La Corée du Nord est la première équipe qualifiée pour la finale de la Coupe du Monde U20 après sa victoire face aux États-Unis. Un succès 2-1 après prolongations et une nouvelle finale après le titre le mois dernier en Jordanie pour la Coupe du monde des moins de 17 ans.

 

Pour cette première demi-finale, la logique a été respectée. Si les États-Unis ont souvent été à la fête dans la catégorie, la Coupe du Monde U20 n'ira pas en Amérique quatre ans après le dernier des trois succès mondiaux étasuniens. De son côté, la Corée du Nord a confirmé son renouveau. Absente des derniers grands tournois internationaux chez les A, la Corée du Nord a dominé les deux tournois chez les U17 et désormais dans la catégorie au-dessus organisés cet automne.

On attendait de voir les États-Unis, une équipe attendue mais qui a peiné à convaincre dans ce tournoi, et qui s'est qualifiée sur le fil aux quarts face au Mexique. Face à la Corée, assurément l'une des équipes les plus équilibrées dans ce tournoi, l'illusion a finalement pris fin. En début de match, les premières occasions sont pourtant en faveur des États-Unis par l'inévitable Mallory Pugh, deux accélérations côté droit, et deux frappes croisées, l'une qui manque le cadre (15e), l'autre qui est repoussée par Kim Myong Sun (16e).

 

Un début de match très intense

Un début de match où les deux équipes maintiennent un pressing haut sur le terrain, cherchant à contrer depuis la partie adverse du terrain. Beaucoup de courses, d'intensité de part et d'autre et deux équipes qui s'engagent dans un bras de fer physique et tactique. A ce jeu, on pense d'abord que les États-Unis ont pris le dessus, mais au fur et à mesure que le temps passe et l'on voit les joueuses coréennes prendre le pas dans cette rencontre.

A la 22e minute Kim So Hyong bute une première fois sur Casey Murphy sortie hors de ses buts. Après la demi-heure de jeu les frappes se multiplient pour la Corée du Nord même si Wi Jong Sim (37e, 47e) et Ri Hyang Sim (42e) ne trouvent pas le cadre. Une meilleure période pour les joueuses d'Asie qui parviennent à mieux maîtriser le ballon, là où les États-Unis cherchent trop systématiquement du jeu direct avec souvent des passes mal ajustées qui rendent rapidement la possession du ballon à l'adversaire.

Une faiblesse dans la construction du jeu offensif mais aussi une plus grande difficulté à gérer les temps faibles. Après vingt premières minutes intenses, conserver le ballon aurait aussi été un moyen de contrôler le rythme du match et ne pas simplement subir les temps forts adverses. C'est peut-être là l'une des clés du match et une des qualités qui ont permis à la Corée de prendre le dessus dans ce match.

 

Les États-Unis n'arrivent pas à garder le ballon

En début de seconde période, c'est ce schéma qui se reproduit, une Corée à l'offensive et une équipe des États-Unis qui subit d'autant plus qu'elle ne parvient pas à faire tourner le ballon à l'arrière quand des attaques rapides et du jeu direct ne se révèle pas efficace. Le temps fort coréen est aussi récompensé avec un peu de chance à la 50e minute. Sur une frappe de Ri Hyang Sim dans la surface, le ballon est contré par Katie Cousins. La milieu tacle le ballon mais le ballon rebondit ensuite sur son bras. L'arbitre siffle logiquement penalty et Jon Son Yun le transforme pour donner l'avantage à son équipe.

Après l'ouverture du score, le temps fort coréen se poursuit avec une équipe des États-Unis qui ne parvient pas à garder le ballon et cherche systématiquement à jouer dans la profondeur. Le ballon revient inlassablement aux abords des 16 mètres américains et l'on se dit qu'un deuxième but n'est pas loin. L'orage passe mais les États-Unis semblent loin d'un retour. L'entrée d'Ally Watt apporte plus de vitesse en attaque, mais la joueuse est rapidement sonnée après plusieurs duels rugueux avec des joueuses coréennes.

Mais en toute fin de match, les États-Unis parviennent à revenir dans le match. Au départ, une autre entrante, Jessie Scarpa qui parvient à centrer dans la surface depuis le côté gauche. Elle trouve Mallory Pugh qui ne peut enchaîner la frappe contrée par Jon So Yon. Le ballon semble ensuite rebondir sur le bras de Mallory Pugh et revient dans les pieds de Natalie Jacobs également dans la surface. Libérée par Pugh qui a accaparé l'attention de la défense coréenne, Jacobs peut placer un ballon piqué qui lobe Kim Myong Sun et offre un retour inespéré à son équipe (89e).

 

Un come-back mais pas deux

S'en suivent sept minutes d'arrêt de jeu, mais contrairement au match face au Mexique, ce ne sont pas les États-Unis qui sont proches de faire la différence. Murphy parvient à repousser deux tentatives de Ri Hyang Sim (92e, 95e) avant que Kim Phyong Hwa ne manque une tête (90+7) qui ressemblait à une balle de match sur un bon centre de Ri Hyang Sim.

Comme face à l'Espagne, la Corée prend rapidement le dessus en prolongation. Cette fois-ci, il aura fallu moins d'une minute. Sur la première possession coréenne, le ballon est rapidement porté dans le camp adverse. Trouvée aux 20 mètres Sung Hyang Sim navigue dans la défense et sert finalement Ri Hyang Sim qui arrive lancée côté droit. La buteuse coréenne a le temps ensuite de contrôler et d'ajuster Murphy de près.

 

Passeuse décisive sur ce but Sung Hyang Sim a été un véritable feu follet dans ce match et en particulier dans cette prolongation où elle a donné le tournis à la défense étasunienne. La jeune joueuse qui fêtera ses dix-sept ans la veille de la finale a été l'une des incarnations de la supériorité de la Corée du Nord aussi bien sur le plan technique qu'athlétique avec une équipe coréenne parfois à la limite dans les duels. Dans cette prolongation, Ally Watt doit rapidement sortir après un nouveau coup à la tête.

Mais cette agressivité dans les duels témoigne surtout de la capacité des Coréennes à changer de registre en fonction des circonstances de matches. Durant la prolongation, on a vu les joueuses coréennes faire tourner le ballon à l'arrière et priver les États-Unis de ballons à un moment où elles avaient besoin de se lancer désespérément à l'attaque.

Les Coréennes qui poursuivent donc leur parcours dans ce mondial avec la possibilité d'un deuxième titre dans la compétition après celui remporté en 2008. Ce serait aussi le deuxième titre de l'automne pour la jeunesse nord-coréenne après le titre mondial remporté chez les U17 le mois dernier en Jordanie. Une compétition gagnée en finale face au Japon, l'une des deux équipes qui pourraient rejoindre la Corée en finale de ce mondial U20.

Hichem Djemai