Après avoir révélé la liste des joueuses retenues pour le second rassemblement de la saison, avec une double confrontation face à l'Australie puis le Cameroun, Corinne Diacre a répondu aux nombreuses questions des journalistes présents pour l'occasion au siège de la FFF.
Plusieurs changements dans l'effectif
Cascarino est blessée et puis pour les autres j'ai voulu les piquer un petit peu. Ceux qu'elles font c'est bien, mais si vous me connaissez j'en demande toujours un petit peu plus donc voilà j'aimerai qu'elles en fassent un petit peu plus, que ça soit avec nous, que ça soit avec leur club respectif. C'était le moment de changer un petit peu, de mettre un petit peu de concurrence parce que ça faisait un moment qu'on en avait pas mis.
L'arrivée d'Emelyne Laurent
Sa performance à la Coupe du Monde des U20 [m'a plu], tout simplement. Et puis elle a un petit peu de temps de jeu, donc je trouve que c'est bien. C'est bien pour Lyon, c'est bien pour nous et j'ai envie de la voir à un niveau au-dessus. Pour moi ça a été une des plus performantes à la Coupe du Monde des U20, donc ça me semblait logique de la voir aujourd'hui. Au même poste, Delphine Cascarino est blessée donc ça me permet de voir ce que va faire Emelyne avec nous, dans une autre catégorie, puisqu'elle passe senior maintenant.
Le retour d'Aissatou Tounkara, après sa blessure
C'est encore un peu difficile, même si aujourd'hui elle a encore un temps de jeu qui est un peu faible. Maintenant elle n'a pas de douleurs, mais son club fait attention, surtout qu'elles sont encore engagées en Ligue des Champions avec le match retour cette semaine. Ca va aussi nous permettre de faire un point médical avec elle. Elle profite de l'absence de [Annaig] Butel, blessée aujourd'hui. Elle est apte, elle fera toutes les séances avec nous. Je pense que c'est un beau clin d'oeil à sa blessure du mois de mars. Aissatou a fait beaucoup d'efforts pour revenir au haut niveau, même si elle est partie à l'étranger, je l'ai régulièrement au téléphone, on a pas mal échangé, avec le docteur également pour suivre l'évolution de sa blessure et aujourd'hui même si je n'avais pas pensé la prendre aussi tôt, le malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est plutôt une bonne chose pour elle, et j'espère que ça sera une bonne chose pour nous également.
L'absence de Marie-Antoinette Katoto malgré ses bonnes performances
Marie-Antoinette fait partie d'une liste élargie, bien évidemment. Ça fait déjà un an qu'on en parle. On l'avait laissé à la disposition des U20 pour la Coupe du Monde. Sa performance sur un temps donné, sur cette Coupe du Monde n'a pas été à la hauteur des espérances. Maintenant le choix de ne pas la prendre sur cette liste-là et d'un commun accord avec Olivier Echouafni son coach de club.
Qu'est-ce qui est le plus difficile à gérer finalement en vue de cette Coupe du Monde 2019 ?
Rien. Tout va bien (sourire). Non le plus difficile c'est de faire des choix, maintenant je les assume très simplement. J'espère que les filles qui sont dans cette liste vont répondre présentes sur les deux matches qu'on va avoir dans les jours à venir. Deux oppositions encore complètement différente. On va encore mettre des choses en place, on va se mettre en difficulté, parce que je pense que c'est le moment. On a fait un match de reprise contre le Mexique, le mois dernier, c'était un match de reprise avec deux mi-temps complètement différente. La deuxième m'a beaucoup plus plu. Et j'ai envie qu'on se mette en difficulté. On va encore faire des essais.
La hiérarchie au poste de gardiennes
Sarah Bouhaddi sera la gardienne numéro 1. C'est fait depuis le stage dernier, elle le sait, donc elle devrait jouer la quasi totalité des matches cette saison puisqu'elle aura besoin de prendre des repères et puis de se jauger sur le niveau international puisqu'on a un peu fait tourner la saison passée. Sarah sait que c'est elle, sauf pépin, on va toucher du bois, qui fera la Coupe du Monde, elle le sait aujourd'hui, elle se prépare en tant que tel. C'est quelque chose qu'elle espérait de toute façon, et je sais qu'elle va se préparer dans ce sens là, il n'y aura pas de soucis.
