Difficile de se faire sa place au sein de certaines équipes, notamment le top 4, à l'image du PSG. Il devient dès lors un parcours du combattant pour prouver de quoi on est capable. Il faut donc faire le choix, parfois bien malgré soi mais décisif pour continuer à évoluer, celui de partir ailleurs. En marge du match de Rodez face au PSG, nous sommes donc allés à la rencontre d'une de ces joueuses qui a dû se faire à cette idée pour avoir plus de temps de jeu, progresser dans sa carrière et apporter un soutien à son équipe sur le terrain, Cathy Couturier. Interview.

 


Une rencontre particulière pour toi avec Rodez, face à ton ancien club du PSG ?
Oui exactement, c'est le club où j'ai fait ma formation. Depuis 2012 j'étais au Paris Saint-Germain donc demain c'est l'occasion de montrer les choses que j'ai acquises, et comment j'ai évolué depuis mon départ.

Tu as fais tes gammes dans des clubs en région parisienne, même si tu es de l'Oise, tu savais que tu voulais jouer au football à un haut niveau ?
Oui c'est ça, c'est pour ça que j'ai demandé à être prêtée [à Rodez]. J'étais consciente que mon temps de jeu n'allait pas être conséquent à Paris. J'ai préféré m'éloigner un peu pour essayer de gagner du temps de jeu ailleurs.

Après les U19, c'était difficile pour toi de rester au PSG, face à la concurrence, Rodez s'était une solution capitale pour toi pour continuer à jouer ?
Oui je savais que passer l'année internationale [en sélection], j'allais progresser aux entraînements, en terme de qualité de jeu et tout ce qui s'en suit. Maintenant au niveau des matchs, j'aurai pu avoir quelques entrées avec Patrice Lair, mais mon objectif c'était d'acquérir un bon temps de jeu et c'était pas forcément à Paris que j'aurai pu l'avoir.

 


 

 

En 2014/2015 tu fais deux apparitions en D1, ça a été difficile de t'y faire ta place ?
Oui c'est ça après face à des internationales, il faut rester consciente qu'être à leur place c'est pas évident. Tu peux rentrer quand voilà c'est un petit match ou quand il leur faut du repos. Maintenant je sais très bien que j'ai encore du temps devant moi, je suis jeune, j'attend qu'une chose, c'est un jour, de retrouver une grosse structure et montrer que moi aussi je suis capable d'être une de ces personnes là.

C'était quand même une saison compliquée pour toi, même en U19 ? Tu parviens à sortir la tête de l'eau juste après, tu as puisé dans tes ressources ? Ton but c'était l'équipe de France à ce moment là ?
Non j'ai joué tous les matchs en U19 [en 2014/2015]. La saison dernière avec Paris, j'ai commencé à faire plus d'efforts. Avec l'Euro, on commençait à avoir un bon groupe [au PSG] et j'ai eu mes chances avec Gilles Eyquem. C'était vraiment l'objectif de faire l'Euro, d'avoir du temps de jeu, ce qui a été le cas et par la suite intégrer le groupe U20 pour la Coupe du Monde. J'ai eu cette chance d'aller en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'objectif c'était surtout l'Euro, que j'ai pu faire et j'en suis fière.

 

"Sur le coup on se dit c'est difficile"

 

Çà a été difficile de te faire ta place dans l'effectif U20, au sein du groupe qui jouait à la Coupe du Monde ?
Oui, à la Coupe du Monde j'ai pas forcément eu du temps de jeu, j'ai fait une apparition à la fin d'un match [face à la Nouvelle-Zélande]. Sur le coup on se dit c'est difficile. Mais après le plus important dans une compétition comme celle-ci c'est d'être là pour le groupe, mentalement, apporter ce qu'on peut dans la vie du groupe, aux entraînements, lors des matchs, apporter tout le soutien dont elles ont besoin dans les moments les plus difficiles. Après honnêtement c'est quelque chose d'inoubliable de participer à une compétition comme celle-ci. N'importe qui souhaiterait avoir cette chance donc je dirais que sur ce point là, j'ai pas à me plaindre malgré un temps de jeu quasiment nul.

 

Comment on fait pour s'y faire, de rester sur le banc alors qu'on a tant à prouver ?

Oui bien sûr c'est délicat, après ce sont les choix du coach, on peut pas se mettre sur le terrain automatiquement sans que le coach le décide. Après on en ressort toujours un peu plus forte. En plus, on a fait un beau parcours, arriver en finale, c'est quelque chose d'énorme. C'est pas seulement les onze, qui sont allées en finale mais l'ensemble du groupe, du staff technique et médical.

On a vu aussi qu'en U19, vous aviez raté le coche de peu face à Lyon en 2015, avant de prendre votre revanche en 2016, c'était un moment intense pour toi ?
Oui, c'est ça exactement la saison 2014/2015 face à Lyon au Mans, on avait perdu d'un but, on était passée totalement à côté et quand on s'est réveillée, les lyonnaises ont su "maintenir leur cap". Maintenant c'est qu'une finale j'ai envie de dire, surtout en U19, on a eu d'autres matchs et d'autres occasions de les battre. Ça a été le cas l'année dernière et on était contente d'avoir gagné face à Lyon.

