Avant leur entrée en lice dans cette saison 2021/22 de la D1 Arkema, le manager général, Ulrich Ramé arrivé cet été, le nouveau coach, Didier Ollé-Nicolle, ainsi que Sakina Karchaoui, Ashley Lawrence et la nouvelle capitaine de l'équipe, Grace Geyoro, se sont présentés en conférence de presse, pour évoquer la préparation et cet exercice, qui s'annonce relevé, auréolé du titre de Champion de France !
Ulrich Ramé - "C'est un projet passionnant. Je remercie Léonardo et le Président (Nasser al-Khelaïfi, ndlr) de leur confiance. De pouvoir se projeter sur ce nouveau cycle et de pouvoir continuer à développer [la section féminine] et à conquérir des titres."
Satisfait de ce mercato ?
Ulrich Ramé - Très satisfait ! D'une part par le nouveau staff, élargi, complémentaire, expérimenté. De pouvoir encadrer ce nouveau groupe avec une dizaine de nouvelles joueuses, de palier aux départs de la saison précédente et puis de tout faire pour capitaliser ce titre de Champion de France et de repartir pour de nouvelles aventures et sur la conquête de titres, c'est vraiment une priorité.
Les objectifs de la saison
Ulrich Ramé - De pouvoir s'appuyer sur un groupe conséquent, un groupe élargi à 25-26 joueuses, de venir palier un secteur défensif où il y a eu beaucoup de départs sur la fin de saison.
On a renforcé ce domaine-là et de s'appuyer sur la maturité avec un panel de joueuses, qui ont gagné beaucoup de choses dans le foot national et européen. Et continuer à s'appuyer sur la formation, parce que c'est l'ADN du club.
Les motivations à rejoindre le Paris Saint-Germain
Sakina Karchaoui - Le projet parisien, Ulrich Ramé également, qui a été décisif dans ce choix-là et l'appel téléphonique avec Leonardo aussi. On voit qu'il y a un vrai projet derrière, très ambitieux et c'est ce qui m'a donné envie de venir ici [au PSG].
Sur le titre de championne de France et la médaille d'or aux JO de Tokyo
Ashley Lawrence - Je suis très ravie d'être là. Ces titres avec le PSG et le Canada m'ont apporté une grande confiance, mais comme pour toutes les joueuses qui ont participé aux JO. Contente de retrouver le groupe, de faire partie de la pré-saison, et de retrouver les joueuses, le staff, le nouveau staff et les nouvelles joueuses.
Je garde ces émotions [positives] avec moi et j'espère que ça va nous permettre de nous surpasser et de faire plus pour la saison [à venir] et pour le match de dimanche.
"Apporter un maximum de choses pour le groupe"
Sur son arrivée au PSG en 2012, son évolution et le capitanat 9 ans après, au PSG
Grace Geyoro - Oui c'est vrai que c'est une très très bonne évolution. J'ai été formée par ce club, j'ai grandi au club, je suis une titi parisienne, donc pour moi c'est énormément d'émotion et de fierté de pouvoir porter à mon tour ce brassard. Quand je vois les très grandes joueuses qui ont pu le porter, ça me donne énormément de fierté.
Maintenant c'est à moi de continuer à bien évoluer et essayer d'apporter un maximum de choses pour le groupe et j'espère que ça va bien se passer.
Sur la préparation de l'équipe avant ce début de saison
Grace Geyoro - Le groupe va très bien et vit très bien. On a réussi à intégrer les nouvelles joueuses qui l'ont été très facilement. Aujourd'hui, on a fait une très bonne préparation, très dynamique avec beaucoup de matches, contre de très grosses équipes.
Je pense qu'on est prêtes. Maintenant c'est vrai que ce premier match va arriver très très vite et va falloir rester bien concentrés surtout. Comme d'habitude on va donner le maximum dès le début de ce championnat.