Sur les deux opposants des Bleues
Ça va être une équipe très athlétique [l'Australie]. C'est un peu le style anglais à l'ancienne, le kick and rush (longs ballons aux attaquants), des longs ballons devant, très athlétique, une capacité de contre attaque aussi à la récupération du ballon, même si pour avoir regardé la liste des joueuses qui vont être présentes la semaine prochaine, il y a de nombreuses absentes, mais ça ne change rien à mon plan de jeu et à ce que j'ai décidé de faire. On jouera le match contre l'Australie avec ce que j'ai décidé de faire, et puis de toute façon, l'Australie c'est une nation grandissante du football et qui va nous proposer quelque chose d'intéressant, en tout cas ce que je recherchais, une opposition athlétique et différente de ce que l'on peut proposer. Ça va être intéressant de voir comment les joueuses vont répondre à cela.
Les temps de jeu chez les joueuses sur les deux confrontations
Sur les temps de jeu [de chaque joueuse] je ne sais pas, ça dépend de la forme du moment. Je sais que j'ai beaucoup de joueuses, notamment les Lyonnaises et les Parisiennes qui font la Ligue des Champions, qui ont un temps de jeu forcément supérieur aux autres en ce moment. Ces deux équipes qui font une grosse préparation, j'ai quelques Montpelliéraines qui souffrent un petit peu aujourd'hui de leur préparation donc l'idée effectivement c'est de voir sur ce rassemblement un maximum de filles. Maintenant s'il faut qu'une joueuse fasse les deux matches entier, je m'en priverai pas. Même s'il est vrai qu'avec les entraineurs on a essayé quand même de voir ensemble, pour que quelques joueuses ne fassent qu'un match.
Sur le poste d'Amel Majri qui évolue plus haut à Lyon. Une solution plausible en équipe de France ?
Non pas du tout. Entre Amel et moi, c'est très clair, elle le sait depuis septembre l'année dernière, elle jouera défenseure/latérale. Mais si vous remarquez sur nos matches, elle joue assez haut sur le terrain.
La position de la France par rapport aux autres nations mondiales
Vous savez aujourd'hui, oui je regarde surtout ce qui se fait quand on rencontre les équipes étrangères. Maintenant je m'occupe surtout de moi (sourire) de mon équipe. J'ai déjà pas mal de boulot à s'occuper de l'équipe de France, si en plus il faut que je regarde ce qui se fait ailleurs, je ne sais pas où est-ce qu'on se situe, je ne sais pas du tout. Tout va dépendre des matches de préparation qu'on va faire cette saison, sachant que l'objectif c'est pas cette saison et les matches de préparation, ça sera du 7 juin au 7 juillet, la Coupe du Monde, donc on verra à ce moment là où est-ce qu'on se situe.
Le public lors du match à Saint-Etienne
Je doute sincèrement à Saint-Etienne et à Geoffroy Guichard jouer dans l'indifférence totale [comme vous l'avez dit]. C'est pas possible. Je pense qu'il y aura du monde, comme il y a du monde partout où l'on va aujourd'hui. Donc c'est plutôt fort agréable. Je sais en plus que plus on va approcher de la compétition et plus il y aura de monde. Le LOC et la FIFA ont lancé la semaine dernière l'ouverture de la billetterie, à des prix très sincèrement vraiment attractifs. Donc le temps que cela se mette en route... Aujourd'hui seuls les clubs, les ligues et les districts peuvent acheter des billets, donc je pense qu'à partir du moment où tout le public pourra acheter ses places, très sincèrement je pense que les stades seront vraiment plein !
Les joueuses piquées au vif par leur absence dans la liste
Piquées au vif, tout va dépendre de leur performance en clubs et de ceux qu'elles vont faire. Après ça sera à elles de répondre le plus favorablement possible et très rapidement, j'espère que ça ne durera pas, parce que très sincèrement ces filles-là, ça faisait un petit moment qu'elles étaient dans les listes donc maintenant il est aussi important pour moi d'avoir une liste élargie, parce qu'on est pas à l'abris de blessures ou de maladies ou je ne sais quoi, il faut avoir un plan b, donc c'est ce que j'essaye de faire avec l'appel de nouvelles joueuses.
