Après le match de Coupe de France face à Rodez, on est revenu sur la rencontre avec Elodie Martins. Forcément déçue après cette élimination, elle a pris le temps de revenir sur la saison du FC Metz et sur son parcours depuis l'époque d'Algrange jusqu'à aujourd'hui.  

 

Face à Rodez ça a été compliqué dès les premières minutes de jeu ?

On a été un peu timide sur le début de match. Après quand on a mis un peu plus d'impact physique, on a été beaucoup mieux. En fait c'est ce qui nous avait manqué, à ce moment [l'impact physique]. On a senti qu'on prenait un peu le dessus sur elles mais quand tu encaisses deux buts en à peine cinq minutes [en tout début de match], c'est déjà compliqué de revenir quand on est à 1-2. On a l'espoir mais après en seconde mi-temps, on prend un troisième but un peu donné on va dire et là on a pas su répondre.

C'était surtout compliqué par rapport à vos blessées on va dire ?

Oui voilà y'avait Mansuy, Gathrat, Wenger et Jatoba, on avait pas certaines filles importantes dans l'effectif. Puis la Coupe de France, ça a permis aussi de faire tourner les filles qui s’entraînent tous les jours, mais qui n'ont pas forcément de temps de jeu, donc voilà c'est pour ça aussi [qu'on devait faire tourner l'effectif].

Après ça m'a surtout perturbé parce que je suis milieu droit avec Héloïse [Mansuy] et ça fait trois ans qu'on joue comme ça, on se connaît par cœur. C'est une joueuse qui a beaucoup de confiance sur le terrain. Après voilà je pense qu'il faut savoir s'adapter. De toute façon on est là pour s'aider entre nous donc peu importe la joueuse ça change pas grand-chose.

Mais on vous sentait un peu en arrière par rapport à cet adversaire, qui était devant vous dans les duels. Est-ce que vous l'avez ressenti sur le terrain ?

Bah c'était pas ce qu'on voulait, parce que les attentes du coach, c'était d'aller presser un peu haut au moins le premier quart d'heure pour faire un peu peur et on a essayé de le faire mais c'est difficile de produire notre jeu. On a des automatismes avec certaines filles, là en plus c'était notre troisième match [en sept jours] donc y'en a plein les jambes, c'était compliqué.
Nous on était sur une bonne lancée, on faisait deux nuls, où on méritait peut être même plus.

On en avait parlé avec Adeline deux jours plus tôt, elle nous a dit que la priorité c'était les deux matchs de championnat justement, donc vous avez bien rempli votre part de marché en engrangeant au moins 1 point sur ces deux rencontres respectivement ?

Oui mais bon quand on rentre sur un terrain, on a toujours envie de gagner (sourire). Mais c'est sûr que la priorité c'est le championnat et le maintien, c'est logique.

 

"je suis fière de porter ce maillot"

 

Est-ce que pour toi c'est plus facile de jouer aujourd'hui après avoir emmagasiné autant d'expériences ou tu ressens que tu as moins de jus dans les jambes ? Alors même que tu restes très active sur le terrain.

Oui (rires) bientôt 32 ans et je suis encore sur les terrains. Non après c'est forcément plus compliqué parce que voilà, je travaille à côté, c'est loin de chez moi, c'est à 50 bornes de Metz, j'ai une petite fille donc c'est vrai que c'est plus difficile [sur le terrain], mais comme je suis passionnée, je joue et voilà. C'est l'amour du foot, l'amour de Metz, j'ai toujours supporté ce club et je suis fière de porter ce maillot, donc je me donne à fond à chaque fois.

Depuis que tu joues au foot, c'est quoi ton meilleur souvenir ?

C'est la première montée avec Metz-Algrange (sourire), on l'oubliera jamais même si la deuxième aussi ça restera un très bon souvenir. Mais voilà avec Algrange on partait de rien, c'était une bande de copines, rien n'était calculé.

 

"la fusion Algrange/Metz, on pouvait pas rêver mieux"

 

Tu es issue d'Algrange comme beaucoup de l'équipe actuelle, on a vu que tu avais participé à la montée en 2014 comme tu nous l'as dit. Le passage de l'amateur au pro tu l'as vécu comment ? Tu es passée de milieu à attaquante aujourd'hui, c'est un poste qui te convient mieux ?

J'ai bien aimé parce que moi j'attendais un peu ce côté professionnel, de s'entraîner tous les jours, de toujours se surpasser et voilà après la fusion Algrange/Metz, on pouvait pas rêver mieux. Même si on pense toujours à Algrange parce que c'était un club qui nous a beaucoup donné. Après moi je suis très contente de l'avoir fait. Par contre, le côté professionnel il est plus sur terrain qu'en dehors parce que j'ai mon travail, j'ai ma fille donc faut savoir compenser mais je le fais et c'est bien.

