En conférence d'après match France/Australie (2-0), Corinne Diacre n'est pas allée par quatre chemins sur son analyse du match, avec un nouveau système de jeu mis en place. Une façon de prendre l'adversaire de vitesse et de le surprendre en vue de la Coupe du Monde 2019, qui attend les Bleues l'été prochain en France.

 

Est-ce que vous pouvez nous donner des nouvelles d'Amandine Henry ?

A priori, elle souffre d'une entorse acromio-claviculaire. Elle devrait être absente six semaines selon les premiers constats. Mais il n'y a pas de déchirure ligamentaire, ce qui est une bonne nouvelle. Je pense qu'elle est très mal retombée. C'était sur un fait de jeu en début de match. Cela aurait pu être plus grave. Cela ne va pas trop pénaliser son club (Lyon) même s'il y a avoir, prochainement, un match aller-retour en Ligue des Champions (ndlr : face à l'Ajax Amsterdam). C'est comme ça, c'est un fait de jeu mais l'avantage c'est que l'équipe ne s'est pas démobilisée. Au contraire, Elise Bussaglia a fait une très bonne entrée à sa place.

 

Pour la suite ça peut être difficile de se passer d'une joueuse comme Amandine Henry ?

Le projet de jeu ne tourne pas autour d'une joueuse. Il tourne autour des 11 qui démarrent. On l'a vu ce soir et effectivement, Amandine est une joueuse importante du système et ça c'est indéniable. Maintenant, on a vu que ce soir, on est capables de faire un match plutôt cohérent dans un système que l'on a très peu travaillé. Et il y a la victoire au bout.

 

Qu'est-ce qui vous plait dans ce match au-delà de la victoire ?

L'état d'esprit, déjà. Le fait d'avoir démarré le match à l'heure, ce qui n'a pas été le cas contre le Mexique. Sur la première période, au niveau du jeu, on a respecté les consignes. Par contre, on a vraiment pêché dans la finition et ça, c'est quelque chose sur lequel il faut qu'on travaille parce que dans certains matches, on aura peut-être pas autant d'occasion pour pouvoir scorer.

 

Un match satisfaisant ?

Oui oui. Très sincèrement, l'état d'esprit était là, la combativité était là. On a récupéré beaucoup de ballons, l'objectif était d'exercer un pressing à la perte de balle. Faut que je revois le match parce qu'il y a des choses qui n'ont pas été, on ne peut pas faire un match complètement abouti. Il y a des petites choses mais par contre, ça va être intéressant, ça va nous servir pour une bonne base de travail.

 

Après le premier but, il y a eu un relâchement, qui a profité aux Australiennes pour devenir dangereuses. Comment avez-vous vécu ça ?

Non, écoutez je n'étais pas inquiète, on a bien géré la situation. Il y a des moments de crise évidement mais on a plutôt bien géré [le match] puisqu'on a pas encaissé de buts. 

 

 

Cinquième victoire de suite, cinquième clean sheet, ce n'est pas anodin, ça démontre une vraie bonne base de travail ?

Oui c'est bien. Mais vous savez à partir du moment où l'on ne prend pas de buts, déjà on ne perd pas. Et on a vu ce soir qu'il y a eu des nouvelles joueuses, qui n'avaient aucune expérience internationale. On arrive à constituer un groupe aujourd'hui, même si certaines ont des qualités peut être un peu différentes des autres. On arrive à faire un collectif aujourd'hui et ça c'est hyper important. On a vu la titularisation ce soir [vendredi 5 octobre ndlr) de Debever et de Bilbault qui n'ont jamais démarré avec nous et je trouve que c'est bien car à un moment donné, je vais avoir des problèmes pour faire ma liste tout simplement mais ce sont des "bons problèmes".

 

Sur quoi vous allez insister maintenant ?

Il nous manque de marquer plus vite (rires). Si on avait marqué en première mi-temps, je ne sais pas ce que je vous aurait répondu mais là, c'est tout trouvé (rires). 

 

Coeurs de Foot - On a l'impression que les Australiennes vous ont laissé jouer sans trop vous laisser d'espace pour construire votre jeu.

Non, au contraire, c'est plutôt nous qui les avons embêté.