Sur le fait de rejoindre le PSG et sa première expérience dans le football féminin
Didier Ollé-Nicolle - Je n'avais pas du tout ça en tête. Je m'étais engagé avec un club de Ligue 1 à l'étranger et Ulrich [Ramé] m'a appelé, et tout de suite il y a eu une vrai bonne relation. Ensuite Léonardo m'a aussi appelé, pour me donner une idée, donc j'ai réfléchi. J'ai regardé les matches des filles de la saison dernière et ce qu'il m'a donné envie, c'est le PSG. Sur les vidéos, j'ai vu une groupe jeune et dynamique, à faire évoluer.
"L'idée c'était de la faire grandir avec ce brassard"
Est-ce que le choix de la capitaine était une évidence pour vous ?
Didier Ollé-Nicolle - Oui et non. Quand je suis arrivé, l'idée c'était de découvrir le groupe. J'avais en tête de privilégier une joueuse qui était là l'année dernière, et qui avait gagné ce titre [de Championne de France] et puis au fil des jours et des semaines, j'avais deux ou trois idées en tête et naturellement j'ai choisi Grace [Geyoro] parce qu'elle est au coeur du jeu, elle est internationale, elle a fait une très bonne saison l'année dernière et elle est à l'image de l'équipe, elle est encore jeune, elle a une grosse marge de progression. L'idée c'était de la faire grandir avec ce brassard.
Sur le match à venir face à Fleury
Didier Ollé-Nicolle - Au vu des vidéos, je sais que j'ai entre les mains un groupe de très grande qualité, au niveau des 5-6 gros clubs européens, le top du football mondial et aussi un groupe jeune, dans la mesure où les joueuses au niveau international sont jeunes et évolutives.
Au niveau de la préparation, avec la staff, on a décidé de faire 3 semaines assez hard, assez complète, avec de grosses quantités de travail. L'idée était de ne pas s'appuyer sur les matches amicaux, de faire du volume étant donné qu'il y avait 5-6 joueuses cadres, qui n'étaient pas là à cause des JO et du fait que le recrutement n'était pas terminé. Donc il y avait beaucoup de jeunes joueuses qui ont été intégrées. On savait qu'on n'allait pas forcément avoir une équipe compétitive, mais l'atout ça a été de me faire découvrir de jeunes joueuses, qui ont un vrai potentiel. Et puis depuis 2 ou 3 semaines, ça monte en terme d'intensité et de qualité. On est pas trop mal pour bien démarrer le championnat.
"C'est pas parce qu'on a gagné l'année dernière, que ça allait être acquis"
Journaliste - Vous avez parlé d'une préparation assez hard, qu'est-ce que vous avez cherché justement par cette occasion-là, quels éléments recherchiez-vous ? Est-ce que vous pensez que l'équipe va avoir des facilités pour enchainer le début du championnat ou est-ce que ça va être un peu plus difficile, avec un démarrage un petit peu plus lent en début de saison ?
Didier Ollé-Nicolle - Non, non non pas du tout. L'idée c'était de le faire en deux temps. Il y avait trois premières semaines où c'était assez lourd, on a doublé tous les jours, récemment j'ai lu dans l'Equipe l'article sur les garçons du PSG, où ils avaient travaillé un petit peu plus dur, un petit peu plus longtemps au niveau du volume, pour éviter les coups de mou et les blessures en cours de route.
Moi j'avais deux idées : la première c'est quand on a étudié le calendrier avec Ulrich (Ramé) quand j'ai signé, on s'est rendus compte qu'à partir du mois d'octobre, on allait jouer tous les 3 jours, que ça soit entre le championnat et la Coupe d'Europe, et où il n'y aurait plus trop de place pour l'entraînement et pour travailler, donc j'avais cette idée là aussi d'être très très très préventif par rapport à ça [les blessures]. Et la deuxième idée c'est comme je vous l'ai dit, il nous manquait les quatre filles qui étaient aux Jeux Olympiques, il manquait les deux gardiennes de but, qui viennent d'arriver depuis 1 semaine seulement, hier pour Stephanie Labbé.
