C'était l'heure des retrouvailles dans la famille Cascarino. Après avoir joué l'une contre l'autre dimanche en championnat, Delphine et Estelle étaient à nouveau réunies, cette fois-ci sous le même maillot celui de l'équipe de France, qui prépare son match amical face à l'Italie. Une couleur bleue qui leur a réussi ces dernières années chez les jeunes, et que Delphine retrouve un an après sa longue blessure au genou gauche.

 

Cœurs de Foot – Pour commencer, Delphine, quelles sont les sensations aujourd'hui. En 2017 tu avais connu une longue blessure. Où est-ce que tu en es aujourd'hui ?

Delphine Cascarino – Ça va beaucoup mieux, franchement j'ai bien repris mes sensations. Je suis très contente.

 

« Là d'être l'une contre l'autre, on avait jamais imaginé ça. »

 

CDF – Pour toi Estelle, on a l'impression que ton club [du Paris FC] a l'air mieux cette saison, par rapport à la saison dernière...

Estelle Cascarino – Oui, cette année ça se passe bien. Je joue, je suis contente (…) Il y a eu du changement, et on avait besoin de changements. Cette année, il y a vraiment une nouvelle dynamique, on se sent bien, le groupe se sent bien, ça vit bien donc forcément ça va mieux.

 

CDF – Le week-end dernier, vous étiez face à face en championnat. Comment c'était de se retrouver dans cette situation là. Delphine, tu as l'occasion de malmener un peu ta sœur sur le côté droit ?

D.C – Non, pas trop. J'étais assez mal à l'aise contre elle, comme elle me connaît. J'ai essayé, parfois de... mais c'est pas passé.

E.C – Si, une ou deux fois, c'est passé. [Se retrouver face à face], c'était bizarre. On a plus eu l'habitude de jouer ensemble. Là d'être l'une contre l'autre, on avait jamais imaginé ça. C'était une bonne expérience à vivre même si on préfère être dans la même équipe plutôt que l'une contre l'autre.

 

«  C'est un peu un rêve qui se réalise »

 

CDF – Et aujourd'hui, c'est un peu les retrouvailles en Bleue, de nouveau réunies sous le même maillot, et surtout en équipe de France...

D.C – C'est incroyable de se retrouver ici, on a fait toutes les sélections jeunes ensemble, donc on avait pourquoi pas pour objectif de se retrouver en A, et c'est chose faîte. Maintenant, on espère y rester.

E.C – C'est un peu un rêve qui se réalise. On espère que ça va durer le plus longtemps possible.

 

CDF – Est-ce que vous vous donnez des conseils entre vous, que ce soit sur le terrain, ou plus généralement concernant le football ?

D.C – Non pas trop, on ne se donne pas trop de conseils.

E.C – Pas trop de conseils. Elle est un peu plus derrière moi, [parce qu'elle] est un peu plus organisée que moi, du coup, sur ça elle me donne des conseils. Elle me bouge un peu en fait, mais sinon...

D.C – C'est plus dans la vie...

E.C – …Dans la vie de tous les jours

 

CDF – Mais pas sur le terrain ?

D.C – Non

E.C – Non, pas du tout

 

CDF – Estelle, tu défendais face à ta sœur dimanche. Jusqu'où tu te vois aller pour l'empêcher de passer ? Tacler par exemple, faire des fautes...

(Delphine charie Estelle)

D.C – Petite anecdote

E.C – Petite anecdote. En U17, en sélection, on était dans la même équipe pour le coup. Mais à l'entraînement, on était adversaires et je l'ai taclé et je l'ai blessé en fait. Sans faire exprès bien sûr. Du coup je lui ai fait mal à la cheville

D.C – Voilà, et j'étais blessée pendant une semaine. (rires des deux sœurs)

 

« Au niveau de l'équipe,

on avait une bonne osmose. »

 

CDF – 2016 avait été une année faste pour toutes les deux notamment en sélection, qu'est-ce que vous retenez de cette année-là ?

D.C – La coupe du Monde, très contente de notre parcours malgré notre défaite en finale.

E.C – Franchement, la Coupe du Monde, c'était une super aventure, exceptionnelle, riche en émotions, que ce soit sur le plan du football ou même humainement. Franchement, c'est vraiment ça que je vais retenir personnellement.

D.C – Pareil (…) Là-bas, on a été super bien accueillies, et même au niveau de l'équipe, on avait une bonne osmose.

 

CDF – Pour toi Delphine, c'était aussi la victoire en Champions League avec Lyon ?

D.C – Oui, en 2016, j'ai aussi gagné la Ligue des Champions, ça aussi, ça m'a marqué. C'était vraiment incroyable.

 

CDF – Estelle, tu as vécu ça comment, ce titre européen pour Delphine ?

