Lyon réalise un nouveau doublé Coupe-Championnat pour la sixième saison consécutive. Comme l'an dernier, l'OL s'impose face à Montpellier sur le score de 2 buts à 1, dans un match où la décision s'est faite sur un exploit individuel de Louisa Necib en fin de match. Une victoire lyonnaise et les honneurs pour des Montpelliéraines qui ont rêvé pendant 80 minutes...

 

Des buts pour commencer

Dans un Stade des Alpes garni de plus de 8.000 spectateurs, la rencontre a démarré sur les chapeaux de roues, ce qui a dû surprendre les quelques spectateurs retardataires. Dès la 2e minute, c'est Montpellier qui prenait les devants grâce à Andressa Alves. La numéro 10 brésilienne à la conclusion d'une action partie côté gauche avec un débordement de Sofia Jakobsson, qui centre vers Laetitia Tonazzi. L'attaquante héraultaise ne peut reprendre le ballon bien gênée par Wendie Renard. Andressa Alves surgit au deuxième poteau et devance Amel Majri pour propulser le cuir au fond des filets.

Un but rapide et un véritable coup de tonnerre dans cette finale où Lyon apparaissait comme le grand favori. Fêté comme il se doit par les joueuses montpelliéraines, le but recevra une réponse rapide de l'OL. A la suite d'un corner lyonnais, Griedge Mbock est à la réception d'un centre de Pauline Bremer, et place une demi-volée, qui finit dans le petit filet droit des buts de Solène Durand (5e). L'avantage au score des Héraultaises aura duré trois minutes.

Au-delà et de la frayeur lyonnaise en début de match, ces cinq premières minutes sont la démonstration que Montpellier n'est pas venu à Grenoble pour subir, et tenir le plus longtemps possible en espérant un coup de pouce du destin.

En début de rencontre, le bloc du MHSC évolue assez haut sur le terrain avec un pressing, qui va parfois jusque dans les 30 mètres adverses pour gêner ou empêcher les relances lyonnaises.

Un dispositif tactique qui laisse des espaces dans le dos de la défense de Montpellier, une faiblesse que l'OL va tenter d'exploiter. On voit par exemple des combinaisons entre Eugénie Le Sommer et Ada Hegerberg, qui aboutissent à deux frappes à la 8e et à la 19e minute. Mais Hegerberg voit ses tentatives passer à côté, ou finir dans les gants de Solène Durand. Camille Abily viendra elle aussi mettre à contribution la portière héraultaise à la 9e minute. Une frappe d'Abily que Durand repoussera d'une belle claquette, détournant ainsi le ballon en corner.

Si Montpellier gêne Lyon, cela n'empêche pas les joueuses de se créer des occasions. Les Héraultaises sont en fait, toujours à la limite de se faire prendre à revers par les attaquantes de l'OL. En témoigne cette action à la 25e minute où Camille Abily semble avoir trouvé Eugénie Le Sommer dans le dos de Marion Torrent. La numéro 9 lyonnaise transforme l'action, mais l'arbitre assistante avait levé son drapeau et le but est invalidé. Sur corner, les Lyonnaises sont toutes proches d'ouvrir la marque, un but refusé suite à une faute (21e) et un ballon difficilement repoussé par la défense héraultaise après plusieurs tentatives lyonnaises (23e).

 

Andressa Alves sous le choc, le public aussi

On joue la 30e minute, et le jeu se développe côté lyonnais. On aperçoit alors une joueuse restée à terre: Andressa Alves. Le jeu se poursuit et il faut attendre que le ballon sorte en corner en faveur de l'OL pour que l'arbitre vienne au chevet de la joueuse du MHSC. Alves est au sol et ne se relèvera pas au point qu'elle se retrouve sortie sur civière, inconsciente, après un choc à la nuque. Après la rencontre, elle nous dira ne pas avoir de souvenirs de sa sortie du terrain. Immédiatement remplacée par Virginia Torrecilla, Alves suivra la fin du match depuis le banc de touche montpelliérain.

Le dernier quart d'heure de jeu voit le même schéma se répéter: un Montpellier appliqué qui gêne Lyon au milieu de terrain notamment grâce au travail de Rumi Utsugi et Sandie Toletti. Mais un OL qui multiplie les situations de buts: Hegerberg, Le Sommer ou Wendie Renard se retrouveront en position de marquer sans parvenir à mettre en danger Solène Durand.

 

Lyon en manque de solutions

À la pause, Montpellier semble mériter le 1-1 d'abord par sa capacité à gripper la machine lyonnaise, qui ne parvient pas à déployer toutes ses qualités dans le secteur offensif.

