A 15-16 ans, difficile de savoir si le football va rythmer vos vies pour les 10 prochaines années. Elles sont pourtant nombreuses à s'être illustrées à l'occasion de la Coupe du Monde des moins de 17 ans et avoir poursuivi une carrière à plus ou moins haut niveau. Dans cette compétition inaugurée en 2008 et qui voit s'ouvrir sa cinquième édition vendredi en Jordanie, quelques exemples de joueuses qui se sont fait remarquées dans cette compétition et qui aujourd'hui poursuivent leur passion au milieu des plus grandes. Portraits

 

1) Mana Iwabuchi

Lors de la première édition de la Coupe du Monde U17 en 2008 en Nouvelle-Zélande, Mana Iwabuchi est élue meilleure joueuse du tournoi alors que le Japon est sorti dès les quarts-de-finale par l'Angleterre (aux penalties). L'impression laissée par l'équipe du Japon et par Iwabuchi va donc au-delà du résultat avec un premier tour où les joueuses japonaises ont inscrit dont trois contre les Etats-Unis et sept contre la France ! Âgée de seulement 15 ans en 2008, elle est à l'époque l'attraction du tournoi remporté finalement par la Corée du Nord face aux États-Unis.

Depuis, Mana Iwabuchi a franchi le pas pour entrer dans la cour des grandes au sein des Nadeshiko. En 2011, elle fait partie du groupe qui va remporter la Coupe du Monde en Allemagne, entrant régulièrement en cours de jeu y compris lors de la finale face aux États-Unis. L'Allemagne où elle va venir s'installer, d'abord à Hoffenheim puis au Bayern Munich avec qui elle vient de remporter deux titres de championnes d'Allemagne même si elle n'est pas titulaire au sein de l'équipe bavaroise.

Lors de la Coupe du Monde 2015, ses entrées en quarts et en demi-finale face à l'Australie puis l'Angleterre s'est révèlent décisives pour qualifier le Japon en finale de la compétition avec malheureusement une défaite au bout pour l'équipe nippone face aux États-Unis. Dans le renouvellement que connaît l'équipe japonaise actuellement, Mana Iwabuchi aura probablement un rôle important en attendant l'émergence des joueuses qui ont remporté la Coupe du Monde U17 en 2014 et qui représentent elles-aussi l'avenir de la sélection japonaise.

 

2) Dzsenifer Marozsan

A 24 ans, Dzsenifer Marozsan est devenu une joueuse incontournable du football mondial. Avec ces deux buts en finale des Jeux Olympiques, elle a scellé la victoire de l'Allemagne qui remporte à Rio son premier tournoi au niveau mondial depuis 2007. Pour Marozsan, c'est aussi une première, après avoir remporté en jeunes la Coupe du Monde U20 en 2010. En 2008, son parcours avec les U17 allemandes s'arrête en demi-finale face aux Etats-Unis (l'Allemagne prendra la troisième place) mais Dzsenifer Marozsan a le temps d'inscrire son nom au palmarès avec le titre de meilleure buteuse du tournoi (6 buts). Dans son équipe quelques unes des futures championnes olympiques de 2016 : Alexandra Popp, Leonie Maier, Tabea Kemme...

Depuis Dzsenifer Marozsan a inscrit son nom au palmarès de l'Euro avec une victoire en 2013 avec l'Allemagne puis de la Ligue des Championnes en 2015 avec son club de l'époque le FFC Francfort. Son arrivée à Lyon cet été a confirmé cette dimension de joueuse majeure dont l'apport peut se révéler décisif pour une équipe qui veut remporter des titres. Une constance rare au plus haut niveau mais qui ne semble pas prêt de s'arrêter...

 

3) Francisca Ordega

Francisca Ordega est peut-être la joueuse la moins connue de cette liste du moins de ce côté de l'Atlantique. L'attaquante nigériane évolue aujourd'hui au Washington Spirit, l'une des meilleures équipes actuelles de NWSL aux États-Unis.