Qu'est-ce que tu te dis dans ces moments un peu plus compliqué, quand on joue peu, comment on fait pour garder le cap dans sa tête ?
Honnêtement c'est un peu difficile sur le coup. Après en D1 [avec le PSG] ou comme en équipe de France U20, je me suis dit que je suis encore jeune, j'ai le temps de progresser, si je suis dans le groupe c'est que j'ai déjà des qualités. Maintenant c'était peut être pas mon tour, mais quand ça sera le cas, ça sera à moi de démontrer et aujourd'hui à Rodez c'est ce que je suis entrain de faire.

On a l'impression aussi qu'il y avait plus de concurrence en U19 au final, et qu'en D1 les places sont prises par des titulaires indiscutables, faut prendre son mal en patience et tenter de tirer son épingle du jeu chez les jeunes ?

Oui c'est ça mais en D1 je dirais que les places sont "attitrées". Après c'est parce qu'elles ont prouvé qu'elles étaient capables de figurer dans le onze de départ. Maintenant en U19, je dirais qu'il y avait toujours un "onze de départ" mais on était plus amené à changer, et essayer d'autres joueuses pour voir ceux qu'elles valent.

Là avec Rodez [9ème] vous êtes dans une position assez difficile comment vous voyez la seconde partie de saison ?
Non je dirais pas qu'on est en position difficile, on est un club qui joue le maintien comme toutes les années. Elles ont terminé 5ème la saison dernière, donc c'est une bonne équipe de D1. Là c'est plus compliqué avec la concurrence, les nouveaux clubs, mais on va tenter de continuer d'avancer, et d'aller le plus loin possible en Coupe de France aussi. Maintenant on progresse ensemble collectivement, c'était difficile en début de saison de s'intégrer au groupe, même si les joueuses m'ont vraiment mis à l'aise dès mon arrivée. On essaye de créer les automatismes entre nous, pour faire une meilleure seconde partie de saison.

Y'a une joueuse en particulier qui t'as aidé au PSG, qui t'as épaulé on va dire en tant que plus expérimentée à jeune ?
Oui y'avait Sabrina Delannoy, qui me poussait et qui me donnait des conseils. Tout comme Laure Boulleau ou Marie-Laure Delie, qui me disaient que : "t'es jeune tu progresseras". Ça m'a aidé à relativiser et de me dire que je devais continuer. Elles m'ont dit aussi que "t'es capable de gérer un peu la position des autres" d'assurer un peu ton poste et aussi gagner la confiance des autres joueuses.

Elles te disaient quoi pour t'encourager, qu'il fallait que tu t'accroches ?

Oui c'est ça, y'avait aussi Jessica Houara. Honnêtement pour moi c'est plutôt Sabrina Delannoy et Jessica Houara, souvent même en dehors du terrain, dans le vestiaire, elles venaient me parler, me donner des conseils, même si les coachs sont difficiles, c'est normal, c'était l'exigence requise. On avait les qualités, si on était là, faut prouver qu'on à sa place, fallait pas avoir d'hésitation. C'est pas parce qu'on était plusieurs qu'on pouvait pas commencer sur le terrain l'une ou l'autre. Elles me disaient de dire les choses, de pas hésiter à ce propos parce que je suis à un poste où je vois tout le terrain, il fallait vraiment que j'impose mes qualités d'un défenseur central ou d'un 6. Fallait pas que j'hésite à gérer les joueuses, à les rappeler, que je prenne confiance dans mon jeu, pleins de petits mots comme ça qui rassurent et qui font du bien au mental.

 

 

Toi tu évolues au poste de défenseur central, mais on a vu qu'en U19, tu jouais également au milieu de terrain ?

Oui, exact, c'est ça. Après je préfère jouer 6, défenseur central. C'est un poste assez "défensif" mais on peut quand même être amenée à apporter offensivement. J'ai eu la chance de côtoyer des entraîneurs qui m'ont appris à jouer arrière centrale, ça peut toujours servir je dirais. C'est le cas actuellement [avec Rodez] et à l'Euro U19 aussi, j'ai fait des apparitions en tant qu'arrière centrale également donc j'ai eu la chance de jouer ce poste.

Là l'objectif demain, c'est forcément de faire mieux qu'à l'aller, où vous avez encaissé 4 buts. Vous l'appréhendez comment ce match ?

Exactement, oui. A Charlety, on rentre au vestiaire en première mi-temps avec seulement un but d'encaissé sur coup de pied arrêté (Katoto 24'). Après je pense que l'ensemble de l'équipe à lâché peut être un peu physiquement. On a pris deux buts sur quatre, sur coup de pied arrêté donc c'est quelque chose qu'on tient à corriger et on a travaillé à l’entraînement ce point. Maintenant on est à domicile on est chez nous (la saison dernière le match avait accueilli 3000 spectateurs) donc on fera de notre mieux et on ira chercher le meilleur résultat possible.

On a vu aussi que plus les matchs avec Rodez passés, et plus le coach t'attribuait de temps de jeu, où tu as été titulaire lors des trois dernières rencontres ?
Oui, c'est à mon retour de Coupe du Monde que j'ai pris plus d'assurance et où j'ai commencé à avoir ma place de titulaire à Rodez. J'ai dû faire mes preuves et j'espère que ça va continuer dans ce sens.

Toi ton objectif personnel aujourd'hui, c'est de retrouver l'équipe de France, sachant qu'en jeune c'est terminé ?

Oui exact, j'ai encore le temps, j'ai que 20 ans, maintenant c'est sûr que l'âge ça compte pas trop mais faut que j'apprenne encore à tenir le match, à acquérir de l'expérience et j'espère qu'un jour je ferais partie de l'équipe de France A.

 

Photos : Mica GB M PhootoRafettes & UEFA
Dounia MESLI