E.C – Forcément, ça donne envie de jouer la Ligue des Champions. Ça motive, ça fait avancer, donc c'est une bonne chose. Plus elle va loin, plus ça me donne envie d'aller loin. C'est comme ça qu'on se motive un peu. (à Delphine) Continue à jouer la Ligue des Champions (rires). En club, c'est ce qui se fait de mieux.

 

«  C'est comme une revanche sur moi-même »

 

CDF – On va parler de ta blessure, Delphine, longue blessure. C'était il y a un an, pendant un stage de l'équipe de France à la Réunion. Maintenant que tu as retrouvé les terrains, quel regard tu as sur ce qui s'est passé pour toi ?

D.C – C'est comme une revanche sur moi-même. Je me suis blessée alors que j'étais en pleine ascension. Mais ça m'a pas démotivé pour autant. Voilà, je suis là aujourd'hui, je suis vraiment contente de retourner en équipe de France.

 

CDF – A l'époque, le staff de l'OL avait pointé le fait que tu avais beaucoup joué, peut-être trop. Tu penses que c'est ça qui a joué dans ce qui t'es arrivée avec la blessure ?

D.C – Après, moi, si on m'avait demandé si je voulais du repos...J'étais en pleine bourre comme on dit, et j'aurais refusé. J'ai envie de jouer tous les matches et du coup, franchement, il n'y a pas vraiment de coupable. J'ai voulu jouer plusieurs compétitions, j'aurais pas pu refuser.

 

CDF – De plus en plus, c'est vrai aussi chez les garçons, on a l'impression qu'on en demande beaucoup aux jeunes, dès qu'une joueuse, un peu comme toi, commence « à exploser ». Est-ce que ces derniers mois, notamment avec la blessure, font que peut-être, on gagne en patience, justement de ne pas vouloir griller les étapes ?

D.C – Oui, forcément. De se dire qu'on s'est blessée alors qu'on était en pleine ascension, c'est sûr que ça faire réfléchir.

E.C – Moi, c'était il y a maintenant trois ans. J'ai eu une longue blessure. C'est sûr que ça renforce le mental et ça incite à pas trop brûler les étapes, faire attention à son corps, à gérer les efforts. Au final, c'est un plus, une fois qu'on est revenue.

 

CDF – Comment vous avez réagi dans ces situations-là, c'était le découragement ou tout de suite la volonté de remonter la pente ?

D.C – Sur le coup, on se dit : « Comment ça a pu m'arriver à moi ? Ça arrive toujours aux autres et là ça m'arrive à moi ! » Bon c'est pas une fatalité, on se relève. A Lyon, j'avais la chance d'avoir un bon staff médical. J'ai aussi eu la chance d'aller en soins à Clairefontaine. Ça s'est super bien passé et aujourd'hui tout va bien.

E.C – Il faut être patient, surtout quand on revient. Et petit à petit, on retrouve son niveau, tout simplement. Ça s'envole pas. Les acquis reviennent au fur et à mesure du temps.

 

« On a été prises dans la spirale du football, nos parents avec. »

 

CDF – On voit également que vos proches, les parents, frères ou soeurs sont très présents à vos côtés...

D.C – C'est vrai que nos parents ont vraiment été présents, surtout ma mère. C'est vraiment un gros soutien et sans ça, je pense pas qu'on en serait là aujourd'hui

E.C – Oui, vraiment toute la famille. Ils sont derrière nous. On a vraiment de la chance. Soutenues, motivées. (…) Du moment où on a décidé de faire du foot, ils sont à 300 % derrière nous. Ça aurait été pareil si on avait fait du basket ou du ping-pong. (…) Le foot, on en a fait sans réfléchir à demain. On en a fait, et plus on aimait ça, plus ça devenait important, et on a été prises dans la spirale du football, nos parents avec, et allons-y quoi.

 

CDF – Les débuts en équipe de France, c'est une étape importante dans une carrière, comment vous vivez ça, avec ces premières sélections en Bleue ?

D.C – C'est sûr que l'équipe de France, c'est le très très haut niveau. Et tout sportif, je pense, rêve un jour, d'accéder au très haut niveau, de jouer pour son pays. On a eu la chance de le vivre en jeunes et on avait pour objectif de le vivre en A et voilà on est très contentes.

E.C – Exactement, c'est une fierté, un rêve, à la fois un rêve et un objectif. Donc forcément, quand ça arrive, on est très fières et très contentes. On va tout donner pour continuer à travailler et pourquoi pas, aller à la Coupe du Monde 2019.

 

CDF – Pour finir, on va parler de l'Italie, et du match de samedi. Comment vous voyez cette équipe, est-ce que vous la connaissez déjà ?

D.C – Moi, je la connais pas très bien cette équipe. Après, on a eu l'occasion de la jouer en jeune(s). C'est une équipe qui nous ressemble, très technique, qui joue bien au ballon. Ça va être un bon match.

E.C – C'est une équipe [qui est] aussi agressive, qui se laisse pas faire, donc c'est pas une équipe facile à jouer. Ça va être un match intéressant, je pense.

. La rédaction