Quatre victoires, quatre défaites, deux matchs reportés et un match nul pour conclure l'année 2016, Emmanuel Beauchet a dressé hier son constat sur ce début de saison assez mitigé pour le club essonnien. Interview.
Un match assez décevant en cette fin d’année, qu’est-ce que vous en retiendrez ?
Décevant...c’est le résultat qu’on souhaitait meilleur, et c’est notre première période qui est insuffisante au niveau de l’intensité, de l’engagement, de la justesse, de l’envie d’être décisives, notamment dans les 30 derniers mètres. En deuxième mi-temps on a réagi, mais on est tombé sur une équipe regroupée, avec une gardienne qui a fait les arrêts qu’il fallait, les arrêts importants. Puis on a pas réussi à débloquer la situation.
"il faut avoir envie de le faire, avoir envie de faire les efforts"
Est-ce que vous pensez que la situation aurait pu être différente, avoir une autre stratégie de jeu, une autre approche au vue de ce résultat ?
Non je pense pas, en première mi-temps on a été décevant dans les intentions. Quand on est à domicile face à une défense qui a pris 30 buts dans la saison (Bordeaux), on a pas besoin de stratégie. Je prend le ballon, j’élimine, je centre, je tir et je marque. Sauf que ça il faut avoir envie de le faire, avoir envie de faire les efforts et en première mi-temps on était pas dans ce registre là, donc c’est vraiment décevant de la part de certaines.
"ça rentre d’un côté pour certaines et ça ressort de l’autre"
Est-ce que l’absence d’une cadre comme Thiney peut expliquer cela ?
(réfléchis) c’est toujours mieux quand tout le monde est là et c’est toujours mieux quand on a Gaetane, bien sûr, mais aujourd’hui c’est pas une excuse. On se devait de montrer au niveau de la détermination de chacune, bien autre chose. C’est ça qui est décevant, parce que le message est donné depuis quelque temps, le travail est orienté de cette façon au niveau du groupe et ça rentre d’un côté pour certaines et ça ressort de l’autre et ça c’est assez embêtant, donc il va falloir reprendre [ce message] dès la reprise, le 28 décembre.
On a vu également que les jeunes avaient l’air un petit peu plus impliqué dans le jeu, à l’image de Thea Greboval ?
Y’a de l’enthousiasme, y’a de l’envie, après c’est pas toujours juste, parfois c’est le tempérament, c’est la fougue qui porte vers l’avant, et ça manque parfois de clairvoyance, de justesse. Thea avait à cœur de réagir, de montrer des choses positives et on sait la valeur de Théa.
Qu’est-ce que vous allez changer en seconde partie de saison ?
Déjà on va partir en vacances et puis on verra par la suite. C’est déjà pas mal pour aujourd’hui.
Vous allez recrutez de nouvelles joueuses pour votre effectif, pour l'étoffer et parer à certaine carence, notamment quand il y a des blessées ou des compétitions internationales ?
Ça c’est en interne, ce sont des réflexions au sein du club et si je pouvais vous apporter des éléments de réponses, je le ferais mais c’est pas à moi de le faire et puis j’ai pas d’éléments à vous apporter dans ce domaine du recrutement (rire).
C’est un travail qui va se faire au niveau de la direction...éventuellement.
Un point sur les blessées, avec Gaetane ?
Alors Gaetane c’était un coup à l’abdomen qu’elle a pris contre le PSG [samedi dernier] et cette semaine elle a été en soin, et par prudence on a pris la décision jeudi de ne pas faire de test en l’a faisant jouer aujourd’hui. Je pense qu’elle a encore besoin de se soigner. Elle ressentait une douleur. Elle n’était pas dans la possibilité de jouer, parce qu'elle a encore des douleurs à l’abdomen.
Et concernant Charlotte Bilbault ?
Alors Charlotte est en reprise d’entraînement. Elle a repris simplement avec le groupe cette semaine, mais de manière aménagée, donc elle était pas prête pour jouer.
"Etre capable de donner de son investissement, de répondre présent"
En début de saison, vous étiez beaucoup dans l’accompagnement de vos joueuses, avec l’arrivée des jeunes pour créer une équipe homogène, est-ce que vous leur mettez un peu la pression pour leur faire comprendre votre stratégie de jeu ?
Ca fait partie de l’apprentissage, du cheminement dans la saison, après on sait qu’on a eu une période ou on a pas pu travailler comme on le souhaitait, longue, beaucoup trop longue, et une période ou on a pas joué non plus, on a été obligé de reporter deux matchs de championnat. C’est très perturbant dans notre travail, dans la préparation, parce qu’on a l’impression de ne pas avancer beaucoup pendant cette période là et c’est vrai qu’on a été privé trop longtemps de trop de joueuses. Voilà. Mais on doit s’adapter et sur l’état d’esprit on doit être irréprochable notamment exemplaire. C’est là dessus qu’il faut ré-axer le travail. Etre capable de donner de son investissement, de répondre présent quand il faut, et ne pas compter sur sa coéquipière…
"faut surtout s’en sortir et c’est ça qui va être intéressant en seconde partie de saison."