Il fallait aussi montrer aux jeunes joueuses, qui venaient des 19 ans ou qui avaient très peu de temps de jeu, ce que c'était une préparation d'une équipe de D1. Les joueuses internationales ou qui jouaient déjà en D1, avaient l'habitude. Ces matches de préparation c'était l'occasion de montrer à toutes les joueuses, qu'on était là pour gagner des titres et que ça ne se faisait pas comme ça. C'est pas parce qu'on a gagné l'année dernière, que ça allait être acquis, donc c'était important de tous se remettre dans le dur, dans le travail, pour pouvoir passer depuis trois semaines à l'intensité, à préparer ce début de saison et sur ce que je vois sur les 3 dernières semaines, avec tout le respect que j'ai pour Fleury, puisqu'eux aussi ont beaucoup changé avec de nouvelles joueuses, c'est une équipe de qualité. L'objectif est de bien démarrer ce championnat, et j'estime qu'on est prêts pour faire un très bon début de saison.
"Dans le foot il n'y a pas de magie"
Journaliste - Comment comptez-vous créer une symbiose au sein du groupe, pour réussir à atteindre les objectifs du club ? Une équipe gagnante se construit sur la longévité, vous avez des nouvelles joueuses qui sont arrivées et de gros départs aussi (Irene Paredes, Perle Morroni et Christiane Endler entre autres, ndlr).
Didier Ollé-Nicolle - Vous savez dans votre question il y a la réponse. Il faut du temps, dans le foot il n'y a pas de magie, il faut du travail, de la répétition et pour reprendre la question précédente, si on a beaucoup travaillé, beaucoup répété, c'est pour que tout le monde ait l'habitude de jouer ensemble.
Après le petit bémol c'est qu'il y a des filles qui sont arrivées très récemment, donc on va en tenir compte par rapport à leur préparation, et par rapport à l'amalgame. Mais comme l'a dit Grace, celles qui sont arrivées se sont vite intégrées dans le groupe, les filles qui étaient là, les ont vite accueilli. Avec les matches de préparation, on a réussi à combler ce gap, on est très très proche [de ce qu'on attend] et maintenant la deuxième étape, on a tous les éléments individuels, humains, pour dépasser ce type d'équipes qu'on a affronté, comme le Bayern et pour avoir beaucoup échangé avec le staff et le coach du Bayern, car comme vous l'avez dit, je ne connais pas encore complètement le foot féminin, donc j'en profite aussi pour progresser, pour apprendre et il m'a dit qu'il avait mis 3 ans, et il estime qu'il a maintenant une équipe a maturité, avec un groupe qui travaille ensemble, qui répète et on sent que c'est bien huilé.
"Il faut aller de l'avant et je crois au projet parisien"
Coeurs de Foot - Sakina tu viens d'arriver au PSG, après une saison un peu compliquée la saison dernière. Est-ce que mentalement quand on est une joueuse professionnelle et qu'on doit tout gagner à la fin de la saison, on arrive à garder le cap et le moral justement suffisant pour y parvenir ? Comment tu gères cet aspect de plus en plus important chez une joueuse pro ?
Sakina Karchaoui - C'est vrai que la saison dernière, j'étais de l'autre côté, à Lyon et oui c'est une charge mentale de jouer toute une saison, on aurait aimé gagner comme toutes les équipes. Maintenant je repars avec une expérience, j'ai beaucoup joué à Lyon, contre le PSG et on avait perdu. Malheureusement c'est le football, ce sont les aléas du football (de perdre) et on l'accepte. Mais il faut se remettre de ça [de ces désillusions], les défaites ça existe dans le foot, il faut aller de l'avant et je crois au projet parisien, j'espère qu'on fera mieux sur cette année.
Oui ça fait partie de la vie d'un footballeur j'ai envie de dire [de garder le moral]. On a des charges physiques, on a des charges mentales, on a nos états d'âme, on a des émotions, ça fait partie de notre quotidien de sportif. Mais comme j'ai dit, je pense qu'il faut passer le cap. Des défaites j'en ai vécu à Montpellier et à Lyon, et Paris aussi en a vécu. Je pense que le fait qu'elles aient gagné cette année [le championnat], ça leur a donné de l'expérience et de la confiance, c'est important. Je repars tout aussi confiante cette année.
