A l'occasion des matches amicaux organisés ce week-end par l'ASPTT Albi, nous avons pu rencontrer l'équipe féminine tarnaise qui se prépare pour sa troisième saison dans l'élite. Avec l'objectif du maintien en tête, Albi espère continuer sa belle aventure en D1 et tenir tête aux équipes rattachées à des clubs professionnels et qui s'installent progressivement en première division. Un défi de taille, mais que le club albigeois est prêt à relever.

 

Ce week-end, Albi accueillait ce qui se fait de mieux de l'autre côté des Pyrénées. L'Athletic Bilbao et le FC Barcelone, soit les deux dernières championnes d'Espagne en Primera Division. Les deux équipes étaient accueillies à Albi, pour une série de deux matches amicaux, face à l'ASPTT et Montpellier, également de la partie pour cet événement.

Ces matches amicaux permettent de réaliser des revues d'effectifs en vue de la saison qui arrive. A ce titre, l'entraîneur d'Albi Adolphe Ogouyon est toujours à la recherche de plusieurs joueuses qui lui permettent d'étoffer son groupe à quelques semaines du début du championnat et de la réception du Paris Saint-Germain au stade Maurice-Rigaud. Parmi ses préoccupations, renforcer un secteur offensif peut-être un peu trop juste pour affronter la saison qui vient.

Du côté des joueuses déjà intégrées à l'effectif, la préparation bat son plein. Depuis le 25 juillet, les Albigeoises ont déjà eu droit à une trentaine d'entraînements et quelques matches amicaux. Une période qui permet aussi de repérer les blessures, et elles étaient quelques unes à avoir été laissées au repos dimanche pour la réception de Barcelone. Une avant-saison, où le coach insiste particulièrement sur le travail physique et athlétique. Un choix logique pour une préparation d'avant-saison, mais qui correspond également à son objectif de faire que ses joueuses soient capables de tenir physiquement face à n'importe quel adversaire, tenir la distance y compris face aux équipes du top 4 en D1.

C'était d'ailleurs l'une de ses préoccupations autour du match face à Barcelone, voir comment son équipe se comporterait, observer la capacité de ses joueuses à tenir la distance contre une équipe qui vous prive de ballons mais également capable d'imposer un pressing très haut qui gène la construction du jeu. Par séquence, Xavi Llorens, l'entraineur de Barcelone, a aligné un onze proche de son équipe type, et les joueuses d'Albi ont pu se confronter au très haut niveau. Si le score final

de 2-0 pouvait paraître décevant, les joueuses sont sorties du match entre admiration pour la qualité de jeu de leurs adversaires du jour et la fierté d'avoir tenu le choc, notamment sur le plan athlétique. Le genre de matches plein d'enseignements, surtout lorsque l'on joue Paris et Lyon dès les premières journées de championnat.

 

Exister sur le terrain et en dehors

Se faire respecter sur le terrain et en dehors, c'est une devise que l'on pourrait associer à Albi, qui n'est pas la ville que l'on associerait spontanément au football, qu'il soit féminin ou masculin. Pourtant, Albi est un bon exemple de club capable d'exister en marge du professionnalisme qui se développe dans le football féminin. A l'image de ces matches amicaux face Bilbao et Barcelone, deux formations qui vont disputer la Ligue des Championnes cette saison, l'objectif est de positionner Albi et ne pas se retrouver en marge du haut niveau.

Cette démarche va de pair avec la volonté du staff technique et du coach Adolphe Ogouyon de faire d'Albi un club qui rayonne à l'échelle régionale et qui soit capable d'attirer les talents qui peuvent exister dans la région. Et pourquoi pas à terme faire d'Albi, un club qui soit capable de former des joueuses qui puissent ensuite évoluer au plus haut niveau à l'ASPTT ou ailleurs.

Des projets ambitieux pour un club au statut amateur mais qui répondent à la question de l'avenir d'un club comme Albi qui est parvenu à se faire une place en D1 depuis deux ans plutôt que de faire l'ascenseur comme cela arrive régulièrement pour les clubs qui montent de D2. Cela passe aussi par une équipe plus étoffée autour du coach, avec un staff technique désormais composé de sept personnes dont Sylvie Casonato, la dernière arrivée comme adjointe terrain d'Adolphe Ogouyon, et qui sera également chargée de faire le lien entre les joueuses et un staff pour le moment très masculin.

Toutes ces questions font partie des préoccupations quotidiennes du président Bernard Espie. Pour sa part, il prend cette situation avec philosophie, conscient du chemin parcouru par l'ASPTT jusqu'en première division avec l'accession finalement obtenue il y a deux ans.