Là j'étais milieu droit même si j'ai joué plus haut mais généralement je reste milieu droit ou j'ai fait quelques matchs en arrière droit mais c'est vraiment mon poste privilégié [milieu droit].

Contrairement à bons nombres de joueuses ou quelques autres, tu n'as jamais été en sélection, c'est un choix personnel ou tu n'as jamais eu cette opportunité ?

J'ai fait les pré-selections en U16, en 2000 ou 2001. C'est loin et j'ai arrêté le foot pendant 4 ans, pour me faire opérer du genou.

Tu nous en a parlé tout à l'heure, vous faites un peu l'ascenseur avec la D2 et la D1. Ça fait quoi en fait de connaître la D2 puis la D1 et la désillusion de redescendre, vous êtes plus en confiance en D2 ou malgré les résultats actuellement cette place de D1, on l'apprécie ?

La D1 comme je l'ai déjà vécu y'a deux ans, je savais à quoi m'attendre. Je savais que ça allait être très très compliqué et que ça allait se jouer sur rien, sur des détails, on l'a vu sur les matchs qu'on a perdu 1-0 à la 92ème (Albi). Plus on va avancer dans les années avec cette section, avec les jeunes qui vont arriver, plus on va pouvoir amener cette expérience. Parce que c'est ça qui nous manque. Individuellement on est pas moins bonnes que les autres équipes et c'est ce qui fait qu'on y arrive pas [le manque d'expériences].

Est-ce que votre jeu ne manque pas d'un peu de conviction, de croire en vous, ou c'est la pression qui vous fait perdre votre construction de jeu ?

Après je pense qu'il y a de la pression, ce qui est normal, parce qu'on est promu. On veut tellement bien faire qu'on fait mal. Vu que les résultats ne sont pas en notre faveur. Après voilà faut prendre son mal en patience, ça va finir par payer.

Semaine prochaine vous recevez Marseille, là vous allez pouvoir vous reposer mercredi ou vous entraîner un peu plus tranquillement. Comment vous l'appréhendez ? C'est un match qui s'annonce d'ores et déjà compliqué à jouer même si c'est à domicile ?

Oui c'est un match compliqué mais en fait on en a pas encore parlé, on vit les matchs un peu jour après jour. On se concentre sur notre semaine d'entraînement, on bosse et vendredi soir David [Fanzel] nous donne son groupe et voilà on se prend pas la tête.

Toi avec ton expérience, ça fait depuis 16ans que tu joues au foot, même si comme tu nous l'as dit tu as eu cette petite pause de 4ans. Est-ce que tu essayes un peu de parler avec les autres joueuses pour leur donner un peu de ton expérience ou tu laisses chacune gérer comme elle veut la saison ? On te voit pas donner de consignes en fait sur le terrain, tu restes dans ta bulle ?

Oui après je pense qu'il y a des jeunes, qui ont beaucoup plus d'expériences que moi dû à leurs sélections notamment, et moi je me sers beaucoup d'elles pour progresser. Après quand ça me plait pas je le dis, j'ai un caractère (sourire) j'aime bien dire les choses mais bon voilà chacune apprend l'une sur l'autre. Le Football évolue et il faut se mettre à la page des fois (rires).

Dernière question, avec aucune victoire et seulement 4 buts inscrits, 12 en Coupe de France, mentalement c'est compliqué parce que tout le monde vous voit redescendre là, c'est frustrant quand même ?

Oui bah je pense qu'on va tout gagner là et qu'on va se maintenir (rires). C'est ce qu'on souhaite, ça va être dur mais bon voilà il faut rien lâcher. Oui c'est frustrant parce qu'on se créé les occas et puis on arrive pas à les mettre au fond donc c'est vrai que c'est un peu compliqué. Maintenant on a recruté une attaquante, parce qu'on savait que c'est une joueuse qui nous manquait pour marquer.

Là [Melike Pekel] elle nous a pas encore fait cette joie là mais elle apporte beaucoup de biens autour. Je pense que dès qu'elle aura mis le premier, après ça va défiler. En plus c'est compliqué pour elle, qui vient dans une autre équipe à la trêve, elle parle pas français. Moi je leur tire mon chapeau aux filles qui font ça parce que moi je me verrais mal aller en Allemagne, je serais un peu en galère (rires).

Dounia MESLI