Comme l'année dernière, la D1 voit deux clubs promus accéder à son championnat, parmi les dix autres équipes qui la compose. Cette saison c'est le FC Fleury (ex-Val d'Orge) et le LOSC qui ont donc remporté leur montée et qui feront leur entrée dans la compétition élite du Football Féminin en France ce dimanche. Si l'accession du club "parisien" n'a pas connu de réels accrocs, il en a été autrement pour le club lillois. Détails.

 


Un saut dans l'inconnu

"C'est un championnat qu'on ne connaît pas" nous a confié Camille Dolignon. Un fait avéré puisque hormis Juvisy en Coupe de France la saison dernière, les Lilloises n'ont pas rencontré de grosses écuries durant leur apprentissage du haut niveau. Ce qui laisse donc plusieurs questions en suspens.

 

On a interrogé le coach lillois, Jérémie Descamps sur cette préparation à l'élite du Football en France. Et avec honnêteté et lucidité il nous a rapporté son état d'esprit : "On a pas du tout préparé la D1. On a essayé de construire un groupe de manière intelligente, progressivement, pour être au niveau de plus en plus rapidement. L'avantage c'est que la mayonnaise a pris très vite l'année dernière donc tant mieux, mais on prépare la D1 à partir du moment où on savait qu'on montait". Une façon de reculer pour mieux sauter probablement, pour éviter de mettre trop de pression notamment et se projeter match après match, sans vouloir griller les étapes dans la tête de ses joueuses.

 

"C'était un projet de trois, quatre ans et au final on est montés au bout de deux ans" nous a même ajouté Camille Dolignon, que nous avons également contacté pour évoquer de ce sujet. "On avait l'intention de monter en D1 avec une année ou deux en plus quand même." Il est vrai que cette dernière saison en D2, le LOSC avait l'air bien plus apte à répondre au défi de la D1, qu'un autre plausible promu.

 

"L'année dernière on avait déjà des joueuses d'expériences, qui avait connu la D1 et le niveau international" a ajouté Descamps pour mettre en contexte le projet du club autour de sa section féminine. "On a connu des moments compliqués la saison dernière, donc ça va nous permettre mentalement d'être prêts à aborder certains matchs dans lesquels on pourrait être en difficulté" complète-t-il. Une raison de plus, qui nous pousse à penser que Lille a plusieurs aspects convaincants, quant à ce qui l'attend dans l'élite cette saison 2017/2018, malgré la forte concurrence. 

 

Mais quelle sera l'approche face aux grosses équipes de ce championnat ? Le coach s'est voulu pragmatique : "Ce n'est pas de la suffisance, mais à partir du moment où on sait qu'on a fait le maximum et que les filles sortent du terrain en ayant fait le maximum, si le résultat n'est pas à notre avantage, ça reste du foot. Par contre on va vendre chèrement notre peau. On va rentrer sur le terrain avec humilité mais on laissera pas notre place à quelqu'un d'autre et on donnera pas le match, ça c'est certain. Après le football est fait de niveau différent et à partir du moment où on sera battu par plus fort que nous, mais qu'on aura fait le maximum, on pourra sortir fières de ce qu'on a fait. Si on mérite de gagner, on gagnera".

 

Des arguments pour la D1

Ne pas mettre la charrue avant les boeufs, telle est l'adage que l'on pourrait associer au LOSC lorsque l'on a demandé au coach sa vision de la saison qui l'attend avec son équipe : "Ca dépendra du temps d'adaptation qu'on aura à la D1". Il en est évident lorsque l'on sait que l'exercice 2016/2017 a réservé plusieurs surprises d'entrée de championnat, comme la défaite de Juvisy face à Guingamp par exemple.

 

De toute façon, il en est certain, le point fort de cette équipe lilloise est son homogénéité apparente. "On se sent confiant par rapport à notre dernier recrutement. On est très satisfait de la préparation, on aura des réponses dès dimanche et du début du championnat...ce sont de très bonnes joueuses, en qui on a entièrement confiance et qu'on voulait avoir" s'est exclamé Descamps lors de notre interview.

