En zone mixte après France/Angleterre (1-0), on a retrouvé Emelyne Laurent, forcément déçue de ne pas avoir terminé ce mondial avec une médaille au moins. La France termine 4e et sort avec des regrets mais aussi des apprentissages pour ses jeunes joueuses.

 

Emelyne Laurent - On aurait aimé finir sur une bonne note, au moins avoir une médaille. Au vu du match, on avait la possibilité d'aller chercher cette victoire. Normalement il aurait du y avoir déjà 2-0, au bout de la première mi-temps, après je manque une occasion, derrière aussi. Toujours ce problème d'efficacité et c'est ce qui nous fait défaut depuis les demi-finales.

 

Comment on l'explique ? Chez les A on remarque les mêmes choses, c'est un manque de mental devant le but ?

Je ne dirais pas de mental mais j'ai l'impression qu'on a pas l'état d'esprit de tueuses devant le but, faut pas se poser de questions, c'est marquer et je pense qu'on se pose trop de questions encore. C'est le cas à chaque fois et malheureusement encore une fois ça nous a éliminé.

 

Quel bilan tu tires de ta Coupe du Monde, il y aura plus de la joie comme au début ou un peu de tristesse de la fin ?

C'est mitigé. C'est une Coupe du Monde donc forcément j'étais ravie de participer et d'être arrivée jusque là. Malheureusement on a pas pu aller au bout, donc on est frustrées, parce qu'on avait une très très bonne équipe, une équipe complète et avec beaucoup de talent. On avait trop de qualités pour finir sur une note comme ça, c'est vraiment trop dommage.

 

Coeurs de Foot - Est-ce qu'il n'y a pas eu une grain de sable dans votre mondial ? Parce qu'on avait l'impression que vous faisiez un peu les montagnes russes, avec une bonne prestation, une mauvaise, une bonne...

E. L. - (elle réfléchit) C'est dur parce qu'en fait je pense que c'est ce qui nous a manqué, un peu de maturité et de se dire qu'un match de foot c'est 90 minutes et plus, et il y a des fois où on peut être moins bonnes dans un match mais il faut se relever et si une a failli, l'autre doit la relever. Je pense qu'il a manqué un peu de cette solidarité. Il y a en au eu mais pas comme on aurait voulu. Il manquait même de la communication et de l'envie. On sentait qu'en fait il y avait toujours des fossés entre chaque matches, joueuses, performances... C'était pas évident.

Le coach est déçu, parce qu'il sait qu'on peut mieux faire, on avait travaillé des choses, on avait analysé leur jeu et au final, encore aujourd'hui on perd, donc forcément, le coach est frustré parce qu'on aurait aimé terminer avec une médaille. On va continuer à travailler et se relever. Pour ma part je vais continuer à travailler pour la suite, pour viser plus haut encore.

 

Coeurs de Foot - C'est vrai qu'on a vu des travers encore dans ce match-là, qu'on avait vu déjà lors de précédents matches de cette compétition. Comment ça se fait que vous n'arrivez pas à les gommer justement ? C'est un manque de concentration, de précision...

Je dirais plus de la concentration, la précision aussi dans les passes, parce qu'il y a des passes qui ne sont pas bien données. On ne se rend pas les choses faciles parce qu'on peut mieux faire, notamment dans le jeu, dans les controles, dans les passes et on se précipite beaucoup des fois, par peur je crois. Je ne sais pas si c'est à cause du temps [des minutes], on a l'angoisse de ne jamais y arriver ou qu'on arrivera jamais à marquer. Il faut toujours aller vite, et au final ce n'est pas la bonne chose à faire, il faut poser [le jeu], mener des attaques placées. On aurait pu le faire mais on l'a pas fait.

 

Emelyne, tu as le sourire mais tu as la rage derrière ? 

Oui j'ai la rage. Je souris mais j'ai déjà tellement versé de larmes, qu'aujourd'hui tout ce dont j'ai envie c'est de reprendre le ballon et de recommencer à jouer pour évacuer parce que franchement c'est très dur.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que l'équipe de France manquait d'une leader ? Parce que face à l'Espagne, il y a eu Patri Guijarro comme leader, et là face à l'Angleterre, il y avait Goergia Stanway. 

Vous le dîtes et je le pense aussi, il manquait quelqu'un qui puisse prendre cette responsabilité. Dans la motivation de tout le monde, quelqu'un qui est avec nous et qu'on va pouvoir jouer avec, qu'on va se sentir mieux pour mieux faire nos matches.

 

Comment s'annonce ta saison avec Lyon ?

Je ne sais pas, déjà un peu de repos avant de repartir avec une semaine à peu près de break. Mais là je vais tout donner aussi pour jouer et pour gratter des minutes, parce que l'année dernière je n'ai pas beaucoup joué mais là je pense que le coach [Reynald Pedros] a vu, avec mes performances. Je ne pense pas qu'il soit déçu, mais à l'entraînement [avec Lyon] faudra que je prouve et continuer à me battre pour avoir ma place. 

 

Photo : Manu Cahu

Dounia MESLI