"Il y aura certainement une hiérarchie qui sera établie"
Journaliste - Vous disposez de cinq gardiennes en ce début de saison, avec Constance Picaud, qui est blessée malheureusement, avez-vous établi une hiérarchie claire entre le poste de numéro 1 et numéro 2 et est-ce que certaines gardiennes seraient amenées à être prêtées ?
Didier Ollé-Nicolle - Pour l'instant il n'y a pas de hiérarchie dans la mesure où on a travaillé avec deux jeunes gardiennes (Charlotte Voll, 22 ans et Alice Pinguet 19 ans) essentiellement, ainsi que Constance Picaud (23 ans) et puis Barbora Votikova et Stéphanie Labbé, sont arrivées avant hier et hier, donc je les découvre.
Bien sûr il y aura certainement une hiérarchie qui sera établie, à partir du moment où toutes les filles seront intégrées, bien dans leur basket, bien préparées. Et sur l'évolution de l'effectif, même si on en discute et on prend les décisions ensemble, la personne qui est responsable de ça, c'est Ulrich (Ramé).
"Un effectif de très grande qualité"
Journaliste - Vous l'avez dit, le PSG a connu un été mouvementé avec beaucoup d'arrivées et de départs également. Est-ce que vous considérez que dans l'état, le groupe aussi jeune soit-il est en mesure d'aller chercher à minima les mêmes résultats que la saison passée ?
Didier Ollé-Nicolle - Notre objectif est là ! Vous savez le foot, le PSG garçons était champion durant de nombreuses saisons, normalement, et l'année dernière il y avait aussi un effectif, puis une année assez difficile, et un adversaire qui a été très régulier [le LOSC], et on n'a pas été champion.
Aujourd'hui il y a beaucoup beaucoup de joueurs qui arrivent, c'est la mondialisation et venant du monde des hommes j'ai l'habitude de ça, c'est rare d'avoir beaucoup de stabilité.
Il y a eu un renouvellement qui a été fait, il y a 8 départs et autant d'arrivées [chez les féminines], on a travaillé pour ça et moi ce que je peux dire aujourd'hui, c'est l'effectif dont on dispose, est un effectif de très grande qualité. Après il va falloir qu'elles fassent et qu'on fasse beaucoup de travail de qualité, avec de l'exigence et du plaisir. On sait que la bagarre sera rude sur le plan national avec deux ou trois équipes (pour le titre), et bien sûr notamment l'Olympique Lyonnais, et puis sur la place européenne 7/8 gros adversaires, on les connait que ça soit Barcelone, Bayern ou Chelsea et autres. A nous d'être très très très forts pour atteindre ces objectifs, et je suis très optimiste.
"Qu'elles jouent par rapport à nos principes, pour gagner des matches"
Journaliste - Sur sa philosophie de jeu
Didier Ollé-Nicolle - Je ne vais pas vous dévoiler ma philosophie de jeu ici (sourire), vous la découvrirez sur le terrain, c'est facile de faire le philosophe du football... L'idée c'est que je suis là parce que c'est Ulrich qui m'a appelé. J'ai entraîné Nice quand il était gardien à Bordeaux, on jouait l'un contre l'autre, c'est quelqu'un qui a un gros réseau, par rapport à sa carrière internationale et autres. Quand il m'a appelé, je lui ai dit tout de suite : "Ok je réfléchis, parce que je n'ai jamais entraîné des féminines, il va falloir aussi que je découvre, que je m'adapte et que j'apprenne, et que je réfléchisse si je décide ou pas de venir".
Ce qui m'a vraiment intéressé, c'est qu'il a dit qu'il me voulait par rapport à mon style, ma façon d'entraîner et la façon dont mes équipes jouaient, donc il n'y aura pas une grosse différence [par rapport au masculin]. Tout à l'heure on parlait de foot féminin vs foot masculin, mais le foot c'est le foot, il y a le même terrain, il y a les mêmes règles, il y a un arbitre, il y a des organisations, je ne vais pas me changer parce que j'entraîne des filles plutôt que des hommes.
