En larmes à la fin du match perdu 3-1 face à Metz comptant pour la 21e journée de D1, la gardienne de Rodez était inconsolable. Cette défaite synonyme de relégation pour son club, qui n'a pas réussi à garder sa bonne victoire face à Montpellier du week-end dernier, pour espérer jouer le maintien lors de l'ultime journée de championnat. Après l'avoir laissé souffler un peu, elle nous a accordé une interview après cette descente frustrante en D2.

 

"Très déçue. Pire que déçue même, c'est ma deuxième descente (Deborah Garcia avait déjà connu une descente en D2 avec Toulouse en 2011) et c'est compliqué à vivre. Après c'était une grosse saison cette année en D1 et on a eu du mal. C'était très compliqué le début du championnat, on a eu des hauts et des bas. On a eu du mal à se mettre dedans (il aura fallu attendre 13 matches avant que Rodez n'est sa première victoire cette saison face à Lille). Ensuite ça a été beaucoup mieux [dans l'état d'esprit et les résultats], on a réussi à respirer face à Lille (victoire 1-0) en décembre. On y a cru [au maintien] encore jusqu'au week-end dernier [après la victoire 2-1] face à Montpellier. Malheureusement [on n'y est pas arrivés]. Je m'en veux sur les trois buts qu'on a pris ce soir."

 

Je t'ai vu en pleurs à la fin du match. C'est dur pour toi ? Comment ça s'est passé dans le vestiaire ? Les autres filles ont intériorisé leur déception ?

J'ai craqué, mais ça reste du football, il faut relativiser, et avancer. D'autres craqueront après en rentrant chez elles.

 

Votre victoire à Montpellier le week-end dernier avait tout relancée, vous aviez encore l'espoir à ce moment là, de faire basculer le destin et de créer l'exploit ? Ca vous avez boosté pour ce match contre Metz ?

Oui ça avait tout relancé, on est venus avec l'envie de gagner aujourd'hui. Montpellier ça nous a vraiment relancé [dans notre confiance au maintien]. Même si on était dans une mauvaise dynamique avant ce match contre Montpellier, on y croyait encore [de rester en D1]. Malheureusement on n'a pas réussi à réitérer cette bonne performance ici [face à Metz]. La sanction [est là], on descend. C'est une désillusion complète, c'est dure à avaler. Après c'est dur, mais on va continuer... (je la coupe)

 

Qu'est-ce qui vous a fait mal à votre équipe cette saison, parce que ça fait presque 10 ans que Rodez est en D1 ? Est-ce que c'est en partie la professionnalisation de la D1, avec l'arrivée de grosse machine comme Bordeaux, Dijon etc ?

Non je ne pense pas que cela est dû à la professionnalisation du championnat, c'est juste qu'on est un club amateur, on est le seul aujourd'hui il me semble en D1 et "malheureusement" on a des filles qui travaillent tous les jours de 8h à 18h, on s'entraîne tous les soirs à 19h et je peux comprendre que sur l'année c'est dur [de tenir le rythme]. C'est beaucoup de sacrifices, on n'a pas eu un week-end de libre, on n'a fait beaucoup de matches amicaux durant toute la saison et de la prépa, c'est compliqué [de suivre la cadence]. On a eu des joueuses blessées ou des soucis derrière (comme l'absence de Laurie Cance en début de saison après avoir écopé de plusieurs matches de suspension par la Commission disciplinaire de la FFF, suite à une altercation avec une joueuse adverse). Mentalement, psychologiquement, physiquement on n'a eu des mauvaises passes à certains moments sur ces trois aspects [et ça nous coûte notre maintien].

 

Cette saison tu étais "co-gardienne" avec Laetitia Philippe (ex-MHSC) si on peut dire. Comment tu as géré cette saison ? Parce que tu avais fait 17 matches la saison dernière, là tu en as fait 9 si je ne me trompe pas (10 avec Metz) ? C'était une saison particulière, difficile pour toi personnellement ?

Ça a été compliqué pour moi au début, car j'ai eu des petits soucis [physiques], une blessure, alors que j'avais fait une bonne prépa avec l'équipe. Le staff devait donc renforcer mon poste en recrutant une deuxième gardienne, et ça a été Laetitia Philippe (qui a joué avec Sabrina Viguier, la coach du RAF). C'était très très dur pour moi, parce que ça faisait 6 ans que j'étais au club, je me suis dit que j'allais avoir de la concurrence et que ça allait être chaud [pour moi]. Les premiers mois je n'ai pas joué, parce qu'il fallait que je retrouve ma sérénité si on peut dire, d'accepter la situation et de me battre pour avoir ma place. J'ai travaillé d'arrache-pied, et ça a payé, j'ai eu ma chance de faire mes preuves.

 

J'ai du mal à comprendre le fait que tu ne sois pas appelée en équipe de France A, B ou autre ?

J'ai fait les sélections jeunes, j'ai fait une Coupe du Monde U20 également, mais je manquais de maturité j'ai l'impression, et ça m'a porté préjudice, j'en suis consciente. Après je râle pas [parce que je ne suis pas prise] je respecte les choix qui sont faits [par les coachs], et je suis contente pour les filles qui sont prises. J'ai travaillé sur ça [ma maturité sur le terrain], j'ai appris et je sais que j'ai encore des progrès à faire, mais je fais tout mon possible pour l'être, pour être sereine et consciente des choses. J'espère pouvoir être rappelée et prouver que je peux être à la hauteur, prouver que j'ai mûri et appris. Je suis contente pour les filles qui vont participer à la Coupe du Monde en France surtout (la liste sera révélée le 2 mai).

Dounia MESLI