexpérience, malgré le fait qu'on n'ait pas eu le temps de travailler, sur deux/trois ans, mais de façon abouti, malgré cela je pense qu'on peut quand même aller chercher quelque chose.
Il ne faut pas allez chercher à prendre toutes les joueuses de Lyon, toutes les joueuses du Paris Saint-Germain, faut pas créer une sélection avec deux équipes, pour accélérer les affinités. Bien sûr il faut des connexions, il faut un plan, deux plans, trois plans, plusieurs systèmes. Moi j’ai vu quelque chose se définir, prendre [entre les joueuses], maintenant il faut juste faire le bon diagnostic, la bonne synthèse, pas embellir, pas être dans le négatif, et à travers la Ligue des Nations, il faudra le développer et l'insérer.