L'idée c'est d'avoir un style plutôt par rapport aux qualités de l'effectif que j'ai, qu'elles prennent la main sur le jeu la plupart du temps, qu'elles soient capables de rivaliser avec les grosses équipes, avec notre style. L'idée ce n'est pas de battre, une telle ou une telle sur un coup, c'est que globalement ce que j'ai dit aux filles, au fil du temps, des jours, des semaines, qu'on soit aussi reconnu par quelque chose qu'on travaille tous les jours, et le jour du match c'est le plaisir, c'est la récitation de tout ce qu'on a fait et puis qu'elles jouent par rapport à nos principes, pour gagner des matches, que ça soit quelque chose de naturel pour atteindre le plus haut niveau.
Après je ne vais pas vous dévoiler exactement tout, pour ne pas faciliter la tâche de nos adversaires (sourire).
"Ma seule fierté sera d'être soit champion, soit de gagner la Coupe d'Europe"
Journaliste - Vous avez parlé de trois années pour s'adapter et mettre en place l'équipe que vous aimeriez avoir à disposition. Quelles sont vos ambitions et qu'est-ce qu'on vous a demandé, des objectifs à court, moyen ou long terme ? Est-ce que justement vous allez attendre trois années pour aller chercher cette Ligue des Champions, ou est-ce que c'est votre objectif cette saison ?
Didier Ollé-Nicolle - Non non, j'ai pas dit qu'il me fallait trois années, j'ai dit que l'entraîneur du Bayern avait mis trois années pour façonner son équipe, exactement comme il voulait. C'est différent mais il a l'habitude du foot féminin, moi j'ai commencé dans des équipes que j'ai prise, je peux vous parler de Clermont, où j'ai pris une feuille blanche et avec Claude Michy on a décidé de garder presque aucun joueur, on est reparti complètement à zéro, on a mis 7/8 matches (pour trouver notre rythme) et ensuite on a enchaîné sur 30 matches consécutifs sans défaite, en battant tous les records de l'histoire du national. On est monté en Ligue 2 et dans la foulée avec le même groupe, qui a travaillé ensemble, qui se connaissait, on a failli monter en Ligue 1.
Donc le temps qu'il faut, je ne sais pas, aujourd'hui ce que je suis capable de dire, c'est que un cette équipe sur ce que je vois, sur les 3 dernières semaines elle a vraiment passé un gros cap en terme de jeu collectif, de notre façon, mes milieux de terrain doivent continuer de travailler ensemble pour trouver le bon timing, pour sortir, pour récupérer le ballon, on doit toujours avancer dans nos déplacements, combiner etc par rapport à notre style, donc il faudra du temps. Peut-être 2/3/4/5 matches mais après je ne demande pas non plus trop trop longtemps, parce qu'on a des joueuses de qualité, intelligentes et très réceptives. Mais on doit faire beaucoup d'efforts et on a une grosse marge de progression.
Après j'ai signé ici pour gagner quelque chose, si je suis venu au Paris Saint-Germain, outre le fait des gens qui sont venus me chercher, ce qui m'a intéressé, quand c'est le PSG bien sûr, le nom PSG c'est une référence et je suis très fièr d'avoir été choisi par le club, mais aujourd'hui ma seule fierté sera d'être soit champion, soit de gagner la Coupe d'Europe et dès la saison 2021/2022. Ça sera très très difficile, parce qu'on a des adversaires de très haut niveau, donc il faudra qu'on le soit, et l'objectif qu'on s'est fixé, avec Ulrich, Léonardo, les gens du club, indirectement par le biais du Président (Nasser Al-Khelaifi), c'est de gagner des titres. Il ne faut pas que le titre de champion de l'année dernière soit l'accident. Notre objectif à nous, tout à l'heure je parlais de jeunesse de l'effectif, on a beaucoup d'internationales, mais des internationales qui ont 22/23/24 ans, notre capitaine a 23 ans, elles ont une marge de progression intéressante, au niveau national et international et de participer à leur développement, à leur épanouissement et indirectement à l'équipe du Paris Saint-Germain, voilà ce qui m'intéresse.
