En conférence de presse, Didier Ollé-Nicolle est revenu sur cette finale remportée par ses joueuses (8-0). Le coach des Parisiennes a également évoqué cette saison, qui aura été pour le moins éreintante.

 

Journaliste - Sur le début de la rencontre, avec plusieurs buts inscrits 

Oui c'était ce premier quart d'heure, dans la mesure où il y avait de la volonté depuis 15 jours avec le match de Bordeaux (en championnat, ndlr) pour nous de bien se préparer pour cette finale. On a vu un groupe impliqué, une bonne semaine d'entraînement et après, on savait très bien qu'il y avait un niveau d'écart entre les deux équipes, mais c'est la Coupe [elles auraient pu marquer]. Quand c'est gagné, quand tout semble normal, mais l'équipe a été tout de suite dans le match.

La volonté c'était de faire comprendre à l'équipe d'Yzeure qu'on ne pourrait pas sortir de son camp et pour cela, il fallait mettre du rythme, les filles ont été parfaites et on savait que la messe était dite. Il fallait être sérieux, prendre du plaisir, tout en respectant cette équipe d'Yzeure et j'en profite pour les saluer, parce que c'est quand même une équipe de D2 qui arrive en finale, c'est un parcours merveilleux.

 

Journaliste - Sur son premier trophée à titre personnel

De gagner une Coupe de France quand on est entraîneur ou joueur [c'est merveilleux]. Ce que je disais aux joueuses dans la causerie, il y a beaucoup de joueurs/joueuses qui ont fait une belle carrière, mais qui ne l'ont pas gagné. Ce n'est pas comme les championnats où ça se répète, donc il ne faut pas galvauder cela. Une ligne en plus pour le palmarès du PSG, qui est un club jeune sur le plan féminin.

L'année dernière l'équipe a gagné le championnat, cette année la Coupe. Sur cette saison, on a perdu un seul match dans les circonstances qu'on connaît (face à Lyon, avec l'affaire Hamraoui ndlr). Pour toutes ces raisons-là, il y a eu des moments où ça n'a pas été simple, ça a duré très très longtemps et d'arriver à faire ses prestations et de rester bien concerné par ça, c'est super. 

La Coupe, c'est comme si on l'avait joué à l'envers. En général, on commence par les petites équipes pour finir par les gros et nous, on a fait l'inverse. Sur le match, les filles ont fait le boulot mais par contre, il a fallu éliminer Lyon, Dijon, Montpellier et Fleury entre deux matches contre le Bayern (en Ligue des championnes). C'est un beau trophée, un beau titre pour le club.

 

Journaliste - La Coupe de France sauve-t-elle la saison ?

Comme l'équipe avait gagné quelque chose l'année dernière, ça aurait été bête de redescendre d'un cran. Il fallait gagner quelque chose, même si on a encore un match contre Lyon pour finir en beauté. Pour montrer un certain niveau, [...] il y a eu une défaite mais elle était particulière. Les Lyonnaises ont gagné sur leur terrain. La vie est cruelle, on ne peut pas aller au bout de ses idées et d'avoir gagné aujourd'hui, c'est une bonne réponse, dans la mesure où on avait aussi éliminé Lyon. Ca ré-équilibre les forces et on l'a vu sur la demi-finale de Champion's League. Il y a des regrets sur le match aller.

 

Journaliste - Sur la saison de Marie-Antoinette Katoto, acclamée par les supporters

Marie était déjà une très bonne joueuse, c'est une joueuse internationale. Mais je pense que cette année, on lui a confié encore plus de responsabilités, et dans notre style de jeu, elle a un rôle très important avec une équipe basée sur le jeu, en passant beaucoup par les côtés, ce qui est notre marque de fabrique. Elle a été détonante, elle a marqué beaucoup de buts, décisifs. Elle a franchie un cap sur le plan individuel et elle a permis à l'équipe de passer un cap. C'est vraiment une très bonne joueuse.

Je suis supporter (rires). Quand on a des joueuses cadres, une équipe jeune et qu'on fait une saison de jeu, de progrès sur 2 ou 3 ans. Si on avance et qu'on perd nos 2 ou 3 meilleures joueuses, on ne pourra pas franchir le cap qui nous amènera vers le graal. Il faut continuer à travailler et à garder nos meilleures joueuses. Donc ce soir je suis au milieu du KOP pour qu'elle reste au club.

 

Journaliste - Sur sa continuité à la tête de l'équipe féminine 

On ne m'avait pas fixé d'objectifs de résultats, l'idée c'était de continuer a faire grandir cette équipe, de la faire jouer d'une certaine façon. Mais moi je n'aime que gagner, j'aurai aimé faire le doublé, voir le triplé. On l'a frôlé, donc c'est qu'on a encore des points d'améliorations, notamment dans la gestion de la constitution de notre prochain effectif.

On se rend compte de l'état d'esprit, de la mentalité, que les joueuses s'entendent, c'est essentiel. Autrement, on a assez d'adversaires contre qui se battre, si on n'est pas sur le même bateau, ce n'est pas facile. J'avais envie de gagner aujourd'hui, mais il y a le projet, il y a le Paris Saint-Germain et on va continuer à discuter pour faire progresser cette équipe.

 

Journaliste - Usé, fatigué par cette saison ?

Bien sûr. Il y a 15 jours, j'ai dit aux filles que ça avait été usant, mais pour moi aussi. On y a tous laissé du gaz, de l'énergie, pour continuer à progresser. Sur le plan de la réflexion, a un moment donné ça a été une vraie école de management, de psychologie. Sur les deux derniers mois, le travail important c'était plus la gestion humaine pour faire cohabiter cette équipe, ça n'a pas forcément été simple, il faut tenir la barre. Tout n'était pas rose mais ça ne pourra pas se renouveler. C'est des expériences, avec du recul, enrichissantes, on a le sentiment que ça peut aider les gens. 

Si on avait pas gagné un titre, il y a beaucoup de gens qui suivent le football féminin, qui me disent que le PSG a produit le meilleur jeu de D1 Arkema. Mais quand on est entraîneur, c'est aussi important, au delà des trophées, de participer à la progression, à l'évolution des joueuses. Je suis curieux de voir combien il y aura de Parisiennes dans l'équipe-type. Elles sont nommées par d'autres joueuses et s'il y a une majorité de nos joueuses, c'est qu'il y aura quelque chose de reconnue.
 
C'est une saison qui a été riche, qui a été entrecoupée, on a la frustration de ne pas être allé au bout de notre aventure. On aurait pu aller plus loin sans ces évènements, mais on a malgré cela, on a réussi à éliminer le Real, le Bayern, de pratiquement éliminer Lyon. Ca montre que tout le monde est resté droit dans ses bottes, c'est une fierté parce que c'était pas forcément évident. La Coupe n'est pas une fierté mais une grosse satisfaction pour les joueuses, on a vu sur le terrain, qu'elles ont pris du plaisir et qu'elles étaient très heureuses à la fin.

Karim Erradi