 

Coeurs de Foot - Mais c'était compliqué de construire le jeu, puisque ça a manqué d'efficacité comme vous l'avez souligné

Dans la construction, on avait été très très bien, après la finition c'est dans les 20 derniers mètres. Jusqu'aux 20 derniers mètres, je nous ai trouvé patientes. On a manqué de justesse technique par moments ça c'est sûr, et notamment en début de match, mais il y a eu des phases de jeu, à un moment donné, sur l'occasion ratée de Thiney, si celle-ci on la met au fond, au niveau de la construction de jeu, je ne sais pas ce qu’il vous faut (rires). 

 

On est à 8 mois de la Coupe du Monde, ce n'est pas proche mais ce n'est pas si loin. Vous sentez que cette équipe de France se métamorphose ?

On travaille ! Il y a du travail, les filles répondent aux exigences que l’on met aux entraînements. J’ai voulu que l’on sorte un petit peu du système traditionnel que l’on utilise. Franchement, je trouve que les filles ont bien répondu ce soir, ce n'est pas simple. Je vois un groupe qui vit bien en dehors et très sincèrement, c’est sérieux dans le travail. Maintenant c’est sur que l’efficacité, on ne va pas la trouver en un jour, il faut qu’on travaille, encore et encore. C’est aussi un travail de longue haleine, que les filles doivent effectuer dans leur club parce que nous, malheureusement, on n’a pas le temps mais il y a des choses qui se dessinent. On est à 4 ou 5 matches sans perdre, mais ce n’est pas ça l’objectif. Par contre, il y a des choses intéressantes dans la construction, de ce que l’on va mettre en place et ça c’est positif. 

 

On a beaucoup vu le duo Majri-Le Sommer. Est-ce que c’était ce que vous vouliez voir en mettant Majri plus haut ?

C’était un ensemble, c'était aussi voir aussi comment on allait défendre à 3 derrière avec trois vraies défenseures centrales. J’avais mis également deux milieux de terrain défensif très athlétiques pour répondre au défi physique. Malheureusement, Amandine [Henry] est sortie prématurément mais Élise [Bussaglia], malgré tout, a très bien rempli son rôle de milieu défensive et quand on est arrivé à trouver la première passe vers l’avant, on avait des capacités offensives, notamment de vitesse et de jeu combiné qui ont été, pour moi, performantes même si on a eu des déchets dans la finition. Des déchets également dans la qualité des centres. Maintenant, on le sait, on y travaille.

 

L'état d'esprit

Non, aujourd’hui, je ne suis pas très satisfaite, je n'ai rien gagné, on en reparlera un peu plus tard. On poursuit notre construction, ça se passe bien. Il faut que ça continue, on est pas arrivée, il y a encore plein de choses à explorer. On est dans notre marge de travail, il y a encore du travail à fournir et on est surtout pas arrivées ce soir.

 

Coeurs de Foot - Comment vous jugez la prestation d’Emelyne Laurent ? Elle a failli marquer un but.

Une rentrée plutôt timide. Elle est rentrée dans des conditions pas faciles surtout que juste après son entrée, on a changé de système de jeu. Sur 15 minutes, c’est toujours difficile après, et puis elle a failli marquer, oui, mais si elle avait marqué, ça aurait été mieux (sourire).

 

Les attentes pour le match face au Cameroun

Une confirmation de ce que l’on a fait ce soir, même s’il y aura d’autres choses nouvelles mardi. Faut qu’on reste dans cette continuité, avec de la production de jeu et surtout le résultat parce que malgré tout, c’est bien de gagner des matches.

 

Le challenge en vue de la Coupe du Monde, les automatismes dans le jeu et la ferveur du public ?

Vous savez, c’est difficile. Ça fait un peu plus d'un an qu’on ne fait que des matches de préparation, donc les gens nous suivent. Mais c’est vrai qu’à un moment donné, un peu comme les joueuses, ils ont hâte que la compétition démarre. Ils patientent, attendent mais ils vont répondre présent pour les matches de la Coupe du Monde. On a joué le vendredi soir, il y a plusieurs matches sur d’autres stades - Ligue 2, National... - On est un peu en concurrence de tout ça, mais malgré tout le public répond présent.

 
 
Dounia MESLI & Karim Erradi