"Les équipes ne vont pas vouloir nous faire de cadeaux"
Journaliste - Est-ce que vous démarrez la saison en vous sentant favorites, est-ce que vous vous attendez à une réaction de l'Olympique Lyonnais et est-ce que d'autres équipes peuvent se mêler à la bataille pour le titre ?
Grace Geyoro - Favorites je ne sais pas. C'est vrai qu'aujourd'hui on a une place qu'on n'avait pas forcément auparavant, on est un petit peu les chassés. On est les championnes de France, donc ça va être à nous de donner le maximum pour garder ce titre.
Forcément on sait que ça va être une saison où il va falloir - comme le coach l'a dit - fournir énormément d'efforts. Je pense que les équipes ne vont pas vouloir nous faire de cadeaux, donc ça va être à nous comme la saison dernière, de rester très concentrées sur nous-mêmes et surtout sur les matches. On va essayer déjà de bien commencer dès dimanche.
Journaliste - Au sujet de Stéphanie Labbé, qui a la lourde tache de succéder à Christiane Endler
Ashley Lawrence - C'est une très grande gardienne, avec beaucoup d'expérience et elle vient de faire de très grands Jeux Olympiques. Je pense qu'en ce moment elle est en pleine confiance et avec le Canada, je sais que c'est une leader, c'est quelqu'un qui pousse les autres et moi en tant que défenseure, elle communique bien avec moi. Je pense que c'est une très bonne décision d'avoir rejoint le PSG et ça va être très bien pour le club, parce qu'on sait que c'est important de marquer des buts, mais surtout de ne pas en prendre et elle est très décisive dans ce domaine, donc c'est positif.
Journaliste - Vous avez connu une saison précédente assez unique, qui s'est même conclue par un sacre avec le Canada aux Jeux Olympiques. Est-ce que vous estimez que vos batteries sont rechargées à 100% pour entamer cette nouvelle saison ?
Ashley Lawrence - Oui je pense que j'ai eu du temps, même avant les Jeux, une petite pause, pour être en famille et c'est vrai que c'est important, physiquement mais surtout mentalement de recharger ses batteries.
Avec l'aide du club, je pense que cela a été bien fait, j'ai bien repris le rythme pour être prête et démarrer cette saison, afin de tout donner pour aider l'équipe à gagner des titres.
Journaliste - Chaque coach est différent on le sait, on a connu Olivier Echouafni qui avait sa façon de fonctionner. Comment vous vous organisez avec votre staff, avec Bernard Mendy, comment vous allez fonctionner avec lui, est-ce que ça va être les mêmes rôles ?
Didier Ollé-Nicolle - L'idée c'est déjà - comme pour les filles - d'apprendre à se découvrir, à se connaître. La différence de l'année dernière ça a été évoqué par Ulrich, mais un staff qui a été un peu élargi, dans la mesure où il y a Bernard qui est là comme adjoint, il y a un deuxième adjoint qui est Michel Audrain, donc Bernard en tant qu'ancien défenseur a plus en charge de travailler spécifiquement la partie individuelle.
Un autre objectif c'est de continuer, on l'a dit il y a des jeunes joueuses, et beaucoup de joueuses qui ont une grosse marge de progression et ça se passe par le travail, par la répétition, par le travail spécifique, donc l'idée c'est que tout ce qui concerne le management, l'aspect tactique et l'approche match, c'est sous ma responsabilité. Tout ce qui concerne le travail plus spécifique, de l'aspect défensif, individuel, ça sera sous la responsabilité de Bernard, qui a aussi en charge de travailler sur tout ce qui touche à l'adversaire, puisqu'il connait le football féminin et il connait nos adversaires un peu mieux que moi. Et tout ce qui concerne à l'inverse le retour d'après match, ça sera ma responsabilité et la partie offensive, la progression individuelle des joueuses offensives ça sera Michel Audrain, puisqu'il était un ancien attaquant et ils ont exactement à mon niveau, la même responsabilité, au même degré, avec Michel qui est moi qui découvre.