Au sujet des joueuses évoluant à l'étranger
C'est vrai que je suis plus la D1 que la D2. Pour moi aujourd'hui les joueuses qui évoluent en D1, sont pour moi les meilleures, mais comme je vous l'ai dit aussi, je suis les championnats étrangers. Elise Bussaglia était blessée sur le précédent rassemblement. Pauline Peyraud-Magnin a fait le choix de partir à l'étranger à l'inter-saison. C'est une gardienne qui joue aujourd'hui. On récupère ses videos donc on a une analyse vidéo à posteriori. C'est une joueuse aujourd'hui qui mérite d'être vue. Sachant qu'on l'avait déjà vu la saison passée mais de mémoire sur un seul stage donc l'idée c'est de la voir dans une position de numéro 1, puisqu'elle était remplaçante dans son ancien club [de Lyon] la saison passée. C'est dire aussi à Solène [Durand] mais je ne vais rien lui apprendre, puisque je lui avais dit sur le précédent stage, qu'il faut toujours faire des efforts, après tout dépend des performances. C'est vrai que quand la performance n'est pas là sur un temps donné, effectivement il y a une sanction immédiate mais ce n'est pas pour ça que la sanction va durer. Je fais des choix, je suis malgré tout obligée de juger la performance de mes joueuses. Si je veux que l'équipe de France soit performante, il faut que je prenne les joueuses qui sont les plus performantes à un moment donné.
Sur les convocations de Julie Debever
Il y a un tout. Il y a déjà ses performances en club déjà, qui sont très bonnes, elle est aujourd'hui capitaine également. C'est une fille qui a beaucoup d'expérience, qui mesure vraiment la chance qu'elle a d'être là à son âge, parce qu'elle n'est pas toute jeune Julie. Maintenant du temps de jeu elle en aura, puisque je vais faire des essais.
A quel moment vous avez fait votre choix sur les convoquées ? Etait-ce lors de cette dernière journée de D1 ?
Non je réfléchis un petit peu avant quand même. L'idée c'est que j'appelle les entraîneurs la semaine précédent la liste. On fait un point sur l'état de forme des joueuses et en règle générale mon choix est fait, il a été fait la semaine dernière pour cette liste, après avoir eu les entraineurs soit au téléphone soit pour certains samedi dernier après le match. On suit tous les matches, tous les week-ends aujourd'hui donc on a de la chance d'avoir le retour assez fréquent déjà rien qu'avec les entraineurs, mais aussi avec les médecins, donc aujourd'hui on a vraiment une vraie visibilité de l'état de forme des joueuses et du moins petit bobo qu'elles peuvent rencontrer au cours de la semaine lors de la préparation du match du week-end.
L'engouement autour des sélections après le sacre des Bleus en Russie
L'engouement du football pratiqué par les femmes on le voit déjà avec l'augmentation des licenciées. Ça c'est déjà quelque chose qui est assez important. On est à +15% de licenciées supplémentaires par rapport à la saison précédente il me semble, alors qu'on était à +10% à la même période l'année dernière. Après je sais, nous aussi on aimerait la gagner cette étoile (sourire), on travaille pour en tout cas. Je pense qu'il faut faire attention, il faut y aller progressivement. Les journalistes ont tendance à dire qu'on fait de la langue de bois, qu'on prend match par match mais ce n'est pas de la langue de bois, très sincèrement. Nous on dit à nos joueuses qu'il faut démarrer le match au coup de sifflet donc nous on prend match après match, on essaye [de faire des choix]. Je vous l'ai dit on va se mettre dans le dur là sur le stage qui arrive, je vais voir comment mes joueuses peuvent répondre d'un point de vue tactique. Je ne suis pas inquiète parce qu'aujourd'hui dans les clubs ça travaille très bien. Maintenant faut qu'on arrive à trouver vraiment une osmose entre ces joueuses, parce qu'elles viennent de différents clubs. Tout le monde n'a pas la même exigence tactique, exigence technique, culture tactique également. Donc il faut qu'on mette toutes ses qualités individuelles au service du collectif donc on va voir comment on va répondre. On a quand même une petite semaine de travail, je ne vais pas les laisser aller à l'abordage comme ça, on va travailler des choses.
Kadidiatou Diani de nouveau attaquante axiale ?
Pourquoi pas. Aujourd'hui j'ai fait plusieurs compos, donc j'attends de voir comment les filles vont être la semaine prochaine, sachant qu'il y a encore une journée de championnat ce week-end. On est à l'abris que cette liste elle évolue donc j'ai fait plusieurs compos, aujourd'hui pour affronter l'Australie et je verrais en fonction de l'état de forme des filles et puis de comment elles vont répondre à l'entraînement sur les choses que l'on va mettre en place, qui s'adaptent le mieux. Aujourd'hui très sincèrement je ne peux pas vous dire.
