L'année 2020, une année pas comme les autres, profondément marquée par la pandémie de covid-19, que bon nombres d'entre nous aimeraient oublier, mais elle aura aussi été une année d'apprentissage et de remises en question.

 


Cher lecteur Coeurs de foot,

Par où commencer ? Cette année fut riche en actualités, souvent négatives ne nous le cachons pas. La pandémie du covid-19 a eu raison de notre passion - avec des matches à huis clos, la perte de proximité avec les joueuses également - mais elle ne l’a pas encore éteinte. Malgré d’ailleurs les éclaboussures et rebondissements en équipe de France, de Gaetane thiney - écartée de la sélection par Diacre - en passant par Sarah Bouhaddi, Wendie Renard ou encore Amandine Henry. Les Bleues, les cadres, coïncidence ou non toutes lyonnaises - même si Amandine Henry est aussi passée par Portland ou encore Paris SG entre temps - ont soulevé leur voix face à certains choix de Corinne Diacre, qui s’expliquaient souvent logiquement : faire tourner les joueuses, pour donner sa chance à toutes les Françaises, ou de laisser au repos d'autres joueuses, de remettre en jeu le brassard de capitaine, déjà en question, puisqu'il était passé de Wendie Renard sous Olivier Echouafni à Amandine Henry, lors de la prise de poste de Corinne Diacre. 

 

Déconstruire pour construire ou reconstruire ?

 

Certains lecteurs ont vu en cela une façon de dicter sa loi par Diacre, sans prendre en compte les avis des joueuses cadres, qui ont prouvé en club leur statut pourtant, et d’autres lecteurs sont en accord sur le principe de laisser la sélectionneure des Bleues, seule maître à bord. De fait les statistiques de l'équipe de France jouent en la faveur de Corinne Diacre - malgré l’échec de la Coupe du Monde, dont elle est en grande partie fautive, malgré il est vrai les méformes de certaines Bleues à l’image de Griedge Mbock ou encore Eugénie Le Sommer, la compétition venue - avec 129 buts inscrits contre 23 buts encaissés, en 41 matches joués ! Depuis son premier match le vendredi 15 septembre 2017 contre le Chili (victoire 1-0), Corinne Diacre a cumulé 32 victoires, 5 matches nuls et seulement 4 défaites (deux contre l'Allemagne en amical, une contre l'Angleterre à la She Believes Cup 2018 et une contre les États-Unis en Coupe du Monde). Pourtant le problème des blessures, est un point qui aurait dû être pris en compte en amont par le staff de l’équipe de France, avant le mondial 2019, même s'il est compliqué de demander aux clubs de se passer de leurs joueuses françaises d'un côté ! L’Euro 2017 avait pourtant déjà été un avant goût, avec le forfait d'Amel Majri, et la fatigue cumulée par les Lyonnaises, qui se sont vus sur le terrain... Des erreurs qu’essaient donc de régler la sélectionneure des Bleues après coup, lorsqu'elle s'est passée d'Amandine Henry ou bien était-ce une sanction, du fait qu'elle soit Lyonnaise et proche de Bouhaddi, qui avait déclaré qu'elle ne voyait pas les Bleues remportaient l'Euro avec Diacre à sa tête. Certains et certaines Bleues ont eu du mal à le comprendre et à le concevoir. Il est vrai que l’équipe de France fait face à une certaine hétérogénéité des niveaux de chaque Bleue appelée, toutes n’ont pas la chance de jouer la Ligue des Championnes par exemple, ou avec des joueuses internationales de renom et cela se voit une fois en équipe de France, sachant que les Bleues ont souvent affronté des équipes en-dessous de leur niveau. Même si toutes les Bleues jouent leur carte avec beaucoup de véhémence et de sérieux, l’échéance qui arrive avec l’Euro 2022 - étant donné que l’équipe de France ne fera pas les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 - sera une compétition décisive pour avoir enfin le fin mot de l’histoire. 