L'idée c'est d'apporter nous notre patte et notre nouveauté, à eux de s'adapter à notre fonctionnement, puisque c'est toujours comme ça, mais aussi de garder leurs qualités et aussi leurs spécificités, qui ont été positives la saison passée.
Journaliste - Sur la gestion des départs et l'intégration des nouvelles joueuses. Est-ce qu'il y a un affaiblissement du leadership selon vous ?
Grace Geyoro - Non je ne pense pas qu'on s'est affaibli, au contraire, au fur et à mesure les joueuses se sont montrées très leadeuses si je peux le dire.
C'est vrai que ça se fait naturellement, ce sont des choses qui se font instinctivement, quand on commence à aborder des matches ou quand on commence à arriver dans la compétition. Donc je pense que naturellement les joueuses qui ont cette volonté de parler que ça soit sur le terrain ou en dehors, vont le faire très spontanément et puis c'est ce qu'il faut parce que je pense qu'elles ont été très bien intégrées, donc sur ça il n'y a pas de problème.
"Je veux qu'elles sentent que j'ai une totale confiance en elles"
Coeurs de Foot - Est-ce qu'on mesure toute la pression d'être au PSG et justement aller chercher cette Champions League, qui est passé deux fois sous le nez des Parisiennes ? Est-ce que les conditions sont optimales justement pour qu'elles aillent la chercher cette saison ?
Didier Ollé-Nicolle - Alors deux choses, vous savez je suis peut-être aussi là pour ça, j'ai une certaine expérience du haut niveau français et étranger. J'ai eu la chance de qualifier certaines de mes équipes ou mener certaines équipes en finale des Coupe de France, Suisse ou les qualifier pour les Coupe d'Europe, j'ai eu l'occasion de faire des matches internationaux dans des stades pleins en Algérie, ou en Bénin, en Afrique, devant 100.000 spectateurs, donc c'est très compliqué au niveau de la pression, là il y a de la vraie pression, parce que c'est la pression difficile à gérer.
Là (avec le PSG) je n'ai aucune pression, je n'ai que de la pression positive et je veux vraiment que les filles sentent cela. Tout à l'heure en plaisantant avec elles tous les 4 je leur montrais le magnifique stade et l'herbe, l'idée c'est de pouvoir avoir la chance de jouer les demi-finales de la Coupe d'Europe ici, pour aller se qualifier pour une finale, peut-être que ce jour-là j'aurai la pression, autrement non. Je veux qu'elles sentent que j'ai une totale confiance en elles.
Je considère aussi que l'entraîneur à un moment donné est le complice, le grand frère, je suis là pour les accompagner et surtout il n'y a aucune, aucune pression. Si j'ai un ou deux petits trucs à leur apporter le jour du match, mon travail c'est la semaine, après le jour du match, les vrais décideurs - je leur ai dis plusieurs fois - les vrais acteurs et c'est ce qui est magnifique dans ce métier, c'est elles. C'est elles qui ont les clés, c'est un des seuls métiers, où tous les week-ends on doit se remettre en cause. On a la chance de faire vibrer un stade, de donner du bonheur à ses amis, à sa famille etc donc c'est magnifique et moi le jour du match, par expérience, une fois sur dix, on a l'impression d'être influent par un bon choix, par une bonne décision et le reste du temps c'est pas grave [de ne pas avoir le contrôle]. L'idée c'est de rester très calme et qu'elles sentent cette sérénité, donc aucune pression.
Concernant les conditions, oui elles sont optimales, puisque pour moi, pourvu que le terrain soit bon, pour s'entraîner, pour jouer, que j'ai des bonnes joueuses, avec un staff, on a le sentiment de s'être bien préparés. D'avoir la confiance de nos entourages, c'est le principal.
Photo : Dounia Mesli