L'apport des joueuses U20 ayant participé à la dernière Coupe du Monde en France
Oui Marie-Antoinette Katoto. C'est un secret pour personne, mais aujourd'hui Marie-Antoinette a besoin de se reconstruire donc ce qu'elle fait avec le PSG aujourd'hui, c'est bien, très sincèrement, elle a retrouvé le chemin des filets, c'est tout ce qu'on pouvait lui souhaiter. Mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, aujourd'hui avec Olivier Echouafni, on a décidé encore de la laisser à la disposition du club.
Au sujet de Pauline Peyraud-Magnin
Pauline on l'a déjà vu la saison passée. Alors c'est vrai que la saison passée elle ne jouait pas à Lyon, aujourd'hui elle s'est mise en difficulté mais c'est plutôt salvateur pour elle puisqu'elle est titulaire à Arsenal, donc on va dire que son choix est plutôt gagnant aujourd'hui. C'est quelqu'un qui a vraiment des aptitudes. Effectivement un registre un petit peu différent. Maintenant vous savez, je ne suis pas spécialiste gardienne de but. A partir du moment où on prend pas de buts pour moi tout va bien. Pauline en plus on échange beaucoup, elle nous envoie ses vidéos personnellement qu'elle récupère auprès du club, c'est quelque de très investi et j'avais envie de la revoir surtout, comme on a changé d'entraineur de gardiennes de but aussi, ça va lui permettre de me dire à quel niveau elle se situe par rapport à Sarah, Karima.
Au sujet de la cohésion de groupe au sein de l'équipe de France
Il y a vraiment un groupe France. Les filles mettent de côté l'entité club quand elles viennent en équipe de France. J'ai un groupe qui vit très bien aujourd'hui. Et on a vraiment cet objectif du 7 juin, le démarrage de la Coupe du Monde donc, il n'y a pas de place pour des querelles de clochers, il n'y a pas de place pour des querelles de clubs donc très sincèrement le groupe vit très bien.
Au sujet des meneuses au sein du groupe, et des joueuses qui mettent la bonne ambiance, qu'on a pu voir chez les Bleus en Russie, lors des coulisses de la FFF
Je veux surtout beaucoup de travail et rigueur sur le terrain. Après elles sont libres de faire ceux qu'elles veulent. Et en règle général cette fantaisie [dont vous parlez] je ne la vois pas, c'est dans leur chambre, là elles sont libres d'y faire ceux qu'elles veulent.
Les portes paroles dans le vestiaires ou sur le terrain
Oui oui bien sûr. Déjà j'ai ma capitaine [Amandine Henry] et ma vice-capitaine [Eugénie Le Sommer], maintenant il n'y a pas qu'elles qui parlent, il n'y a pas qu'elles qui ont le droit de parler. Tout le monde à le droit de parler et de s'exprimer. Après certaines ont un peu plus d'expérience, je pense à Wendie Renard, Elise Bussaglia, ces filles-là ont aujourd'hui une très très grosse expérience de jeu, une grosse maturité et elles apportent ça aussi. Maintenant j'ai déjà aussi entendu des filles comme Griedge Mbock, qui est un peu plus jeune, qui à sa manière prend la parole aussi. Je pense que tout le monde à sa pierre à apporter à l'édifice donc là-dessus il n'y a pas de problème.
Geoffroy Guichard ce n'est pas un stade anodin pour vous, quel souvenir vous gardez de vos matches en Ligue 2 avec Clermont ?
(sourire) Oui il y a ça, et j'ai vécu une petite année juste à côté à Saint Chamond. C'est vrai que ce stade me rappelle un très très bon souvenir, mais plus pour l'équipe de France que pour moi, puisque notre première qualification en Coupe du Monde, c'était dans cette enceinte en 2003. Pour la FFF c'était un moment historique, après le fait que j'étais présente sur le terrain, c'est anecdotique mais c'est vrai que pour cette génération là, c'était un beau souvenir. C'est pour ça qu'à Geoffroy Guichard à cette époque là il y avait déjà 20 ou 25000 spectateurs, et c'était il y a 16 ans en arrière donc je doute qu'on en fasse moins aujourd'hui.