 

Il faut savoir raison garder


L’année 2020 aura aussi été ponctuée par l’arrêt du championnat de France (en mars 2020, ndlr) et le sacre "par défaut" de Lyon, une finale de coupe de France "à retardement" remportée encore une fois par Lyon (le dimanche 9 août au Stade de l'Abbé-Deschamps d'Auxerre, 0-0, 4 Tab 3), tout comme le final 8 de la Ligue des Championnes qui s’est déroulé en Espagne (alors que la finale était initialement prévue en Autriche, à Vienne), tout cela à huis clos. La saison 2020/21 de la D2 arrêtée en cours de route sur ce début d'exercice (depuis le 20 octobre, ndlr), a aussi fait couler beaucoup d’encre, tandis que la Ligue 2 se poursuivait chez les garçons. Une décision qui a été très mal perçue par les clubs de D2 - logiquement - qui y ont vu une véritable injustice, en tant qu’anti-chambre de la D1 entre autres. La continuité de la D2 était primordiale pour donner un sens au besoin de développer l’élite du football féminin français, mais la FFF n'a pas jugé les doléances des clubs de D2 suffisantes et convaincantes. On peut aussi évoquer l'arrêt de la Coupe de France pour l'édition 2020/21, et du nouveau format adopté par le Comité exécutif de la FFF. Les coupes du Monde U20 et U17 annulées, en raison de la pandémie de Covid-19 et des phases de qualifications qui ne pouvaient se tenir. Sans oublier les difficultés financières, que connaissent tous les clubs, qui pour certains ont été pires que d'autres, pour les plus impactés par la pandémie, la dissolution de leur section féminine, ou "la suspension des dépenses pour leurs féminines", comme à l'AS Nancy. Une situation qui n'a fait qu'aggraver la continuité, la survie et la pérennité des équipes féminines de clubs, professionnels ou non.

 

Garder l'espoir en restant positif

 

Quels sont donc les points positifs à retenir ? On notera sûrement et on appréciera les efforts sur cette saison de tous les clubs à vouloir garder le lien avec leurs fans, de continuer à se battre pour leurs fans jusqu’au retour à la normale on l'espère, avec la présence du public aux matches. Car les supporters sont la plus grande motivation d’un athlète de haut niveau, pour aller chercher des trophées et une manne financière importante pour la pérennité des clubs. On évoquera aussi la retransmission de la D1 par Canal, sans qui il n’y aurait eu aucun matches diffusés cette saison, avec une continuité dans leur offre autour de la médiatisation et la visibilité de la pratique, avec de meilleurs reportages malgré la pandémie. Du Trophée D1 Arkema, mis en place avec la FFF et le sponsor officiel Arkema pour récompenser la joueuse du mois. La sortie au cinéma des Joueuses, un film-documentaire retraçant l'année 2018-2019 des Lyonnaises jusqu'à leur sacre en Ligue des Championnes. Les multiples projets des joueuses, comme Maeva Clémaron avec Mykee, Eugénie Le Sommer avec son livre, sans oublier son record de buts en sélection (86 réalisations), Ada Hegerberg avec son film "My Name Is Ada Hegerberg" diffusé par ESPN, ou encore son partenariat avec Nike pour une somme record (un contrat sur 10 ans qui avoisinerait le million d'euros selon la presse norvégienne, ndlr) et sa prolongation jusqu'en 2024 avec Lyon ! On appréciera aussi la qualification de l’équipe de France pour l’Euro 2022 d’une bien belle manière, avec cette victoire 3-0 au match retour à Guingamp, face à l'Autriche. Ou encore les nominations des Françaises ou des joueuses étrangères évoluant en France, pour les plus grands prix qui existent dans le football : IFFHS avec le prix de meilleure gardienne pour Sarah Bouhaddi, ou la nomination de Wendie Renard pour le prix de meilleure joueuse UEFA et FIFA (remporté respectivement par Pernille Harder et Lucy Bronze, ndlr). Sans oublier le nombre croissant de passionnés de football féminin ! Autant de points positifs qui préfigurent de l’avenir radieux qui se profil devant nous, si chacun continue à faire les efforts en ce sens - même si la pandémie de covid-19 sera encore présente en 2021 - et qui pousse chacun à rester patient et à continuer de vivre sa passion du ballon rond - même virtuellement - et de rester positif pour croire en l'avenir. 

Dounia MESLI