 

Et puis comme on l'a rappelé, on peut dire que les moments compliqués à gérer, ça connaît un peu le LOSC. Comme l'histoire des quatre points retirés après leur match contre l'ESOF (pour une joueuse entrée en jeu sans "licence valable"). Une leçon que les Lilloises ont tourné à leur avantage, comme nous le révèle Camille Dolignon : "On a pris une claque à la fin du championnat et au final on en est ressorties plus fortes, et c'est sur que ça va nous aider pour cette saison".

 

La vraie force de cette équipe nordiste en marge de sa saison, sera forcément dans "l'abnégation" mais pas seulement. La "discipline tactique, la notion d'efforts, le dépassement de soi" autant de points forts que veut utiliser Jérémie Descamps dans son groupe. "On a gardé ces mêmes valeurs qui nous ont aidé l'année dernière" à monter en D1 a-t-il ajouté. "Les nouvelles ont été drivées par les anciennes et elles sont tout de suite dans cet état d'esprit qu'on recherche" au LOSC. "Ce sont des joueuses qui se sont vite adaptées" a rétorqué Camille Dolignon.

 

Mais la question de la jeunesse se pose également. Nous l'avions évoqué le saison précédente lors d'une précédente interview et nous avions retenu que c'est un point qui tient à coeur au club. Tout comme pour le coach, qui y a répondu : "On a intégré cinq U19, trois du pôle espoir de Liévin et deux de la formation". Une façon aussi de rappeler que le LOSC ne va pas chercher loin ces joueuses pour constituer son équipe, confirme Jérémie Descamps. 

 

Aujourd'hui c'est le grand test face à Bordeaux, mais le club des Hauts-de-France "va arriver avec beaucoup d'humilité" a stipulé Descamps. "On sait qu'il y a une grande marge entre la D2 et la D1, on est conscient de ça, par contre on va arriver avec confiance et envie de vouloir faire des résultats parce qu'on a constitué une équipe compétitive" a-t-il affirmé également. Un discours qui sonne fort et dans lequel on attend des matchs sans complexe.

 

Il est évident que la D1 "c'est un gros challenge pour nous" a tenu à rappeler Camille Dolignon qui s'apprête cette saison à vivre un autre niveau avec ces coéquipières. Mais le coach a aussi affirmé que son groupe "n'a aucune pression à avoir, parce qu'on sait très bien qu'on pourra pas rivaliser avec ce genre d'équipes [comme Lyon ou Paris]". "Mon soucis c'est de gérer mon équipe pour qu'elle soit compétitive" a-t-il ajouté.

 

Un autre point d'interrogation se pose pour ce promu, une situation qu'à pu connaître Marseille la saison passée. Comment gérer cette attente autour de l'équipe ? Descamps se veut conciliant : "On est peut être attendu parce qu'on a l'étiquette "LOSC" donc on va essayer de rendre des bonnes copies pour que le club et les supporters soient fières et restent derrière nous peu importe le résultat après nos matchs". Tout comme nous l'a stipulée Camille Dolignon. La Lilloise qui parle au nom de ces coéquipières également et qui se veut rassurante :  "Pas spécialement de pression [par rapport à l'attente des autres clubs et des supporters]. On fera ce qui a à faire, on se pose pas de questions, on sait ce qu'on est capable de faire. On se concentre vraiment que sur nous".

 

"Nous l'objectif c'est vraiment le maintien" tient à exprimer Camille Dolignon. Avant d'ajouter : "On a fait une très grosse prépa, et physiquement on se sent très bien maintenant". La Lilloise sait que le soutien autour de l'équipe sera important dans leur réussite également : "Les supporters croient en nous et on espère qu'il y aura autant de monde que l'année dernière, parce qu'on en aura besoin pour nous soutenir".

 

Il est certain que cette saison sera encore plus relevée et que les clubs malgré leurs objectifs différents, vont devoir lutter pour les atteindre.

Dounia MESLI