Un sentiment renforcé au retour des vestiaires. Montpellier décide alors de jouer plus bas, souvent regroupé dans sa moitié de terrain et avec toujours le même travail de harcèlement des milieux et des latérales. Un travail qui paye car les Lyonnaises semblent entraînées dans un faux rythme, où elles commettent des fautes techniques inhabituelles.

Les Montpelliéraines prennent confiance et s'appuient sur leurs qualités techniques pour mener quelques contres, qui mettent en difficulté l'arrière-garde lyonnaise. Pourtant, pas de véritables occasions pour les joueuses du MHSC, qui doit se contenter d'un jeu d'échecs où elles tiennent leurs adversaires en respect.

La première action dangereuse de l'OL intervient à la 62e minute sur un contre mené par Wendie Renard. La défenseure lyonnaise qui trouve Eugénie Le Sommer côté gauche. Le Sommer envoie le ballon dans la surface où Renard est à la conclusion avec une reprise repoussée par le pied de Solène Durand. Quinze minutes plus tard, c’est Ada Hegerberg qui effleure le ballon de la tête avant qu'il ne soit capté par la gardienne héraultaise. Rien n'y fait, Lyon semble empêtré dans un match qui court vers les tirs aux buts. Le temps de repenser à cette statistique: depuis 2004, l'OL a systématiquement perdu ses matches s'ils se sont décidés aux tirs aux buts.  C'est arrivé 6 fois, trois éliminations et trois finales perdues, dont deux... face à Montpellier.

 

Necib chasse les buts et les doutes

Pour le dernier quart d'heure, Gérard Prêcheur mise sur Louisa Necib. A l'heure de jeu, le coach lyonnais avait déjà injecté du sang frais avec l'entrée de Lotta Schelin à la place d'Élodie Thomis. Sans résultat, Lyon sort son deuxième joker, Necib dont l'entrée fait l'unanimité aux Stade des Alpes, supporters héraultais inclus. Nul doute que son bijou de but inscrit face à Paris en Ligue des Champions a fait le tour de France.

Et à la 86e minute, Louisa remet ça.

Sur un long ballon aérien dans le camp montpelliérain, le rebond trompe Sakina Karchaoui, lobée par le ballon. Ada Hegerberg et Linda Sembrant se retrouvent au duel et c'est la norvégienne qui parvient à dévier le ballon vers Louisa Necib. Disposant d'un peu d'espace, elle contrôle, laisse rebondir le ballon, avant d'ajuster une frappe qui vient se loger dans la lucarne gauche de Solène Durand, qui n'a pas bougé.

La gardienne de Montpellier aurait-elle pu intervenir? Une question qui restera en suspens mais qui n'enlève rien à la qualité de cette frappe venue d'ailleurs et qui vient débloquer une rencontre qui se dirigeait lentement mais sûrement vers les tirs aux buts. Un but qui a provoqué la clameur du Stade des Alpes emporté par la magie Necib. Louisa, elle, reste calme même si elle vient de faire basculer le match et d’assommer des Montpelliéraines qui n'auront pas les moyens de revenir dans la partie.

 

Si Jean-Louis Saez, le coach héraultais, a réussi à gagner sur le terrain tactique, il n'a pas pu se mettre à l'abri d'un coup de patte génial de la numéro 10 lyonnaise. A la fin de la rencontre, difficile d'interroger le coach montpelliérain, groggy comme ses joueuses et conscient qu'il est passé tout proche de l'exploit.

A ses côtés, Patrice Lair qui vit un de ses derniers matches dans le staff héraultais, avant de rejoindre Paris où il espère ne pas devoir revivre le même type de scénario.

L'une des rares joueuses avec qui nous prenons le temps de discuter, c'est Andressa Alves.

A la question: "Comment va-t-elle ?", elle nous dit qu'elle est triste. Au fil de la discussion, on comprend qu'Andressa va bien (physiquement parlant), qu'elle n'a pas de séquelle de son choc et de sa sortie précipitée du terrain. Au contraire, elle semble abattue et en colère d'avoir perdu, d'avoir dû sortir et de laisser ses coéquipières sur le terrain. Une rage de vaincre exprimée après son but en début de match et qui se retrouve deux heures plus tard en zone mixte.

Montpellier n'a pas servi de faire-valoir dans cette finale. Au contraire, elles ont proposé l'une des plus belles oppositions cette saison face à l'ogre lyonnais. La déception des Héraultaises est à la hauteur de leur performance et de la proximité d'un exploit pour le MHSC. Et d'ailleurs après le match, nous avons été rassurés. Elles nous l'ont dit, elles reviendront l'année prochaine !

 

Photos : FFF et Maya Mans

Hichem Djemai