 

Les Toulousaines d'Albi

Sur le terrain, l'un des moyens qui a permis à l'équipe de progresser, c'est l'apport des « Toulousaines ». Ce sont des joueuses qui font leurs études à Toulouse, et qui pour un certain nombre d'entre elles sont passées par les pôles espoirs, soit à Blagnac soit à Clairefontaine pour la capitaine Anaïs Arcambal. Le club d'Albi est parvenue à signer quelques unes des joueuses formées à Toulouse et qui trouve à Albi une possibilité de jouer au plus haut niveau à côté de leurs études alors que le TFC est pour le moment relégué à l'échelon inférieur.

Parmi ces « Toulousaines », Laura Condon va entamer sa deuxième saison à Albi, après un été couronné par un titre à l'Euro des moins de 19 ans (U19) avec l'équipe de France. Autorisée à prendre des vacances après l'Euro en Slovaquie, elle a repris l’entraînement mi-août et prépare avec ses coéquipières la venue de Paris en ouverture du championnat et où elle pourrait retrouver quelques unes de ses coéquipières de l'équipe de France. A côté du football, Laura suit des études d'information-communication, avec la deuxième année de son DUT.

=> À lire : Rencontre avec Laura Condon (ASPTT Albi)

Originaire de la région, son arrivée à Albi lui permet d'avancer dans ses études avant de rêver d'une éventuelle carrière professionnelle. Le genre de projets que l'on garde dans un coin de la tête, tout en sachant que les opportunités ne sont pas encore légion dans le football féminin. Une modestie du cadre qui ne va pas sans un certain charme. L'ASPTT Albi fait partie de ces clubs qui sont parvenues à fidéliser un public autour de l'équipe féminine.

Un succès qui selon le staff du club peut s'expliquer par le fait que l'équipe féminine de l'ASPTT est l'équipe par laquelle le football de haut niveau est revenu à Albi. De la curiosité, de la fierté des Albigeois-es et puis des médias locaux qui « jouent le jeu ». Dans le stade, chaque rencontre à domicile est suivie par plusieurs centaines de personnes. Pas moins de 300 personnes la saison dernière jusqu'au millier pour la réception de l'Olympique Lyonnais.

Parmi les joueuses, elles sont quelques-unes à gagner un peu leur vie grâce au football, quelques contrats fédéraux et des contrats aidés (emplois d'avenir). Parmi ces joueuses qui sont à Albi que pour le football, Cindy Perrault et nouvelle recrue de l'ASPTT en provenance de Lyon. Troisième dans la hiérarchie des gardiennes derrière Sarah Bouhaddi et Méline Gérard, Cindy Perrault était confrontée à la nécessité de partir pour continuer à progresser et surtout jouer.

Déjà contactée par Albi la saison dernière, Cindy Perrault avait choisi de rester à Lyon pour continuer sa progression. Aux côtés de Sarah Bouhaddi, elle estime avoir beaucoup appris, une coéquipière qu'elle regrette déjà. Internationale en équipe de France jeunes, Cindy Perrault pourrait être du voyage en Papouasie Nouvelle-Guinée pour la Coupe du Monde des moins de 20 ans. Une sélection qui passait par du temps de jeu en club et donc la nécessité de quitter le cocon lyonnais.

A Albi, Cindy Perrault n'est pas perdue. Elle retrouve dans le Tarn deux anciennes coéquipières des U19 de l'OL : Maëva Manuel et Bettina Matondo avec qui elle avait remporté le challenge national moins de 19 ans. Il y a aussi les filles rencontrées en sélection : laura Condon et Manon Cazes. De quoi la mettre en confiance pour ses grands débuts en D1 dans quelques jours.

 

Les ambitions du coach

La saison d'Albi devrait se centrer autour de l'objectif du maintien. Mais Adolphe Ogouyon, l'entraîneur de l'ASPTT se montre attaché à la nécessité de produire du jeu, être capable de se reposer sur des phases de construction collective, tenir le ballon et ne pas simplement opérer par contres. Parmi les joueuses sur lesquelles il s'appuie, Tatiana Solanet, auteure d'un doublé face à un Bilbao (victoire 3-0 face à une équipe remaniée) et qui face au Barça est parvenue par moment à desserer l'étau catalan par sa qualité technique, et sa capacité d'accélération avec ou sans ballon.

Symbole de cette absence de complexe, la réponse du coach lorsque l'on évoque l'arrivée en D1 de Bordeaux et Marseille, des clubs aux moyens plus importants et du risque pour Albi pour la saison à venir. Le coach Ogouyon nous dit n'avoir peur de personne et que depuis deux ans, à chaque fois on annonce Albi pour la descente et que par deux fois l'ASPTT est parvenue à se maintenir. Pas de raison que cela change...

Hichem Djemai