On imagine que pour vous terminer en-dessous de la 4ème place ça serait un échec ?
Oui mais on est déjà à retrouver un groupe avec des valeurs, avec des qualités d’humilité, d’abnégation, de simplicité, d'efficacité. Encore une fois cette période de novembre où on a été privé de 5 joueuses majeurs, nous a fortement pénalisé dans ce début de championnat. C’est assez surréaliste d’être dans un championnat où tu es obligé de reporter deux matchs et que t’es privé de 5 joueuses majeurs. Donc voilà, on va reconstruire, retravailler avec une approche dès la rentrée le 28 décembre, par rapport à ce groupe qui est jeune, qui a besoin d’apprendre, qui a besoin aussi d’échecs pour peut être aussi avancer. Parce qu’on est un groupe trop jeune, mais c’est aussi l’apprentissage, c’est aussi formateur. On apprend de saison difficile, de moments difficiles mais faut surtout s’en sortir et c’est ça qui va être intéressant en seconde partie de saison.
"redorer le blason du club par le travail, par l’humilité, l’abnégation, progresser et avancer ensemble."
Justement selon d’où vient ce problème de simplicité de certaines joueuses ?
C’est tout un ensemble, c’est l’historique du club, sauf que les joueuses emblématiques qui ont fait l’histoire du club, ne sont plus là et que maintenant on doit travailler et redorer le blason du club par le travail, par l’humilité, l’abnégation, progresser et avancer ensemble. Mais ne surtout pas croire qu’on est au niveau de ce qu’à été Juvisy à ces plus belles heures. On ne remplace pas Sandrine Soubeyrand, Nelly Guilbert, en claquant des doigts, c’était des filles symboles, des filles qui ont porté l’équipe et le club au plus haut. Ce sont des filles exceptionnelles, qui ont été internationales et qui ont marqué l’histoire du club et un peu plus loin donc faut pas croire que parce qu’on porte le maillot, qu’on est ces filles là, on en est loin. Je donne ce message là pour bien expliquer les choses et que chacune ait des objectifs et qu’on soit dans l'humilité, la simplicité, et qu’on défend le club et le maillot avec conviction, avec force et qu’on fasse surtout pas preuve de suffisance ou de légèreté et ça c’est le plus embêtant. C’est ce qui m’a dérangé le plus, mais croyez moi que le message et le travail au quotidien est fait et donné chaque jour. Mais encore une fois ce sont des filles qui sont jeunes, qui sont en apprentissage et parfois quand on est jeune on se trompe un peu, on a besoin de prendre de grosses déconvenues, des claques et puis de repartir donc il faudra à la fois avoir ce message là, et puis les accompagner, les conseiller, être exigent chaque jour avec chacune, être très vigilant sur l’état d’esprit, sur le respect et d'être capable de redonner, être conscience de redonner, et pas prendre et consommer les choses parce que sur le terrain ça marche pas comme ça.
"ce qu’on veut c’est être exemplaire et rien n’avoir à se reprocher sur les efforts, l’engagement."
Est-ce que sur le terrain, les joueuses n’ont pas un sentiment “d'infériorité” par rapport notamment aux clubs du Top 3 ?
(soupir) Je vais être très clair, vous avez vu le PSG, les effectifs, Montpellier, Lyon, faut être réaliste…
C’est un club qui fonctionne différemment avec sa philosophie, avec son double projet (football/étude ou travail) et qui essaye d’équilibrer une action équilibrante pour les filles et en même temps d’être performantes et de donner une très bonne image. Mais c’est un fonctionnement qui est totalement différent, ce qu’on veut c’est être exemplaire et rien n’avoir à se reprocher sur les efforts, l’engagement. C’est ce qui a fait la force du club, les choses simples, de se battre, de mouiller le maillot, de faire les efforts les unes pour les autres tout le temps et en même temps, avoir cette valeur collective. C’est essentiellement là dessus qu’est axé le travail, mais ça c’est important. Après Paris, Lyon, Montpellier, c’est autre chose, c’est un autre fonctionnement.
Tout comme Bordeaux cette saison ?
Mais vous me parliez de ces clubs là donc je vous réponds par rapport à ces clubs là (sourire). Après le championnat évolue, le niveau du championnat est meilleur et plus homogène, donc chaque week-end les matchs sont compliqués et difficiles.
Une équipe portée par le club, l’équipe masculine, les supporters ?
Très certainement, tant mieux pour eux, et pour elles.
Par rapport à ces équipes promues, comment vous les avez trouvé ?
Bah Bordeaux, ils ont pas beaucoup joué, ils sont pas beaucoup sortis et ils sont restés beaucoup derrières, on va dire, si on peut se le permettre (ndlr). Ils ont été assez regroupés, ils ont joué avec leur force et ils ont bien raison parce qu’ils gagnent 1 point.