En 2010, elle participe à la Coupe du Monde U20 à Trinidad-et-Tobago. Un parcours qui s'arrête en quarts-de-finale face aux futures vainqueures de l'épreuve, la Corée du Sud. Entre temps, Ordega a le temps d'inscrire trois buts dans la compétition. Quelques semaines plus tard, Ordega prend part à la Coupe d'Afrique des Nations avec les A, inscrivant même un but lors du premier match face au Mali. Elle remporte la compétition, de même que l'édition 2014 où cette fois-ci, elle est titularisée notamment lors de la finale remportée face au Cameroun.

Sélectionnée pour les Coupes du Monde 2011 et 2015, elle fait partie de ces attaquantes nigérianes qui on tenté leur chance dans les grands championnats à l'image d'Asisat Oshoala (Arsenal) ou Desire Oparanozie (Guingamp). Pour elle, le voyage a commencé par la Suède avant d'arriver aux États-Unis en 2015.

 

4) Dolores Gallardo

Dolorès « Lola » Gallardo a peut-être retenu l'attention des supporters lyonnais, puisqu'elle évolue aujourd'hui à l'Atlético Madrid, un club que l'OL a croisé la saison dernière en Ligue des Championnes. En 2010, elle garde les buts de l'Espagne lors de la Coupe du Monde U17, parvenant jusqu'en demi-finale avant de prendre la troisième place face à la Corée du Nord. Un parcours qui lui vaudra d'être élue meilleure gardienne de la compétition (gant d'or). Quelques mois plus tôt, l'Espagne remporte l'Euro U17, inaugurant une période, toujours ouverte, où l'Espagne est régulièrement présente dans le dernier carré des Euros de la catégorie, remportant les éditions 2010, 2011 et 2015.

A l'époque Lola Gallardo n'évolue pas encore à l'Atlético Madrid, l'un des grands clubs du championnat espagnol ces dernières années. Elle joue alors au FC Séville, avant de passer par le Sporting Huelva puis de rejoindre l'Atlético en 2012. Aujourd'hui, elle fait partie des meilleures gardiennes du championnat espagnol, des performances récompensées par des sélections à l'Euro 2013 et lors de la Coupe du Monde 2015, comme numéro derrière Ainhoa Tirapu, la gardienne de l'Athletic Bilbao. Ces derniers mois, c'est elle qui a gardé les buts de l'équipe d'Espagne dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2017, avec l'espoir de conserver ce rôle lors de la phase finale l'an prochain aux Pays-Bas.

 

5) Griedge Mbock Mbathy

En 2012, la France remporte la Coupe du Monde U17 en Azerbaïdjan. Une victoire aux tirs-aux-buts face à la Corée du Nord où c'est Kadidiatou Diani qui inscrit le tir victorieux (7-6). Un titre qui va avec des récompenses individuelles pour les joueuses tricolores, comme celle de meilleure gardienne pour Romane Bruneau, qui évolue aujourd'hui à Dijon (D2), et celui de meilleure joueuse du tournoi pour Griedge Mbock.

Un premier titre et une première récompense qui vont en annoncer d'autres pour la joueuse bretonne, championne d'Europe U19 avec la France puis troisième lors de la Coupe du Monde U20 toujours avec les Bleues. Lors de ce tournoi elle obtient également le titre de deuxième meilleure joueuse (ballon d'argent) derrière la nigériane Asisat Oshoala et devant Claire Lavogez.

Un an plus tard, Griedge Mbock est sélectionnée pour la Coupe du Monde au Canada après une très belle saison avec l'En Avant Guingamp Une sélection où elle retrouve Kadidiatou Diani et Claire Lavogez, sa désormais coéquipière à l'Olympique Lyonnais. Si les titres en sélection chez les A devront attendre, Griedge a déjà remporté tous les titres possibles en club et ce à 20 ans, puisque la saison dernière elle a réalisé le triplé (Coupe-Championnat-Champions League) avec l'OL. Une performance réalisée en gagnant une place de titulaire dans le onze de Gérard Prêcheur, amenant le coach lyonnais à replacer Saki Kumagai, longtemps titulaire dans l'axe de la défense, en milieu récupératrice.

Aujourd'hui, elle incarne la pointe avancée de cette nouvelle génération de joueuses qui s'impose progressivement en équipe de France avec Kadidiatou Diani, Claire Lavogez, Sandie Toletti. D'autres pourraient suivre, même si un parcours éclatant avec les sélections de jeunes n'est pas le seul chemin qui mène au haut niveau.

Hichem Djemai